Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Paris-Roubaix : Julien Jurdie, directeur sportif de Décathlon-AG2R, évoque la dangerosité de la trouée d'Arenberg

ParAFP

Publié 06/04/2024 à 00:14 GMT+2

A trois jours de Paris-Roubaix, Julien Jurdie, directeur sportif de l'équipe Décathlon-AG2R, a évoqué la dangerosité de la trouée d'Arenberg, où une chicane sera installée à son entrée lors de l'édition 2024. Le dirigeant français de 51 ans s'est également penché sur les risques de plus en plus importants pris par les coureurs depuis plusieurs années.

Fritsch : "Il est urgent pour les acteurs du cyclisme de se réunir"

Julien Jurdie, que pensez-vous de la décision des organisateurs de Paris-Roubaix d'installer une chicane à l'entrée de la trouée d'Arenberg ?
Julien Jurdie. : J'y suis favorable. Cette trouée fait peur à tout le monde. On arrive à grande vitesse et tout le monde veut être dans les 20 premiers. C'est une vraie guerre du placement. Quand tu es coureur, tu fermes les yeux et tu fais une prière.
Cette initiative est née à la demande d'un syndicat des coureurs après plusieurs chutes violentes des dernières semaines. Les coureurs ont-ils peur ?
J.J. : Bien sûr qu'ils ont de l'appréhension. Faire une descente à 75/80 km/h sous la flotte à frotter pour avoir le meilleur placement possible, tu peux finir à l'hôpital. C'est un sport dangereux.
Y a-t-il plus de chutes qu'avant ?
J.J. : Plus, non. Mais elles sont plus impressionnantes. Les bloc-équipes roulent de plus en plus vite pour bien positionner leurs leaders. Forcément quand ça tombe, il y a souvent plus de dégâts.
A qui la faute, le matériel ?
J.J. : C'est une certitude. Le matériel a considérablement évolué. Les vélos sont plus rapides et plus rigides. Cela devient des morceaux de bois. Le moindre coup de vent, tu flottes. Le moindre choc est amplifié.
Les coureurs sont les gladiateurs des temps modernes
Certains déplorent le comportement des jeunes coureurs ?
J.J. : Le respect est là quand même. Mais les jeunes savent que pour se faire une place au soleil, il faut un peu débrancher le cerveau. Ils ont vu les 'Pogi' (Pogacar), les Remco (Evenepoel) et toute la clique gagner des grandes courses à 20 ans à peine. Donc forcément il se disent que tout est permis. D'autant qu'il n'y a plus de vrai patron dans le peloton. Les 'Pogi', les Remco, les Mathieu (Van der Poel), je les ai rarement vus taper sur le guidon et dire : 'Les gars c'est bon, on arrête'. Ils font leur course et puis basta."
La pression que mettent les directeurs sportifs est également pointée du doigt...
J.J. : Bien sûr, on a tous une part de responsabilité. Il y a une pression, comme dans tous les sports. On est là pour performer. Si nos partenaires mettent de l'argent, ce n'est pas pour faire 25e. Mais je trouve dommage qu'on parle des directeurs sportifs uniquement quand il y a une merde, jamais quand on gagne. On fait le même métier que Luis Enrique au PSG qui est mis en avant du matin au soir et qui fait la Une de L'Equipe même quand il va aux chiottes.
Vous trouvez ces critiques injustes ?
J.J. : Si tu veux être à l'avant, il faut être placé au bon endroit au bon moment. Sinon tu n'existes pas, ta course est morte. Oui j'emploie des termes assez forts comme agressivité. Je mets la musique de Rocky dans le bus. Mais le cyclisme est un combat. Il faut garder sa place, on n'a aucun cadeau à faire. Je ne vais pas dire aux mecs : 'Restez à l'arrière, comme ça on est sûrs de ne pas tomber, et on verra après'.
Supprimer l'oreillette est-il une piste ?
J.J. : Ah non, c'est inimaginable. Si un arbre tombe sur la route ou qu'une voiture est mal garée tu fais comment pour prévenir le coureur ? L'oreillette sert à coacher les athlètes mais c'est aussi un instrument très important pour la sécurité du coureur.
Que faire alors ?
J.J. : Cela progresse quand même énormément en termes de sécurité avec les nouvelles barrières à pieds inclinés, les signaleurs, la protection des obstacles... les organisateurs se cassent la tête. Mais le terrain de jeu reste la route. Et les gens devant la télé, je ne veux pas dire qu'ils attendent la chute, mais quelque part ça fait partie du spectacle. Les coureurs sont les gladiateurs des temps modernes.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité