Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Démare, héros du printemps plus que star de l'été ?

Benoît Vittek

Mis à jour 16/03/2018 à 09:54 GMT+1

MILAN-SANREMO - Pas tout à fait expert de la dernière ligne droite, Arnaud Démare (Groupama-FDJ) retrouve sur les classiques du printemps le terrain de jeu où il semble le plus en mesure de se faire plaisir. Et de triompher, comme il l'avait fait sur la Primavera en 2016.

Arnaud Démare (FDJ) - Paris-Nice

Crédit: Getty Images

"On n’est pas tous des Peter Sagan." C’est Arnaud Démare (Groupama-FDJ) qui le dit, en référence à l’explosion exceptionnellement précoce du talent slovaque. Et, s’il s’est lui aussi distingué très jeune, le champion de France n’a évidemment pas tort. Il n’y a qu’un Peter Sagan, parfois agaçant, souvent excitant, et surtout bourré de talent comme personne parmi ses contemporains. Mais Arnaud Démare épouse tout de même l’une des innombrables dimensions qui, conjuguées, font du Slovaque un champion unique : il est de ces hommes rapides qui aiment une course enlevée, ces hommes d’un jour (ou deux, ou trois…) dont on se demande souvent s’ils sont plus routiers que sprinteurs (ou l’inverse).
Plutôt que de maltraiter des mouches en tentant de définir les cases dans lesquelles chaque coureur doit s’insérer, il suffit parfois d’écouter ce que ces champions ont à dire d’eux-mêmes et de leur sport. On n’est pas obligé de croire Sagan lorsqu’il dit qu’il n’aimerait pas gagner Milan-Sanremo avec la manière dont Michal Kwiatkowski a triomphé l’an dernier (ces déclarations sentent pas mal l’intox et un peu la frustration mal digérée). On peut en revanche facilement adhérer à l’ode aux flandriennes délivrée par Arnaud Démare à l’issue du week-end d’ouverture, fin février en Belgique :
J’aime Omloop Het Nieuwsblad, j’aime Kuurne. Quand vous êtes déjà à la bagarre à 100 kilomètres de l’arrivée, j’aime cette façon de courir, même si je suis un sprinteur. J’aime être à l’attaque. J’adore ces courses.

Au royaume des sprinteurs, Démare n'est même pas prince

À Kuurne, le champion de France venait pourtant de se prendre une petite fessée par Dylan Groenewegen (Lotto NL - Jumbo). Bien calé dans la roue de Démare, le Néerlandais transpirait la facilité au moment de voler vers la victoire et de coller plus d’une longueur au Français, qu’on avait vu à l’avant de la course après un franchissement du difficile Vieux Quaremont.
picture

Groenewegen n'a fait qu'une bouchée de Démare pour s'offrir Kuurne-Bruxelles-Kuurne

À 24 ans, Groenewegen n’incarne pas seulement l’avenir du sprint, comme Arnaud Démare le faisait il y a quelques années. Vainqueur sur les Champs-Élysées l’été dernier, déjà auréolé de cinq succès cette année, il est le présent dans les dernières lignes droites. Plus que Démare ne l’a jamais été. Groenewegen l’a encore montré une semaine plus tard : vainqueur, à Vierzon, de la 2e étape de Paris-Nice tandis que le champion de France prenait la cinquième place de ce sprint.
Quand les grosses cuisses ont tout le loisir d’exprimer leur puissance, Démare bute en seconde ligne. Il a rapidement accumulé les succès à son passage en pro. Sa victoire à seulement 20 ans sur la Cyclassics de Hambourg lui permet de se targuer lui aussi d’un record de précocité. Mais il frappe relativement peu en World Tour (neuf victoires sur ses 48 succès pros), et il lui faut désormais des circonstances particulières pour sortir vainqueur lorsqu’il y a embouteillage de cadors dans la dernière ligne droite.

Parmi les chasseurs de classiques, il devient un grand prétendant

Sur le Tour de France, Arnaud Démare a ainsi attendu sa troisième participation pour lever les bras… après le sprint très houleux de Vittel. Une collègue belge me chambrait encore le mois dernier, à Abou Dabi, sur le thème : "Tout le monde s’est concentré sur Sagan et Cavendish, mais c'est Démare qui doit être exclu dans ce sprint". Ça change du précédent refrain jusqu’alors repris contre Démare, celui s’appuyant sur les accusations de triche dans sa conquête victorieuse de Milan-Sanremo, en 2016.
Cette saison, son seul succès a été décroché face à un joli plateau, à Paris-Nice, mais au sommet d’une jolie bosse qui avait condamné de nombreux sprinteurs, même les plus résistants comme Kristoff ou Degenkolb. S'arracher pour s'imposer d'un cheveu à la photo finish face à Izagirre, Laporte et Wellens, ça n'a peut-être pas autant de gueule que le casting 5 étoiles des sprinteurs qui se promenaient au Moyen-Orient. Mais ça me fait bien plus frissonner, et l'émotion de Démare à l'arrivée en disait également long.
Les dernières saisons l’ont vu plafonner dans l’exercice du sprint pur ? L'avancée vers la maturité dessine en revanche une belle progression sur les classiques. L’an dernier, pas de succès majeur dans cet exercice, mais deux belles prestations à Sanremo, encore, et sur les pavés de Roubaix (sixième à chaque fois) l’ont définitivement installé dans le premier cercle des prétendants sur les plus belles courses d’un jour. Un statut auquel il ne peut plus prétendre sur les emballages massifs des grandes épreuves par étapes. Surtout si, comme sur les derniers Tour de France et Paris-Nice, il abandonne régulièrement avant le dernier jour de course.
"J’ai 26 ans, j’encaisse bien les charges de travail, je récupère bien et je sais que j’ai bien progressé là-dessus en 2017", promettait-il cet hiver avant de se donner le temps du succès : "Il n’y a pas de règle. Greg Van Avermaet a explosé à 29-30 ans.” Mais, même si son attention s’est (un peu) détournée des dernières lignes droites, Démare reste un homme bien plus pressé que le champion olympique belge, vainqueur de son premier Monument l'an dernier à 30 ans passés. Le Français en compte déjà un à son palmarès, la Classicissima, celle-là même qu'il retrouve ce samedi.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité