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Milan-Sanremo - Philippe Gilbert et le cinquième Monument

Christophe Gaudot

Mis à jour 08/08/2020 à 11:44 GMT+2

MILAN-SANREMO - Ce samedi, Philippe Gilbert tentera pour la première fois de compléter sa collection avec un cinquième Monument. Cette quête, dans laquelle il s'est lancé depuis 2018, va rythmer la fin de sa carrière et pourrait bien le couronner légende de son sport.

Philippe Gilbert (Lotto-Soudal)

Crédit: Getty Images

Quand début 2018, Philippe Gilbert a lancé son slogan "Strive for five" (littéralement se battre pour les cinq) - bien aidé en cela par la toujours inspirée Deceuninck-Quick Step -, ils étaient nombreux à sourire. Jamais le Belge, vainqueur l'année précédente de son troisième Monument, le Tour des Flandres, ne parviendrait à compléter sa collection avec les deux derniers qui lui manquaient. Milan-Sanremo ? Peut-être. Paris-Roubaix ? Jamais ! Nous voilà deux ans et demi plus tard et la Primavera est le dernier défi de l'immense carrière de Gilbert après son sublime sacre dans l'Enfer du Nord 2019.
"C'est une grande motivation pour moi. Même si c'est un rêve un peu fou, cela me semble possible", expliquait à l'époque le Belge. Les cinq Monuments cyclistes exercent sur leurs prétendants une attirance unique. Leur ancienneté et plus encore leur histoire leur confèrent une place à part. Remporter Milan-Sanremo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège ou le Tour de Lombardie, c'est déjà entrer dans une caste. Demandez-donc à Arnaud Démare (Sanremo 2016), Thibaut Pinot (Lombardie 2018) ou Julian Alaphilippe (Sanremo 2019), s'ils n'ont pas eu l'impression de devenir un autre coureur avec leur succès. Interrogez aussi Peter Sagan sur sa frustration quand il les manquait toujours d'un rien et vous comprendrez l'aura qui est la leur.

Merckx, Van Looy et De Vlaeminck dans le viseur de Gilbert

Avec ses quatre Monuments, Gilbert côtoie les Kelly, de Bruyne, Kuiper, Bobet et Derycke. Du beau monde mais à 38 ans, il veut plus. Son but, rejoindre Merckx, De Vlaeminck et Van Looy dans la légende. Trois Belges, tous coureurs entre les années 50 et 70. Depuis, la quête ultime des cinq Monuments se refuse à ses prétendants. Qu'ils se nomment Hinault, Tchmil, Tafi, Bartoli, Bettini ou Cancellara (trois Monuments remportés).
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Eddy Merckx, Milano-Sanremo, 1971

Crédit: Getty Images

"C’est presque un challenge impossible et puis Milan-San Remo ce n’est pas sa course, on le sait", a tempéré pour la RTBF Patrick Lefévère, manager de Gilbert chez Deceuninck-Quick Step avant son départ chez Lotto Soudal à l'intersaison. Pas sa course ? Ce n'est pas tout à fait exact puisque Gilbert y a glané deux podiums (3e en 2008 et 2011). Mais 2011 c'est aussi son dernier top 10 sur la Primavera. Récemment devenu, ou redevenu, c'est selon, flandrien, le champion du monde 2012 a perdu en punch ce qu'il a gagné en puissance. Et le punch est un ingrédient nécessaire à une victoire à Sanremo quand vous n'êtes pas un sprinteur de classe mondiale.
"Avec Philippe on ne sait jamais ce qui peut arriver, poursuit Lefévère. Il connaît son corps mieux que personne, on ne doit plus rien lui apprendre. Si les circonstances de la course sont bonnes pour lui, il peut gagner." Les circonstances justement, quelles sont elles ? Un parcours allongé de cinq kilomètres et un tracé modifié avec le Colle di Nava ajouté à 70 bornes de l'arrivée, déjà. Mais surtout, une saisonnalité différente et six coureurs seulement par équipes.
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Sagan, Alaphilippe ou Froome : qui gagne le plus d'argent dans le peloton ?

Les coureurs sont dans l'inconnu, ça peut favoriser les expérimentés
"Tout le monde pense que Milan-Sanremo est difficile mais en fait c'est l'une des courses où on développe le moins de puissance. Ce qui est compliqué c'est d'être concentré pendant sept heures, éclaire Fred Grappe, directeur de la performance de la Groupama-FDJ qui aura une belle carte à jouer avec Arnaud Démare. C'est l'environnement qui va changer les choses. Une grosse chaleur sur Milan-Sanremo, ça n'arrive jamais. Quelqu'un qui s'hydraterait mal…" De côté-là, rien à craindre pour Gilbert. Il a l'expérience du haut de ses 50 Monuments disputés. Et cerise sur le gâteau, il aime la chaleur.
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Philippe Gilbert, vainqueur de Paris-Roubaix.

Crédit: Getty Images

"Il y aura quand même plus de certitudes pour des coureurs majeurs, avance Jean-Baptiste Quiclet, entraîneur chez Ag2r-La Mondiale. Les coureurs sont dans l'inconnu, ça peut favoriser les expérimentés." Ajoutez à cela des équipes réduites de sept à six coureurs donc et vous obtenez un Milan-Sanremo qui sera d'autant plus difficile à cadenasser pour les sprinteurs. Reste à Philippe Gilbert d'être le plus fort parmi la cohorte de prétendants à la victoire en solitaire ou dans un petit groupe (Alaphilippe, Naesen, Sagan, Van Aert, Kwiatkowski, Nibali, Van Avermaet…). Pas gagné mais loin d'être improbable au vu de l'immense pedigree d'un coureur qui peut devenir légende.
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