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Cyclisme : le coronavirus a défait Milan-Sanremo et le printemps, le peloton dans l'incertitude

Benoît Vittek

Mis à jour 22/03/2020 à 01:44 GMT+1

Pour la première fois depuis 1945, Milan-Sanremo ne vient pas lancer le printemps cycliste, emporté par la pandémie de Covid-19. Pendant que le peloton plonge dans l'incertitude, les organisateurs affichent leur volontarisme en anticipant une reprise des compétitions en juin et un nouveau calendrier pour l'automne.

Milan - San Remo 2019

Crédit: Getty Images

Jeudi 27 février, il est 21h à Aigle, siège suisse de l’Union cycliste internationale, lorsque le monde du vélo se retrouve directement confronté à l’épidémie de coronavirus. Un prestataire de l’instance dirigeante m’appelle :
"- Benoît, tu es aux Émirats ?
- Non, pas cette fois !
- Ah… L’UCI m’a appelé. Ils ont vu sur Twitter que la course était arrêtée à cause du virus mais on n’arrive pas à joindre l’organisation. Tu peux voir ce que tu trouves de ton côté et me tenir au courant ?"
L’UAE Tour n’est alors pas la première course frappée par ce qui allait devenir une pandémie se propageant dans toutes les régions du monde (en Chine, le report du Tour of Hainan a été annoncé dès la fin janvier, même si l’île sur laquelle il se dispute est restée relativement en marge de l’épidémie). Ce ne sera pas la dernière.
À cet instant, le scoop vient du média espagnol Marca, dont le journaliste se filme dans le hall de l’hôtel de course à Abou Dhabi. Il annonce, sans trop de précisions, que la course vient d’être arrêtée, à deux jours de son terme prévu. Un contact sur place me dit que l’organisation a demandé à tous les participants de rester confinés dans leurs chambres depuis quelques heures.
Adam Yates est ensuite proclamé vainqueur d’une course tronquée. Tout le monde est testé et certaines équipes, notamment Cofidis et la Groupama-FDJ, se retrouvent en quarantaine forcée dans le Golfe. Le triste feuilleton des annulations de course est lancé.

Les optimistes visent le Dauphiné

En charge de l’UAE Tour, RCS Sport sent déjà le souffle de l’épidémie menacer ses grands événements italiens, à commencer par les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Milan-Sanremo en mars. Plusieurs membres de l’organisation de ces épreuves sont mobilisés sur le front émirati, mais c’est la propagation du virus en Italie qui impose le report de ces courses. Depuis la première en 1907, seules trois éditions de Milan-Sanremo ont été annulées : en 1916, 1944 et 1945.
Amaury Sport Organisation (Paris-Roubaix, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Tour de France...) a résisté avec un Paris-Nice finalement raccourci d’une étape et progressivement déserté par une bonne part de ses participants et l’essentiel du public, alors que la France entrait dans le confinement. "Il y avait une incertitude très désagréable, nous a expliqué Frederik Backaert (B&B Hotels-Vital Concept), au moment de nous décrire son confinement flandrien. Et puis, sans spectateurs, ce n’est plus le cyclisme."
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Nairo Quintana (Arkéa-Samsic) lors de la 7e étape de Paris-Nice 2020

Crédit: Getty Images

Depuis, l’UCI a raccroché les roues et elle s’efforce de prendre la tête du peloton d’organisateurs mobilisés pour sauver ce qui peut encore l’être. Le président David Lappartient a suspendu les compétitions au moins jusqu’à la fin avril. Plusieurs épreuves prévues au-delà de cette échéance ont déjà annoncé leur report, à commencer par la grande fête rose de mai, le Giro d’Italia.
Les optimistes espèrent un retour des compétitions pour les beaux jours européens, autour du Dauphiné (prévu du 31 mai au 7 juin). Les équipes du Tour de France et de la Vuelta s’inquiètent, mais elles se préparent à tenir leurs événements en juillet et en août, en espérant que la pandémie aura été contenue et que la vie sportive aura repris ses droits.
Le mois de juillet, habituellement écrasé par le Tour, peut permettre de recaser d’autres événements. Et les organisateurs de classiques tentent de dessiner une nouvelle campagne d’épreuves cet automne, l’UCI se préparant à prolonger la saison de deux semaines, jusqu’au 1er novembre au lieu de la mi-octobre.
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Priorité aux Grands Tours et aux Monuments

Court, moyen et long termes : toutes les certitudes ont volé en éclats. Pendant que Chris Froome se régale sur ses terres sud-africaines, les athlètes confinés n’ont plus les mêmes moyens de sortir. Et personne ne sait vraiment pourquoi il s’entraîne. C’est particulièrement préoccupant pour les coureurs en fin de contrat, qui ignorent quelles occasions ils auront de se mettre en valeur pour prolonger leur présence dans les pelotons.
Chez les organisateurs, certains, comme le Tour de Romandie, ont déjà donné rendez-vous en 2021. D'autres épreuves risquent de mourir si elles sont privées cette année des ressources que leur apportent leurs partenaires chaque année. "Reporté mon cul. Dites adieu au Giro 2020", pestait une source très proche de l’organisation la semaine dernière. Mais RCS Sport se veut volontariste, et espère bien trouver une nouvelle place pour ses événements WorldTour d’ici la fin de l’année.
Le président de l’UCI David Lappartient a dessiné des pistes auprès de France Télévisions : "Un Giro délocalisé, sans doute redessiné aussi, et peut-être pas sur la même durée." Les Grands Tours et les Monuments auront en tout cas la priorité dans le calendrier adapté. Le printemps est mort, vive l’automne ?
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