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La victoire est en lui

Eurosport
ParEurosport

Publié 20/03/2010 à 21:23 GMT+1

Discret avant Milan-Sanremo, Oscar Freire a néanmoins réglé son compte à tout le monde samedi pour signer sa troisième victoire dans la Primavera. L'Espagnol, déjà triple champion du monde, possède tout simplement un des plus beaux palmarès du cyclisme actuel. Discret, mais tellement efficace.

2010 Milan Sanremo Oscar Freire (Rabobank)

Crédit: AFP

Les Américains appellent ça un "silent killer". Un tueur silencieux. Il parle peu. Ne fait pas de bruit. Cherche à se faire oublier. Pour mieux surgir. Mieux surprendre. Mieux tuer. Evidemment, quand il s'agit de sport, le crime est virtuel. Mais cette image correspond bien néanmoins à Oscar Freire. Sans focaliser l'attention, l'Espagnol avait une fois encore parfaitement préparé son coup sur ce Milan-Sanremo, qu'il a remporté samedi pour la troisième fois de sa carrière. Le crime parfait.
C'est vrai, les jours précédant la course, on avait davantage parlé d'Evdald Boasson Hagen, le prodige norvégien, de Tom Boonen, en quête de sa première victoire à Sanremo, ou des Italiens, Pozzato, Bennati et Petacchi. "On ne m'avait pas mis dans le lot des favoris", a-t-il noté dans un grand sourire après son triomphe samedi. Il ne s'en est pas offusqué. Au contraire. Il ne demandait pas mieux. D'autant qu'il exagère un peu, l'ami Oscar. Personne ne l'avait écarté de la liste des prétendants. On n'écarte pas d'un revers de main un champion de sa trempe, qui a toujours fini parmi les huit premiers dans cette épreuve. Mark Cavendish, par exemple, avouait qu'il le craignait beaucoup.
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2010 Milan Sanremo Oscar Freire (Rabobank)

Crédit: Reuters

"J'ai toujours eu cette mentalité de vainqueur"
Avec raison. Car Freire masque derrière un sourire affable et une personnalité discrète un instinct de prédateur. "Cette mentalité de vainqueur, raconte-t-il, je l'ai depuis que je suis tout petit. Les premières années chez les pros, j'ai connu des moments difficiles à cause de problèmes physiques mais j'ai toujours eu cette mentalité de vainqueur." Mais il est vrai que depuis ses trois victoires en Espagne lors du Challenge de Majorque et la Ruta del Sol, le mois dernier, Freire s'était montré assez discret, notamment la semaine dernière lors de Tirreno-Adriatico. Ce n'était pourtant pas une question de forme. Juste de stratégie. "Dans Tirreno, je n'ai pas disputé les sprints. Je n'ai pas voulu prendre de risques et je savais que j'étais en bonne condition. La course importante, c'était Milan-Sanremo", rappelle-t-il. Se faire oublier pour mieux assommer la concurrence. Toujours. Mais le résultat est là: "C'est le cinquième sprint que je dispute cette saison et c'est ma quatrième victoire."
Et quel sprint. Le natif de Torrelavega a mis une claque à tous ses rivaux. Tom Boonen, son dauphin, n'a même pas pu contester sa victoire. "Il m'a pris deux longueurs, il était très fort", admet le champion de Belgique. La suite, c'est le vainqueur qui la raconte: "Il y a toujours le risque de se retrouver bloqué, comme ça m'était arrivé il y a deux ans. Mais là, j'étais parfaitement placé. J'ai pris la bonne roue, celle de Bennati. J'étais très confiant. Bennati a lancé le sprint, mais il n'avait pas les jambes à mon avis." Cette troisième victoire à Sanremo, c'est celle du calme et de l'intelligence. Freire a réussi la course parfaite. Toujours bien placé, il ne perd pas un gramme d'énergie inutilement en sept heures de selle. Et quand la course devient nerveuse, il ne s'affole jamais. "Pour moi, la seule façon de gagner cette course, c'est d'avoir un sprint à la fin, explique l'Espagnol. Il y a toujours beaucoup d'attaques dans les 20 derniers kilomètres, mais il y a aussi beaucoup de sprinters qui veulent revenir. Je savais qu'une équipe comme Liquigas ne laisserait pas partir Gilbert ou Pozzato. J'ai tiré avantage de la situation."
Il rempilera en 2011
Avec la discrétion qui lui sied si bien, Oscar Freire vient mine de rien de faire un pas de plus dans l'histoire du cyclisme. Son statut de triple champion du monde lui conférait déjà une place à part. Mais avec trois victoires dans la Primavera, il franchit un cap supplémentaire. D'autant que son palmarès ne s'arrête pas là. Il n'a jamais été un coureur à 25 victoires par saison, comme le fut Petacchi, ou comme l'est Cavendish aujourd'hui. Mais il frappe juste. "Ce qu'on attend d'un coureur comme moi, c'est qu'il gagne une course de ce genre, une classique", confie-t-il.
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2010 Milano-Sanremo Boonen Freire Petacchi

Crédit: Eurosport

Pourtant, malgré sa carte de visite, il ne jouit pas dans son pays d'une popularité égale à celle d'un Contador ou même d'un Valverde. Peut-être parce qu'il n'entre pas dans la lignée des grands champions espagnols traditionnels, le plus souvent grimpeurs, et davantage attirés par le Tour et la Vuelta que par les classiques. Peut-être, aussi, paie-t-il son exil chez Rabobank en 2003. Mais il a trouvé aux Pays-Bas une équipe qui lui convenait à merveille. "Il n'y a pas beaucoup d'équipes avec un sponsor pareil, aussi fort, estime-t-il. C'est très important pour un coureur d'avoir cette sécurité. Je ne suis pas quelqu'un qui change d'équipe chaque année, on le sait. Je leur ai donné de nombreuses victoires. Entre nous, la confiance est réciproque." Elle ne risque pas de s'éteindre après cette nouvelle victoire. Et ce n'est pas fini puisque le héros de Sanremo a annoncé qu'il allait rempiler pour une dernière saison, en 2011. Dans un an, il sera sans doute candidat à une quatrième victoire. Mais chut, ne le dites pas trop fort.
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