Groupama FDJ - Marc Madiot sur le cas Gaudu-Démare : "On est des grands garçons et on travaille"

C'est "l'affaire" qui fait jaser dans le microcosme du cyclisme français ces dernières semaines. "Il sait que je n'en veux pas au Tour, je lui ai déjà dit. Qu'il reste chez lui", avait lâché David Gaudu sur le réseau social Discord en parlant de l'autre figure de proue de l'équipe Groupama FDJ, Arnaud Démare. Le Breton n'imaginait certainement pas que ses propos seraient relayés au point de provoquer une telle tempête. Depuis, les deux hommes se sont expliqués en interne et en privé et, s'ils conviennent qu'ils ne partiront jamais en vacances ensemble, le fait d'avoir crevé l'abcès ne peut pas leur faire de mal.

Marc Madiot, lui, a dû gérer une situation de crise qui n'aurait eu aucun caractère inédit si tout ceci n'avait pas été étalé sur la place publique. "J'ai fait ce que j'avais à faire avec les deux garçons. Le reste, ça relève de l'intimité de l'équipe et de l'intimité des deux garçons", a expliqué le manager de la formation français vendredi sur Eurosport, lors de l'émission Les Rois de la Pédale. "David a reconnu une erreur, a-t-il ajouté. On est entre grands garçons, on travaille, et pour moi, l'objectif reste le même, c'est qu'on soit performant tous ensemble."

Jeudi, lors de la 5e étape de Paris-Nice, une séquence a rassuré à ce titre. Lors du sprint intermédiaire, on a pu voir Arnaud Démare travailler pour David Gaudu afin de lui permettre d'aller chercher les six secondes de bonification. "Ce qui est important, c'est la route, relève Madiot. Je tiens à souligner l'engagement d'Arnaud Démare, que ce soit ce qu'on a pu voir hier (jeudi, NDLR) ou les autres jours."

Alors, les deux hommes vont-ils parvenir à mettre leurs différends de côté de manière durable afin que leur antagonisme ne nuise pas à l'ensemble de l'équipe ? Oui, affirme Marc Madiot : "J'ai envie de dire que c'est presque mieux de ne pas s'aimer. À titre personnel, je préférais travailler avec des gens avec qui j'avais une bonne relation professionnelle mais sans affinités amicales. J'aimais mieux ça que de travailler avec des gens avec qui j'étais très ami. Parce que quand on est amis, on a tendance à se pardonner des choses et à en laisser couler d'autres."

Le personnage le plus emblématique de la Groupama - FDJ relativise tout cela. Peut-être parce qu'il a connu des périodes autrement plus difficiles à traverser depuis qu'il est à la tête de sa formation que celles générées par des querelles d'ego. "Je vis une situation heureuse, a-t-il confié dans les RP. J'ai connu des époques de vaches maigres où, avec mes deux voitures de directeur sportif, on était dans le gruppetto, et pas sûrs de rentrer dans les délais. Et ça, ça m'a marqué à vie. Aujourd'hui, j'ai de la chance. J'ai une belle équipe, j'ai des bons coureurs, j'ai des sponsors de rêve."

"Je m'amuse quand j'observe les commentaires dans les différents médias ou sur les réseaux sociaux, du genre 'Démare, il est fini, patati', ou quand je lis 'Gaudu et Démare, ils peuvent pas se blairer', ajoute Marc Madiot. Nous, on règle nos affaires et je vous garantis une chose : et Gaudu, et Démare vont gagner des courses."

Le double vainqueur de Paris-Roubaix accorde donc plus que jamais toute sa confiance à ses deux têtes d'affiche. Si tout va bien pour David audu, actuellement intercalé au classement général de Paris-Nice entre le maillot jaune Tadej Pogacar et son rival Jonas Vingegaard, les choses sont plus compliquées ces temps-ci pour Arnaud Démare. Alors il prend soin d'insister sur l'état d'esprit irréprochable de celui-ci.

"Sa position n'est pas facile et je parle indépendamment du sujet David, détaille Madiot. Il a parfaitement intégré que les sprints qu'on faisait par le passé avec un grand train pour le déposer aux 200m, notamment sur les courses par étapes, ça, c'est en voie de disparition et pas que chez nous. Pour moi, Arnaud est en train de se réinventer en tant que coureur et de se réinventer au sein de l'équipe. J'y vois un engagement, une motivation et un sens du collectif qu'on ne lui connaissait pas forcément par le passé, parce qu'il était dans un autre rôle avec des lanceurs et une vie entre guillemets facile de sprinter. Aujourd'hui, il est dans un autre 'trip'."

Pas simple de se réorienter de la sorte une fois la trentaine venue, mais Marc Madiot veut croire que le Picard en recueillera bientôt les fruits. "Je l'encourage à continuer dans ce sens-là, parce que ça va lui permettre d'aller chercher des choses qu'il n'avait pas en tête précédemment, et moi je suis persuadé qu'on n'est pas au bout de nos surprises avec Arnaud Démare", a-t-il conclu.