La palme pour Kashechkin

Celui-là, c'est un tout bon. On le savait déjà, mais cette 6e étape de Paris-Nice en a offert une nouvelle démonstration. Vainqueur en solitaire sur le front de mer cannois, au terme d'un joli numéro, Andrey Kashechkin a signé son premier succès sous ses nouvelles couleurs. A l'intersaison, il a quitté le Crédit Agricole pour unir son destin à celui d'Alexandre Vinokourov, son grand frère, chez Liberty Seguros. Tant pis pour Roger Legeay, tant mieux pour Manolo Saiz.

Frustré par sa deuxième place dans le prologue dimanche dernier, Kashechkin avait échoué pour une petite seconde derrière Bobby Julich. Plutôt discret depuis, il a profité de sa marge de manoeuvre au général, où il ne constitue plus une menace pour Floyd Landis, pour se glisser dans la bonne échappée. Ensuite, ses jambes ont fait la différence. "Je suis très content de cette victoire. Je voulais faire un test grandeur nature. C'est sympa d'arriver seul comme ça", sourit le vainqueur du jour.

Son succès, Andrey Kashechkin l'a construit dans la dernière difficulté du jour, le col du Tanneron, en partant seul à deux kilomètres du sommet. Il a alors faussé compagnie au reste de l'échappée, avant de rejoindre puis de déposer Evgueny Petrov. Le Russe, après avoir entrevu la victoire, s'est manifestement mis dans le rouge. Au sommet, Kashechkin possédait une marge d'une trentaine de secondes sur ses poursuivants. Avec une descente aussi technique que celle du Tanneron, c'était suffisant pour aller au bout. Sylvain Chavanel reviendra bien un instant à 13 secondes, avant de s'écrouler.

Kashechkin peut se montrer d'autant plus satisfait qu'il n'est pas venu sur la Course au soleil pour jouer un rôle majeur. "Paris-Nice n'est pas un objectif, rappelle-t-il. L'important pour moi, ce sera d'être prêt pour les classiques ardennaises et, bien sûr, le Tour de France. Il faut qu'on ramène le maillot jaune au Kazakhstan ." Samedi, il a simplement sais une opportunité. " L'échappée roulait très, très vite. Mais j'avais de bonnes sensations. Après, j'ai senti que c'était le bon moment pour partir. Ça a souri, tant mieux pour moi", conclut l'ami Andrey.

Dommage, en revanche, pour les Français. Encore une fois très actifs, ils ne sont vraiment pas loin du compte. David Moncoutié, dont les jambes reviennent au fil des jours, a semblé costaud. Le Lotois a engrangé les points pour le Grand Prix de la montagne. Sans une pénalité de cinq points (pour poussette visiblement), il aurait même pris le maillot. Ce sera peut-être pour dimanche. Avec plusieurs ascensions, dont le col d'Eze pour finir ce Paris-Nice, il lui reste une belle opportunité à saisir.

Son compère chez Cofidis, Sylvain Chavanel, a lui aussi retrouvé le sourire. Deuxième de l'étape, il est dans le vrai, même s'il lui a manqué un peu de puissance pour revenir pour de bon sur Kashechkin dans la descente. Derrière lui, Sandy Casar, Thomas Voeckler et Moncoutié ont complété un joli tir groupé. Quatre Français dans les cinq premiers, c'est plutôt bon signe et on ne pourra pas leur reprocher de ne pas avoir été devant. Malheureusement, la seule place du Top 5 qui leur a échappé était aussi la plus enviable...

Toute cette agitation ne doit toutefois pas faire oublier qu'à moins d'une catastrophe dimanche, le patron s'appelle toujours Floyd Landis. Depuis son coup de force stéphanois, l'Américain se contente de gérer. Samedi, ses équipiers de la Phonak ont eu plus de travail qu'à l'accoutumée. Evgueni Petrov a flirté avec le maillot jaune virtuel à 40 kilomètres de l'arrivée, et un garçon comme Sandy Casar pouvait constituer une menace potentielle. S'il n'a pas été réellement inquiété, Landis a compris qu'il devrait rester vigilant jusqu'au bout.