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Mondiaux - Thomas Voeckler, le cerveau derrière les succès de l'équipe de France et de Julian Alaphilippe

Christophe Gaudot

Mis à jour 27/09/2021 à 22:17 GMT+2

MONDIAUX - Sélectionneur national depuis deux ans et demi, Thomas Voeckler présente un bilan exceptionnel avec deux titres mondiaux mais aussi deux médailles européennes. Le résultat d'un travail acharné, d'une confiance mutuelle avec ses coureurs et d'une ambition débordante.

Thomas Voeckler

Crédit: Getty Images

Le coureur Thomas Voeckler avait ses détracteurs. Plutôt dans le milieu du cyclisme d'ailleurs qu'auprès du grand public qui a vibré pendant ses deux aventures de dix jours en jaune sur le Tour de France, en 2004 mais surtout en 2011 (4e final). Le sélectionneur Thomas Voeckler avait été accueilli avec quelques doutes. Son caractère très affirmé, sa grande gueule, son décalage supposé avec la jeune génération, autant d'arguments employés pour remettre en cause sa nomination. Deux ans plus tard, vous ne trouverez plus personne pour émettre des critiques. Et pour cause, son bilan est exceptionnel. Tout simplement.
Parlons chiffres puisque c'est évidemment la base de tout bilan dans le sport. Ceci permet de se rendre compte de la constance de l'équipe de France au plus haut niveau depuis deux saisons.
Les résultats de l'équipe de France sous Thomas Voeckler
Europe 20199e, Arnaud Démare
Mondiaux 201923e, Tony Gallopin
Europe 20202e, Arnaud Démare
Mondiaux 20201er, Julian Alaphilippe
Jeux Olympiques 20217e, David Gaudu
Europe 20213e, Benoît Cosnefroy
Mondiaux 20211er, Julian Alaphilippe

Avec Voeckler, le fiasco n'existe pas

Thomas Voeckler a pris la charge de la sélection masculine le 30 juin 2019. Cinq semaines avant le championnat d'Europe et trois mois avant les Mondiaux. On ne dira pas qu'il n'avait pas le temps de travailler mais enfin, on lui concèdera que pour mettre en place un état d'esprit, c'est bien peu. Et la suite le prouve d'ailleurs. C'est bien simple, depuis 2020, les Bleus ne se sont jamais ratés complètement, ce qui n'était pas toujours le cas jusque-là. On se rappelle notamment du fiasco des Mondiaux 2016 quand Bernard Bourreau, le sélectionneur d'alors, était parti seul repérer la partie désertique du tracé au Qatar et que c'est précisément là qu'Arnaud Démare et Nacer Bouhanni, co-leaders d'un jour, avaient été pris dans une bordure.
A Imola en 2020 comme à Louvain, l'équipe de France avait un plan. Une stratégie qui a parfois pu surprendre, y compris chez les adversaires, mais qui a fonctionné. La patte Voeckler c'est ça. L'homme se fichait de ce que les autres pouvaient penser quand il était sur le vélo, où il brillait d'ailleurs bien souvent tactiquement, il opère de la même manière dans le rôle du décideur. Par deux fois, Alaphilippe a conclu magnifiquement mais qu'aurait-on dit si en Italie et en Belgique il avait été repris et que donc le titre, et peut-être aussi une médaille, auraient échappé aux Bleus ?
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Je veux que, de l'extérieur, on me prenne pour un fou
Sans doute aurait-on pointé le fait qu'en 2020, les Bleus se sont montrés trop tôt, que faire rouler très fort des équipiers à 70 kilomètres de l'arrivée n'avait pas beaucoup de sens, surtout si c'était pour disparaître dans la foulée. Peut-être aurait-on noté que griller Benoît Cosnefroy très loin de l'arrivée ce dimanche était un non-sens. Mais le résultat a donné raison à Voeckler et mieux encore, il a, à chaque fois, obtenu le plein engagement de ses hommes. Le sélectionneur national est revenu pour L'Équipe sur le briefing de samedi, où il a exposé son plan.
"Ce meeting, samedi soir, a duré deux fois plus de temps que prévu, une heure au lieu de trente minutes car on était tous dans l'échange. J'ai senti des craintes chez certains, quelques appréhensions face à ce que je leur proposais sans doute parce qu'ils ne sont pas habitués à ça dans leurs équipes durant l'année. Je leur ai dit qu'on n'est pas dans un monde de Bisounours. Je veux que, de l'extérieur, on me prenne pour un fou mais que mes coureurs sachent où on va, que chacun sache ce qu'il a à faire à chaque moment de la course."

Un troisième titre le ferait entrer dans l'histoire de l'équipe de France

Obtenir cela de coureurs à qui vous parlez une poignée de fois dans l'année et qui courent pour la première fois ensemble à neuf n'est évidemment pas chose aisée. Mais puisqu'il est charismatique et sincère et qu'il s'appuie sur un leader, Julian Alaphilippe, qui lui ressemble, Voeckler parvient à créer l'alchimie, ingrédient indispensable au succès. Peut-être plus encore que tout le reste, c'est avec son ambition et la confiance qu'il leur porte qu'il emmène ses ouailles.
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Vous l'avez entendu dimanche de la bouche d'Alaphilippe, le plan du boss n'a pas été respecté dans le final. Le nouveau double champion du monde devait suivre les attaques, pas les lancer. "L'instinct" lui a répondu un Voeckler extatique. Est-ce à dire qu'Alaphilippe a eu raison et Voeckler tort ? Oui, et non. Sans la tactique mise en place toute la journée, les offensives d'Alaf' auraient sans doute été vaines. Sans la confiance que Voeckler transmet à son groupe, peut-être qu'une ou deux mauvaises décisions, dans une course sans oreillette, auraient pu tout changer.
Être ambitieux avec Alaphilippe dans ses rangs est plus facile que sans mais sous les ordres de Thomas Voeckler, en trois ans donc, l'équipe de France a glané deux titres mondiaux. Dans l'histoire de la sélection nationale, seul Marcel Bidot (1952-1969) a fait mieux avec trois sacres (Bobet, Darrigade, Stablinski). On doute que l'ancien coureur reste aussi longtemps en poste, "j'ai 42 ans, j'ai dit à au président de la Fédération (Michel Callot) que j'allais arrêter car les mecs vont me faire crever" a-t-il dit à France TV dimanche. En revanche, on l'imagine très bien glaner un troisième titre mondial. Ce qui serait exceptionnel pour le coureur concerné, qu'il s'agisse d'Alaphilippe ou d'un autre, pour lui et pour l'équipe de France que Thomas Voeckler a remis au centre de l'échiquier.
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