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PARIS-NICE - Nairo Quintana (Movistar) a montré qu'il était sur le chemin du retour

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 18/03/2019 à 11:52 GMT+1

PARIS-NICE – S’il n’a pas réussi à s’y imposer, cette 77e édition de la Course au Soleil a marqué le retour à son meilleur niveau de Nairo Quintana. Le Colombien de la Movistar, décevant depuis plus d’un an et demi, a confirmé sa montée de puissance en ce début de saison et a surtout offert une attitude nouvelle. Celle d’un leader en quête de Tour.

Nairo Quintana (Movistar), parti à l'offensive lors de la 8e étape de Paris-Nice

Crédit: Getty Images

Lorsqu’il avait levé les bras au sommet du Semnoz en s’assurant la 2e place du classement général, un jour de fête nationale en Colombie, sur le Tour de France 2013, il était certain que Nairo Quintana allait un jour se parer du maillot jaune et remporter la Grande Boucle. Pourtant, six ans plus tard, les détracteurs du Colombien sont bien plus nombreux que ceux toujours convaincus par ses possibilités de s’y imposer. Il faut dire qu’après être monté sur six podiums en huit Grands Tours en le Tour 2013 et le Giro 2017, il n’a plus connu de telles hauteurs lors des trois derniers. Un constat implacable dans les chiffres mais qui mérite d’être tempéré dans les faits.
Sur le Tour 2017, il sortait d’un Giro éreintant et avait perdu dès le premier jour Alejandro Valverde, tombé lors du chrono de Dusseldörf et censé être son lieutenant de luxe, voire même son leader selon certains sons de cloche. Et, en 2018, malgré des performances en retrait, le Colombien était encore en course pour le podium avant sa chute lors de la 18e étape. Finalement, seul le Tour d’Espagne est une vraie déception. Et encore, il a été sacrifié - alors qu’il était à 50’’ du podium et que la haute montagne arrivait - à deux jours de l’arrivée pour un Valverde qui a finalement explosé en Andorre. Mais ce passage en lieutenant de luxe témoignait aussi d’une chose : la Movistar avait perdu confiance en Quintana. Autant dire que le Colombien avait à cœur en 2019 de montrer à tous qu’il est toujours un vainqueur de Tour en puissance.

Un changement d’entraîneur bénéfique

Conscients de sa baisse de performance sur les Grands Tours, la Movistar et Quintana ont cherché des solutions cet hiver aux régulières "pannes" du Colombien en montagne, là il écrasait la concurrence il y a encore trois ans. "Nous n’avons pas trouvé de raison à ses récentes performances, expliquait son agent, Giuseppe Acquadro. Il souffrait d’allergies l’an dernier, ce qui le rendait instable." C’est pour cela que la formation espagnole a engagé comme directeur sportif Max Sciandri, en provenance de BMC. Surtout, le Colombien s’est lui adjoint les services de Michele Bartoli. "J'ai vu qu’il était toujours aussi bien en 3e semaine l’an dernier, estimait l’Italien pour la Gazzetta dello Sport. Ça montre qu’il récupère toujours aussi bien, ce qui est essentiel." Coach un temps d’Egan Bernal, Bartoli s’est notamment attelé à travailler avec le Colombien son endurance et sa puissance. Deux points dont on a déjà aperçu les premiers bienfaits.
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Nairo Quintana (Movistar) au milieu des Flandriens d'AG2R La Mondiale lors des bordures, sur Paris-Nice

Crédit: Getty Images

A commencer lors des bordures en début de Paris-Nice. Lui qui avait perdu le Tour 2015 en s’y faisant piéger s’est montré digne d’un Flandrien, jouant avec le vent malgré son petit gabarit. Puis il a réalisé son meilleur chrono depuis longtemps, faisant jeu égal avec Keldermann quand il perdait au moins 30’’ sur des rouleurs de son acabit en 2018. Surtout, on a retrouvé en montagne un Quintana efficace et capable de tenir longtemps une cadence infernale. Cela avait déjà été le cas lorsque la Sky avait embrayé dans le Turini et que des cadors comme Bardet, Keldermann ou encore Bennett ont explosé. Cela a encore été plus le cas ce dimanche lorsqu’il s’est lancé à l’attaque à 48km de l’arrivée, passant près de 30km à rouler seul en tête de l’échappée en tenant en respect la Sky avant d’abdiquer. Une performance qui a d’ailleurs bluffé ses adversaires : "Quintana a fait un numéro, c'était du beau vélo, avouait Rudy Molard, 7e du général. Même Bardet et Bennett n'ont pas réussi à le suivre."

Enfin une attitude qui fédère

Quintana qui attaque d’aussi loin, il fallait quand même le voir pour y croire. Lui qui a si souvent été décrié pour son attentisme, aussi agaçant pour le public que pour ses propres coéquipiers. Lui dont l’attentisme est même devenu un running-gag n’a cette fois pas hésité à prendre tous les risques. Comme s’il avait enfin pris conscience de ce qu’un leader devait faire. Et c’est sans doute un petit peu le cas tant son changement d’attitude par rapport aux dernières années est évident. Notamment au sein même de son équipe. Là où, sur le Tour, il semblait parfois se cacher derrière Valverde, le Colombien assume désormais son statut et ses revendications.
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Nairo Quintana (Movistar), encadré par ses équipiers Marc Soler et Winner Anacona lors de la 8e étape de Paris-Nice 2019

Crédit: Getty Images

Et les coéquipiers le sentent. Souvent annoncé proche uniquement du clan des Sud-Américains (Anacona, Amador, Carapaz, Betancur), incapable de fédérer les Espagnols, il montre un visage différent cette saison. Sur Paris-Nice, ses performances dans les bordures, son attitude globale de leader, toujours bien placé, a incité ses équipiers à tout donner pour lui, à l’image de cette 8e étape. Ils étaient ainsi à trois à s’échapper (Carretero, Anacona et Soler). Un scénario souvent vu ces dernières années avec un Quintana attentiste malgré tout. Mais pas ce Quintana-là. Là encore, le Colombien a assumé ses ambitions et celles de son équipe avec un raid magnifique bien que vain. Et, même dans des déclarations, le plus gros palmarès de l’histoire du cyclisme colombien adopte une attitude positive : "C’est vrai que malgré cette belle étape, cela ne change finalement pas grand-chose pour nous, expliquait-il après l’étape. Mais pour moi, aujourd’hui reste tout de même une bonne nouvelle : les jambes répondent bien et sont prêtes pour les grands objectifs de la saison. Nous faisons les choses comme il faut".

Au révélateur du Tour

Malgré tout, malgré cette superbe semaine du Colombien et son début de saison prometteur, malgré cette impression de retrouver un grand Quintana, il est important d’attendre juillet et le Tour de France pour affirmer que "Little Big Man" est de retour. Après tout, si l’attitude comme l’état d’esprit du leader de la Movistar sont plus que positifs, il faut se rappeler ses bons résultats sur les courses par étape en 2018 qu’il a toujours finies dans le top 10 : 2e en Colombie, 2e en Catalogne, 5e au Pays Basque, 3e au Tour de Suisse. Avant de décevoir sur les Grands Tours, en France (10e) comme en Espagne (8e). Sur une semaine, le Colombien reste toujours l’un des meilleurs du monde. Sur trois semaines aussi si l’on considère le spectre du coureur normal.
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Nairo Quintana (Movistar), parti à l'offensive lors de la 8e étape de Paris-Nice

Crédit: Getty Images

Mais Quintana promettait tellement qu’on ne peut se satisfaire de ces résultats sur les trois Grands Tours (12e, 10e, 8e). Lui aussi ne veut pas s’en contenter. "Si quelque chose me caractérise, c’est que je suis prêt à tout lorsque j’ai un objectif en tête, expliquait-il avant le Tour de San Juan. Dernièrement, j’ai eu des difficultés pour différentes raisons mais je sais que je dois continuer d’essayer. C’est encore possible". Surtout sur un Tour de France 2019 parfait pour lui sur le papier avec énormément d’altitude en 3e semaine et peu de pièges théoriques avant la montagne. Surtout avec la forme démontrée sur Paris-Nice. "Peut-être que Nairo gagnera le Tour dès cette année, avouait son ami et rival Egan Bernal. Il est en forme". Mais, avec Quintana, la vérité de mars n’est pas toujours celle de juillet. Mais ce Quintana-là est déterminé à changer ses habitudes. A commencer par celle-ci.
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