Paris - Nice : Matteo Jorgenson résiste à Remco Evenepoel et remporte la 82e édition, le Belge remporte la 8e étape

Sur la Promenade des Anglais, un troisième Américain a remporté Paris-Nice ce dimanche, après Bobby Julich (2005) et Floyd Landis (2006). Cet homme aurait pu être Brandon McNulty (UAE Emirates), de retour en jaune depuis vendredi à la Colle-sur-Loup. Mais c'est finalement Matteo Jorgenson (Visma-Lease a Bike), son ami depuis les rangs juniors et son dauphin avant l'ultime journée, qui a raflé la victoire finale en s'envolant dans la côte de Peille en compagnie de Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step), victorieux à Nice de cette renversante 8e et dernière étape.

McNulty avait déjà montré des signes de faiblesse, la veille, en lâchant 19" aux meilleurs à la Madone d'Utelle. Son matelas n'était ainsi plus que de quatre secondes sur Jorgenson, une feuille de papier vu les montagnes russes proposées ce dimanche dans l'arrière-pays niçois. Après l'écrémage mené par les Lidl-Trek de Mattias Skjelmose, le groupe maillot jaune a volé en éclat dans la côte de Peille, l'avant-dernière des cinq ascensions du jour, sous les coups de boutoir de Remco Evenepoel.

La 3e attaque du champion de Belgique a été la bonne, à 43 km de l'arrivée. Et seul Jorgenson a pu l'accompagner. McNulty a un temps résisté à quelques secondes à peine. Tapis dans sa roue, Aleksandr Vlasov a fait le jump juste avant le sommet pour revenir sur le duo de tête, laissant McNulty seul avec sa peine. L'Américain a certes été récupéré ensuite par un petit groupe où figurait notamment Skjelmose et Roglic. Mais l'écart s'est creusé irrémédiablement dans le long faux-plat descendant menant à la Turbie. En entamant les 30 dernières bornes, l'écart dépassait la minute. Il était entendu, alors, que McNulty perdrait son maillot jaune.

En remportant le sprint intermédiaire au col d'Eze, Jorgenson reprenait 2" de bonifications à Evenepoel qu'on imaginait précieuses. Mais finalement, l'Américain n'a pas été attaqué par le Belge dans la dernière ascension, qui s'y prêtait pourtant. Dans le col des Quatre Chemins (3,6 km à 8,8% et passage à 16%), l'ancien champion du monde s'est contenté d'appliquer un tempo soutenu qui a eu pour seul effet de distancer Vlasov, finalement 3e de l'étape à 50" et 5e du général. Sans doute était-il déjà résigné pour la victoire finale, vu les 34" qu'il devait reprendre à Jorgenson pour le renverser.

Les deux hommes ont ainsi rallié ensemble la Promenade des Anglais sans se regarder dans le blanc des yeux ni se chercher des ouailles. Et pour la forme, Evenepoel a fait un semblant de sprint pour aller décrocher la 54e victoire de sa carrière, sa première sur le sol français, tandis que Jorgenson, quelques mètres derrière, savourait déjà sa victoire au classement final, la plus belle de sa carrière, à 24 ans, après deux bouquets sur le Tour d'Oman l'an passé (étape et général). Arrivé avec 1'39" de retard, dans la roue de Skjelmose, McNulty a lui sauvé sa place sur le podium final (3e à 1'47"). Où l'on trouve donc deux Américains. Une première sur la Course au Soleil.