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Le sacre d'un géant

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ParEurosport

Publié 09/04/2006 à 20:00 GMT+2

Tom Boonen n'était donc pas imbattable. Fabian Cancellara l'a prouvé dimanche. Le Suisse de l'équipe CSC a imposé sa puissance et son grand gabarit pour s'imposer en solitaire dans Paris-Roubaix au terme d'un très grand numéro dans le final. A 25 ans, il

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Crédit: Eurosport

Nous avions tort et Fabian Cancellara avait raison. Contrairement à ce que (presque) tout le monde croyait, Tom Boonen n'était pas le plus fort. Le Belge a été battu et il n'y a rien à redire à cela. Le champion du monde, cinquième sur la ligne d'arrivée dimanche, avant d'être finalement hissé à la deuxième place par le jury des commissaires, n'avait tout simplement pas les jambes nécessaires pour signer un nouveau doublé, une semaine après sa démonstration dans le Tour des Flandres. Le plus fort ne remporte pas toujours Paris-Roubaix, course imprévisible par excellence, d'où la méfiance de Boonen avant le départ. Cette fois, pourtant, le plus fort a gagné dans le Nord. Mais ce n'était pas lui.
Non, le plus fort n'était pas Belge, mais Suisse. Quatrième en 2004, huitième l'an dernier alors qu'une crevaison l'avait handicapé dans le final, Cancellara était un sacré client sur le papier, surtout après sa sixième place dans le Ronde, il y a huit jours. Tout au long de la course, on l'a vu courir devant, sûr de lui et de sa force, déployant sa grande carcasse (1,86m), attaquant le pavé d'un coup de pédale déterminé. Sa puissance, mais aussi sa confiance et sa lucidité, ont fait la différence. Sa consécration ne relève donc pas de la surprise, mais presque de la plus pure logique.
Le ménage dans Arenberg
"Dès le premier kilomètre, j'ai senti que ce serait mon jour et celui de l'équipe", confiait d'ailleurs le héros helvète après l'arrivée. Tom Boonen a peut-être mis un peu plus longtemps à comprendre, qu'à l'inverse, il ne passerait pas une aussi bonne journée que d'habitude. Après la traditionnelle échappée précoce, celle d'avant les pavés, menée par Posthuma, Portal, Shreck et Konyshev, la très grande bagarre débuta dans la tranchée d'Arenberg, dont le grand retour sur le parcours ne fut pas sans conséquences. Là, en l'espace de deux kilomètres, le peloton allait se désintégrer, et la carapace de Tom Boonen avec.
Il aura en effet suffi d'une accélération de Fabian Cancellara pour éliminer l'ensemble de l'équipe Quick Step, Pozzato, Nuyens et Knaven compris. A la sortie du secteur tant redouté, soit à 90 kilomètres de l'arrivée, Boonen se retrouvait complètement isolé dans un groupe de 14 hommes. Tous les favoris étaient là, à l'exception notable de Thor Hushovd, moins en verve que dans Gand-Wevelgem. Evidemment, l'inattendue solitude de l'Anversois changeait la donne. Elle renforça surtout Cancellara dans ses certitudes: c'était bien son jour. Pas celui de Boonen. Autour de Boonen, les Discovery Channel (Hincapie, Hoste, Gusev), les CSC (Cancellara, Michaelsen), ou encore les Davitamon (Van Petegem, Steegmans) avaient l'avantage du nombre.
Et Boonen céda...
Loin d'assister à un harcèlement en règle du champion du monde, cette échappée royale resta plutôt sage jusqu'à ce qu'un incident ne modifie brutalement la donne. Dans le secteur de Mons-en-Pevèle, lui aussi classé en catégorie 5, George Hincapie eut le malheur de briser son cadre. Deux secondes plus tard, l'Américain gisait sur le sol, le bras plié. Dan son regard, autant de peine que de douleur, de rage que de dégout. Dans la foulée, Tom Boonen prit les choses en main, aussitôt suivi par Cancellara. A la sortie du secteur, le groupe avait explosé et ils n'étaient plus que huit à pouvoir prétendre au sacre. Les autres, comme Frédéric Guesdon, dernier Français à tenir le rythme, venaient de lâcher prise.
A cet instant, le sentiment général donnait encore Boonen maitre de la situation. Erreur. Sur les pavés de Camphin, anticipant le Carrefour de l'Arbre, Cancellera portait l'estocade décisive. Vladimir Gusev eut l'audace de suivre un moment, avant de lâcher prise. Il restait moins de 20 kilomètres à couvrir, et personne n'allait plus revoir le Suisse. Boonen, comme tous les autres, était battu. Le Belge, les jambes lourdes, l'était même un peu plus que d'autres, puisqu'il n'eut même pas la force de prendre la roue de Hoste, Gusev et Van Petegem, partis en contre. Mais même en unissant ses efforts, ce trio dut s'incliner devant le grand numéro de Cancellara.
Hoste, Van Petegem et Gusev déclassés !
C'est alors qu'un évènement cocasse se produisit. A 10 kilomètres de Roubaix, les trois poursuivants franchissaient un passage à niveau alors que les barrières étaient déjà baissées, ce qui est formellement interdit ! Cancellara, lui, avait eu la bonne idée de précéder le train. Boonen. Ballan et Flecha restèrent quant à eux bloqués une trentaine de secondes! Conséquence, l'intransigeant jury des commissaires allait déclasser Hoste, Van Petegem et Gusev, arrivés dans cet ordre du deuxième au quatrième rang offrant à Tom Boonen une drôle de deuxième place.
Ce début de polémique n'enlève quoi qu'il en soit absolument rien au triomphe de Cancellara. Le Suisse n'a eu besoin de personne pour gagner. Pas même de la SNCF. Il avait déjà fait la différence à cet instant. 83 ans après Henri Sutter, la Suisse remporte donc à nouveau la Reine des classiques. Le cyclisme ne se résume donc pas eu seul Tom Boonen. Tant mieux. Contrairement à d'autres, Cancellara ne nourrissait aucun complexe vis-à-vis du Flamand. Il avait bien raison, et nous avions tort...
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