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Paris-Roubaix : Joseph Areruya, du "Mur de Kigali" à la "Trouée d'Arenberg"

ParAFP

Publié 13/04/2019 à 18:04 GMT+2

PARIS-ROUBAIX - Il s'appelle Joseph Areruya. Il a 23 ans. Dimanche, il deviendra le premier coureur d'Afrique noire à participer à Paris-Roubaix, sous les couleurs de l'équipe Delko-Marseille. La concrétisation d'un rêve, et le début, eput-être, d'une superbe aventure.

Joseph Areruya

Crédit: Getty Images

Novembre 2017 : maillot jaune sur les épaules, Joseph Areruya cravache pour avaler les derniers mètres pavés du difficile "Mur de Kigali", à la fin du Tour du Rwanda. Dimanche, c'est la terrifiante "Trouée d'Arenberg" que va découvrir le jeune coureur, premier cycliste rwandais à disputer Paris-Roubaix.
"C'est un rêve", sourit pour l'AFP le coureur de 23 ans, fils d'un ancien cycliste de bon niveau. "Quand j'étais jeune, j'ai pris le vélo de mon père au moment où il a arrêté de courir, et c'est à des courses comme Paris-Roubaix ou le Tour de France que je pensais. Maintenant, j'y suis !"
Dix-huit mois plus tôt, il était bien loin de "l'Enfer du Nord". Sur les routes escarpées de la capitale rwandaise, et son fameux passage pavé en côte surnommé "Mur de Kigali", Areruya remportait du haut de ses 21 ans son Tour national, sa première victoire majeure. "Cela n'avait rien à voir avec Roubaix", se rappelle celui qui a ensuite été sacré, devant plusieurs pros, sur la Tropicale Amissa Bongo, course majeure en Afrique. "Ici, vous en avez parfois pour trois kilomètres de suite de pavés, à Kigali on n'y passait que deux fois, sur 400 mètres..."

Flickinger heureux de le tester

Fin 2017, le coordinateur général du Tour du Rwanda Olivier Grandjean avait été épaté par la force du coureur, "à l'aise sur le parcours pavé". Il se souvient d'un "garçon assez peu expressif, un peu solitaire, mais qui fait preuve d'une grosse volonté". "Dès les juniors, on sentait qu'il allait être un beau coureur. Il était fort, pas que physiquement mais aussi mentalement", confirme Felix Sempoma, l'entraîneur de l'équipe nationale rwandaise, qui a connu le prodige au début des années 2010, lorsque que le jeune Joseph s'entraînait sur un vélo "Phoenix", un modèle de bicyclette sans vitesses fréquemment utilisé au Rwanda par les vélo-taxis.
"A sa première course internationale, Joseph a été surpris par son niveau", raconte l'entraîneur. "Il est venu me voir en me disant 'Coach, je ne suis pas si loin des pros ! '". Les espoirs se sont confirmés. Nommé entre temps cycliste africain de l'année 2018, Areruya roule désormais en France, dans l'équipe de deuxième division Delko-Marseille, invitée sur Paris-Roubaix.
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Joseph Areruya

Crédit: Getty Images

"C'était une opportunité pour nous", estime son directeur sportif Andy Flickinger, heureux de pouvoir tester son coureur sur la Reine des Classiques. "Pour être un bon pro, il faut passer par ces courses difficiles. S'il pouvait prendre la grosse échappée dimanche, ce serait une superbe réussite".
Areruya n'imagine pas suivre Peter Sagan sur les 29 secteurs pavés de l'épreuve. Il poursuit son apprentissage du monde pro, ses pelotons très fournis et son rythme infernal, avec à terme l'espoir d'intégrer un jour une équipe de première division, et pourquoi pas courir un grand tour. "Être ici n'est pas facile car vous vivez loin de chez vous", dit cet amateur de musique et de cuisine à l'AFP. "Mais c'est ma vie, c'est mon travail, et je sais que ma famille est heureuse pour moi."
Donner de l'espoir aux coureurs africains
Né deux ans après les massacres de 1994 qui firent selon l'ONU 800.000 morts, Areruya ne s'étend pas sur son histoire, au moment où le Rwanda commémore les 25 ans du génocide. "Il fait partie de cette génération de Rwandais qui a grandi en parallèle de la reconstruction du pays, qui a une certaine vision du succès", explique à l'AFP Aimable Bayingana, le président de la Fédération nationale rwandaise qui rêve d'organiser les Mondiaux 2025.
Un succès qui a une conséquence: l'exceptionnelle popularité dont il jouit chez lui. "C'est notre star", détaille M. Bayingana, qui assure que de nombreux Rwandais seront devant leur téléviseur dimanche. "Il a cette responsabilité d'être le premier coureur du continent noir à disputer la course. C'est pour cela qu'il doit se montrer", prévient son ancien entraîneur.
Ce poids, Areruya le ressent, l'assume. Son objectif dimanche ? "Donner de l'espoir aux coureurs africains", pose-t-il. "Les persuader que venir en Europe faire des grandes courses, c'est possible".
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