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Remporter les 5 Monuments reste-t-il un rêve impossible ? Tadej Pogacar et Wout Van Aert ont peut-être la réponse

Christophe Gaudot

Mis à jour 17/03/2022 à 11:42 GMT+1

MILAN-SANREMO - Ce samedi débute la saison des Monuments. De Milan-Sanremo au Tour de Lombardie en passant par celui des Flandres, Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège, le quintet exerce toujours une fascination supplémentaire sur les coureurs. Tous les remporter est un fantasme. Mais pour certains, il pourrait bien s'agir d'un objectif raisonnable.

Julian Alaphilippe, Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel, Wout Van Aert et Egan Bernal

Crédit: Getty Images

Samedi soir, nous saurons. Nous saurons si Philippe Gilbert aura atteint ou non son but ultime : remporter les cinq Monuments. Le Belge est à quatre depuis trois ans maintenant et son magnifique succès sur Paris-Roubaix. Avouons-le, voir Gilbert compléter cette collection samedi serait autant un exploit historique qu'une monumentale surprise. Pourtant, à la faveur d'une évolution des profils des coureurs, nous sommes en droit de nous demander si le peloton actuel n'est pas plus proche que jamais de faire ce qu'ont réussi Eddy Merckx, Roger De Vlaeminck et Rik Van Looy dans les années 50, 60 et 70.
Maître dans l'art d'aligner les victoires partout, tout le temps, le grand Eddy compte pas moins de 19 Monuments à son palmarès. Dans le détail, 7 Milan-Sanremo, 2 Tour des Flandres, 3 Paris-Roubaix, 5 Liège-Bastogne-Liège et 2 Tour de Lombardie. On n'en demandera pas tant à ses lointains descendants. D'ailleurs, si De Vlaeminck possède aussi une sacrée collection (11), Van Looy (8) et lui n'ont pas la double couronne partout. Ils n'en restent pas moins légendaires et depuis l'ultime succès de Merckx sur un Monument, en 1976, 46 ans ont passé et personne n'a réédité l'exploit.

Gilbert, le crève-coeur de Sanremo

Pour n'évoquer que ceux qui sont passés après le trio belge, trois coureurs ont buté sur le quintuplé. Il a manqué le Tour des Flandres à un Sean Kelly pourtant trois fois deuxième, Liège-Bastogne-Liège à Hennie Kuiper, dauphin de Bernard Hinault en 1980 et Milan-Sanremo à Philippe Gilbert malgré deux podiums. Trois hommes en près d'un demi-siècle, ça ne fait pas bien lourd. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi la nouvelle génération pourrait-elle faire mieux que ses devancières récentes ?
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2011 Milan-Sanremo Philippe Gilbert

Crédit: AFP

Franck Alaphilippe, l'entraîneur de vous-savez-qui, juge possible un succès sur les cinq Monuments de nos jours. "On remarque que les très bons coureurs sont vraiment complets. Ils ne sont pas à mettre dans une case, que ce soir grimpeur, sprinteur ou rouleur." Un constat partagé par Bernard Hinault. Le quintuple vainqueur du Tour de France et lauréat de trois Monuments (5 succès au total), se réjouit de revoir des coureurs présents tout au long de la saison. "Il y a dix ans les coureurs étaient spécialisés pour faire Paris-Roubaix ou Liège-Bastogne-Liège mais ils ne faisaient pas tout", regrette-t-il.
Comment faire alors pour rivaliser sur les pavés du Nord de la France mais aussi sur les côtes à forts pourcentages des Ardennes belges ou de Lombardie ? Faire comme Philippe Gilbert et évoluer physiquement ? Le puncheur belge du début des années 2010 est devenu, quelques années plus tard, plus lourd pour briller sur les pavés. Avec bonheur puisqu'il a remporté le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

Paris-Roubaix, la clé de voûte

"La course la plus spécifique c'est quand même Paris-Roubaix, rappelle Franck Alaphilippe. Les pavés demandent une certaine agilité, une certaine maîtrise. Le poids reste quand même important sur les pavés de Paris-Roubaix. Je n'ai pas fait les comptes mais les vainqueurs doivent faire tous faire au-dessus des 70 kgs ces dernières années". Il a raison et on pourrait même dire qu'avoisiner les 75 kgs n'est pas loin d'être une condition sine qua non pour lever les bras dans le Vélodrome de Roubaix.
En va-t-il de même pour le Tour des Flandres ? Après tout, les deux jumelles de pavés sont liées. La donne change sur le Ronde. La bonne tenue de Julian Alaphilippe ou Alejandro Valverde ces dernières années prouve que le rapport poids-puissance vaut plus que la puissance absolue. Remporter quatre des cinq Monuments serait donc possible pour un puncheur. Reste que premièrement, ce n'est déjà pas si facile, deuxièmement Roubaix demeure un problème pour eux.
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C'était pire que l'Enfer et c'était grand : le résumé d'un Paris-Roubaix épique

La clé se nicherait donc dans un coureur plus lourd, capable de briller sur les pavés, mais aussi fort pour passer les bosses ? Un Wout Van Aert ou un Mathieu van der Poel par exemple ? "Un coureur comme Van Aert pourrait très bien aller chercher tout ça, estime Hinault. Le plus dur pour lui serait peut-être Liège. Et encore vu la condition qu'il a actuellement et la manière dont il grimpe…".

Pogacar ou Van Aert ?

C'est tout le dilemme des cinq Monuments. Trop léger vous êtes hors-jeu pour Roubaix, trop lourd, Liège et la Lombardie deviennent compliqués. Sauf que justement, certains coureurs de la nouvelle génération cassent ces codes. Wout Van Aert a remporté l'étape du Ventoux sur le Tour et un certain Tadej Pogacar brille dès qu'il enfourche son vélo.
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50km d'échappée pour une arrivée en solitaire : revivez la victoire de Pogacar en vidéo

Quand nous avons cherché à avoir l'avis de certains managers sur cette question des 5 Monuments, voilà l'une des réponses que nous avons reçues : "C'est possible pour Pogacar et cela va sans doute arriver. Voilà, j'ai écrit votre article". Les performances du Slovène et son profil de coureur ultra-complet font évidemment beaucoup fantasmer. Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler qu'après Philippe Gilbert, il est, avec ses deux Monuments, celui qui en compte le plus. "On ne connaît pas ses capacités sur les pavés mais quand on voit comment il marche, il n'y a pas à se poser de questions, je pense qu'il est capable de le faire", dit d'ailleurs Bernard Hinault qui avait triomphé de l'Enfer du Nord après avoir longtemps critiqué la course.
Milan-Sanremo pourrait dès ce samedi l'emmener à trois. Est-ce possible ? "C'est la plus ouverte parce qu'elle convient à beaucoup de monde", nuance Alaphilippe. "Elle n'est pas spécialement plus dure à remporter, contre Hinault. Merckx l'a gagnée détaché, il y a des possibilités de sortir pour un coureur". Si "Pogi" venait à s'imposer sur la Via Roma et porter son total à 3, ce fantasme des 5 Monuments reviendra évidemment sur la table. Après tout, il n'a que 23 ans…
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