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Paris-Nice - Primoz Roglic et ASO, une histoire d’amour qui finit toujours mal

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 15/03/2021 à 10:22 GMT+1

PARIS-NICE – Malheureux sur la 8e et dernière étape, Primoz Roglic a encore une fois laissé échapper une victoire qui lui semblait pourtant acquise. Véritable cannibale des courses par étapes, le Slovène de la Jumbo-Visma développe pourtant depuis un an une malédiction sur les épreuves organisées par Amaury Sport Organisation. Dans des styles bien différents à chaque fois.

Primoz Roglic

Crédit: Getty Images

A force de jouer d’autant de malchance, il va finir par refuser de revenir sur les courses organisées par Amaury Sport Organisation. Il faut dire que depuis un an, Primoz Roglic vit une véritable malédiction sur les épreuves françaises, que ce soit Paris-Nice, le Critérium du Dauphiné ou le Tour de France. Pas forcément un grand adepte des deux premières épreuves (une seule participation), le Slovène est en revanche allé à trois reprises sur la Grande Boucle. Son histoire d’amour avec ASO y avait d’ailleurs parfaitement commencé puisqu’il y avait remporté une étape à l’occasion de sa première participation, en 2017, en s’imposant à Serre-Chevalier. Et, si on ne regarde que les résultats bruts, on serait même tenté de dire qu’elle s’est poursuivie par la suite avec une victoire d’étape et la 4e place en 2018, avant un succès d’étape et la 2e place l’an dernier. Seulement voilà : depuis août dernier, dès que Roglic s’aligne sur une épreuve ASO, il semble poursuivi par une malédiction du dernier jour.
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Primoz Roglic lors de la 7e étape de Paris-Nice

Crédit: Getty Images

Déjà une chute et pas de risque pris

Tout commence sur le Critérium du Dauphiné l’année passée, que Primoz Roglic aborde en immense favori après sa démonstration sur les routes du Tour de l’Ain quelques jours plus tôt. Et le Slovène ne tarde pas à poser sa patte sur la course. Vainqueur de la 2e étape, la première arrivée au sommet, il en profite pour s’emparer du maillot de leader et semble un ton au-dessus de ses adversaires. Rien ne semble pouvoir alors l’empêcher de remporter sa 6e course par étapes sur les sept dernières qu’il a disputées.
Malheureusement pour lui, il chute au cours de la 4e étape lors de la descente de la côte de Saint-Héry-sur-Ugine. Une chute alors sans gravité qui ne l’empêche pas de poursuivre sa route et de suivre les favoris jusqu’à l’arrivée à Megève. Mais, le lendemain, Primoz Roglic ne prendra finalement pas le départ, son équipe et lui préférant ne pas prendre de risques dans l’optique du Tour de France. Il laisse ainsi vacant un maillot jaune que sans doute personne n’aura pu lui reprendre à la pédale. Et laisse aussi filer une première victoire sur une course par étapes ASO…

Le jour le plus improbable

Au matin de la dernière "vraie" étape avant les Champs-Elysées, personne - pas même Tadej Pogacar lui-même sans doute - n’estimait réellement crédible de voir Primoz Roglic perdre ce Tour de France 2020. Il faut dire que le Slovène de la Jumbo-Visma restait sur deux semaines d’une domination quasi-totale et presque jamais menacée. Après s’être emparé du maillot jaune au soir de sa victoire sur la 4e étape à Orcières-Merlette, Roglic s’est contenté de gérer son avance pour maitriser des adversaires incapables de mettre en danger son leadership. De quoi posséder 57’’ d’avance sur son compatriote d’UAE Team Emirates avant le chrono de la Planche des Belles Filles. Suffisant ? Cela aurait dû. Avec un tel rapport de force (deux très bons rouleurs), voir Pogacar remonter autant semblait impossible. Mais, là encore, la "malédiction ASO" a frappé.
Tandis que son jeune compatriote signe le contre-la-montre de son début de carrière, Primoz Roglic semble impuissant. Non pas qu’il contre-performe (5e au final, à 30’’ de Porte et Dumoulin) mais il est dépassé par un Pogacar supersonique, dont la performance surprend tout le monde, à commencer par le malheureux perdant. "Elle n'est pas étrange mais surprenante, vraiment, avouait Roglic dans un documentaire proposé par NOS. Il n'avait jamais montré que c'était possible, jusqu'au moment où il a écrasé ce chrono. Sur certaines étapes, auparavant, il était au bord de lâcher. Personne ne pouvait imaginer qu'il avait encore ça dans le ventre". Mais lorsqu’il s’agit d’empêcher Roglic de triompher sur une course ASO, l’impossible ne le semble plus vraiment.
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Pogacar a mis Roglic K.O. ! Le dénouement historique de la 20e étape

Une chute ne suffisait pas…

S’il y a bien un jour où tout était contre Primoz Roglic et la Jumbo-Visma, ce 14 mars 2021 restera sans doute comme l’un des plus marquants. Bien sûr, le prestige d’un Paris-Nice n’est en aucune commune mesure comparable à celui du Tour de France. Reste malgré tout l’impression que tous les éléments se sont déchainés ce dimanche pour priver le Slovène d’un sacre sur la Course au soleil que même ses adversaires ne semblaient plus vouloir lui contester. "Pour être honnête, on ne voyait pas trop ce matin ce qu’on pouvait faire pour renverser Roglic et la Jumbo-Visma", avouait d’ailleurs après la course le principal bénéficiaire de cette folle journée, Maximilian Schachmann (Bora-Hansgrohe). Mais l’Allemand aura bénéficié d’un coup de pouce du destin et sans doute même de deux ou trois.
Car Roglic est tombé non pas une mais deux fois sur cette 8e et dernière étape. A chaque fois, au même endroit, dans la descente suivant la traversée de Levens et le passage sur la ligne. Oui, il aura fallu deux chutes pour mettre un genou à terre au Slovène, touché dans sa chair (blessure à l’épaule et à la cuisse) la première fois mais pas encore coulé. La deuxième lui a été fatale, l’obligeant à épuiser ses derniers équipiers pour tenter de rentrer, face au vent (la chute ne suffisait pas). Il n’y parviendra jamais, finissant les dix derniers kilomètres seuls à tenter de limiter la casse. Mais, encore une fois, Primoz Roglic a vu la victoire finale lui échapper le dernier jour pour la troisième fois de suite sur une épreuve par étapes organisée par ASO. "J’ai connu des jours plus faciles que les dernières étapes, c’est sûr…, admettait-il après l’arrivée. Mais c’est le sport, c’est comme ça".
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La Vuelta, deux victoires mais deux frayeurs

Heureusement pour Roglic, le Tour d’Espagne a beau avoir été racheté à 49% par Amaury Sport Organisation, l’épreuve reste organisée par Unipublic. C’est sans doute ce qui a sauvé le Slovène de la malédiction et lui a permis de remporter les deux dernières éditions de la Vuelta. Sans pour autant le priver de grosses frayeurs sur la fin d’épreuve. Il avait ainsi connu une chute, que les Movistar avaient provoqué et tenté de mettre à profit avant d’être rappelés à l’ordre par les organisateurs (qui avaient autorisé les voitures à ramener les coureurs distancés), lors de la 19e étape en 2019 vers Tolède. Et, l’an passé, Roglic avait subi lors de la 20e étape les attaques de Richard Carapaz dans la montée finale de la Covatilla, laissant ainsi craindre un temps une perte de son maillot rouge de leader. Mais il avait finalement tenu bon. Pour réussir de même sur une course par étapes « organisée » par ASO, il faudra encore patienter. Au moins jusqu’à l’Artic Race of Norway mais plus probablement jusqu’au Critérium du Dauphiné, en juin prochain. De quoi boucler la boucle et briser la malédiction ? Il serait temps…
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Frayeur chez les leaders : Roglic et Lopez sont allés au sol

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