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À quatre mois du Tour de France, la bataille des invitations fera rage sur Paris-Nice

Benoît Vittek

Publié 09/03/2019 à 11:02 GMT+1

PARIS-NICE - Direct Énergie (Calmejane, Terpstra), Vital Concept-B&B Hotels (Coquard, Vichot) et Arkéa-Samsic (Barguil, Greipel) disputent bien plus que la course au soleil à partir de dimanche. Pendant une semaine, les prestations des trois équipes françaises seront scrutées par les organisateurs du Tour de France, qui n'en sélectionneront que deux pour la grande fête de juillet.

L'équipe Direct Energie en 2019

Crédit: Getty Images

C’est peut-être l’une des blessures les plus handicapantes de la carrière de Pierre Rolland. Le grimpeur a tweeté sa "peine" au moment de confirmer son forfait pour Paris-Nice (double fracture au poignet gauche sur la Drôme Classic) en début de semaine. Au fil de ses 13 ans en pro, Rolland en a pourtant vu d’autres (
avant un méchant gadin dans la descente de Bisanne). Habitué à monter en puissance dans ses saisons, il n’est pas forcément un homme du début de printemps. Mais les conséquences de cette chute pourraient le poursuivre toute l’année et particulièrement cet été.
À partir de dimanche, Rolland ne devait pas seulement disputer Paris-Nice. Il lançait la grande bataille qui mobilise les Vital Concept-B&B Hotels face aux hommes en jaune et noir de Direct Énergie et aux rivaux bretons d’Arkéa-Samsic. Sur la course au soleil, ces trois formations abattent leurs atouts majeurs dans la course qui distinguera deux invités pour le prochain Tour de France (en plus de Cofidis et Wanty-Gobert, qui ont déjà décroché le sésame d’Amaury Sport Organisation en vertu de leur classement à l’UCI Europe Tour). Et qui laissera donc un prétendant sur le carreau au moment de l'annonce, d'ici la fin de la campagne des classiques.

Direct Énergie, la force de l'habitude

La bataille se prépare de longue date et les belligérants ont pu fourbir leurs armes, notamment à coups de recrutements clinquants à l’intersaison : Pierre Rolland et Arthur Vichot en plus de Bryan Coquard chez Vital, Niki Terpstra et Niccolò Bonifazio pour accompagner les champions formés par Direct Énergie, André Greipel associé à Warren Barguil chez Arkéa-Samsic. De quoi renverser les tendances de 2018, qui avaient vu Vital rester sur le carreau et Arkéa (sous le nom de Fortuneo) souffrir sur le Tour ?
Terpstra et Bonifazio sont d’excellents coureurs de classiques, pas franchement des hommes du Tour. Le grand Néerlandais semblait d’ailleurs bien peu concerné lorsque j’ai voulu le brancher sur le sujet des invitations mi-février à Oman ; Direct Énergie est invitée sur le Tour des Flandres, où il défendra sa victoire du printemps 2018, et c’est bien l’essentiel pour lui (à moins qu’il ne s’agisse là des effets de sa nonchalance habituelle). Pour Rolland, Vichot ou Greipel, le rendez-vous de juillet est bien plus incontournable.
À l’hiver, on pouvait donc se demander si la structure de Jean-René Bernaudeau, très bien servie par le Tour ces dernières années (et elle le lui a bien rendu au fil de ses 19 participations consécutives depuis que les coureurs de Bonjour-Toupargel se sont élancés du Futuroscope en 2000), n’allait pas devoir faire un peu de place à la concurrence. Les Direct Énergie ont vite réaffirmé leur supériorité lorsque le débat est revenu sur la route : six victoires cette saison, Lilian Calmejane est prêt à reprendre le flambeau de Voeckler et Chavanel, Bonifazio a dominé Greipel à la Tropicale Amissa-Bongo, aucune inquiétude à l’horizon.
La formation vendéenne est 3e à l’UCI Europe Tour avec 4 678,5 points, tout près de la 2e place de Wanty-Gobert. Quelque 2.000 points plus loin, Vital Concept (7e) et Arkéa-Samsic (10e) semblent toujours empêtrés dans des difficultés chroniques. Le match est-il déjà plié en faveur des Vendéens face aux Bretons ?

Greipel : "Si on travaille bien ensemble et qu’on a des résultats..."

"Je pense que notre place est sur le Tour, nous explique pour sa part André Greipel, vainqueur de 11 étapes sur six Grandes Boucles différentes. Mais ça ne doit pas jouer dans nos têtes. On devrait juste se concentrer et faire ce qu’on a à faire en tant que coureur. Si on travaille bien ensemble et qu’on a des résultats, ensuite ce n’est plus entre nos mains." Une semaine plus tard, l’Allemand quittait Oman sans avoir pu disputer véritablement le moindre sprint.
Depuis, Greipel a signé un top 10 à Kuurne, et Élie Gestbert et Warren Barguil ont aussi semé de jolies promesses à Oman et dans la Drôme. Il en faut plus et le manager Emmanuel Hubert promet dans des propos relayés par Ouest France que son équipe s’avance vers la course au soleil "le couteau entre les dents".
Warren Barguil sera particulièrement attendu, après une saison 2018 à courir après les bonnes sensations. Le maillot à pois du Tour 2017 a coché le rendez-vous du col de Turini, où il voudra très bien faire. S’il retrouve la formule, lui qui reconnaissait dans un entretien à Vélo Magazine avoir parfois pris les choses à l’envers l’an dernier, il est probablement le coureur le plus incontournable en juillet parmi le vivier constitué par ces trois équipes.

Pineau craint "un coup d'arrêt"

Jérôme Pineau aimerait que son équipe s’impose en incontournable. Cette course aux invitations, le jeune manager en ferait presque des cauchemars, comme il l’expliquait à L’Équipe fin février : "J’y pense en permanence, je m'endors avec, je me réveille avec. J’essaie de l’absorber pour protéger le staff, les coureurs. Ne pas aller au Tour serait un coup d’arrêt. On aurait du mal à garder certains coureurs, cela nous fragiliserait mais pas que nous."
Et Pineau, échaudé par sa non-sélection de l'an dernier, de plaider pour pour l’invitation d’une équipe supplémentaire dans un peloton réduit à 176 coureurs depuis l'an dernier. ASO a (logiquement) opposé une fin de non recevoir à la suggestion. À Bryan Coquard, Arthur Vichot ou encore Quentin Pacher de reprendre le flambeau de Pierre Rolland pour montrer que les "Men in Glaz" méritent de s'inviter au festin du Tour.
Peut-être Jérôme Pineau a-t-il suivi les derniers épisodes de Bistrot Vélo, où le directeur de Paris-Nice, Romain Lemarchand, et le patron du cyclisme chez ASO, Christian Prudhomme, ont bien insisté sur ces enjeux. En bons régents, ils ont évoqué aussi bien l’apport de Jean-René Bernaudeau que les exploits de Warren Barguil et Pierre Rolland. Difficile de lire entre les lignes… La vérité de la route va elle s’écrire toute la semaine sur Paris-Nice.
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