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Paris-Roubaix - De Guesdon à Laporte ou Sénéchal : 25 ans d'une disette qui touche à sa fin ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 14/04/2022 à 13:45 GMT+2

PARIS--ROUBAIX - Si Jacky Durand se plaint de voir son téléphone portable s'agiter chaque année à l'approche du Tour des Flandres, Frédéric Guesdon, le dernier vainqueur tricolore de l'Enfer du Nord, pourrait en dire autant. Un quart de siècle après son succès, il n'a toujours pas trouvé de successeur mais des motifs d'espoir existent, notamment grâce au duo Christophe Laporte - Florian Sénéchal.

Rétro 1997 - Guesdon l'outsider attend toujours son successeur

Évoquer le mot "successeur" dans le peloton français revient à parler du Tour de France, de Bernard Hinault et de l'interminable disette qui dure depuis 36 ans. Pour le peloton tricolore, l'autre grande attente a pour décor les pavés du nord et Paris-Roubaix. Voilà désormais 25 ans que Frédéric Guesdon a levé les bras sur le Vélodrome, un peu à la surprise générale.
Un quart de siècle, c'est long à l'échelle du cyclisme, d'autant plus que l'Enfer du Nord est le seul Monument où la France n'a ni gagné, ni touché la victoire du doigt au XXIe siècle. En deuxième et même troisième rideau jusqu'au tournant des années 2010, l'Hexagone se rapproche néanmoins petit à petit du pavé promis au vainqueur.

L'après-Guesdon a été très difficile

"Un de ces jours ça va venir, c'est sûr". A l'approche de Paris-Roubaix, Guesdon doit chaque année sortir la boîte à souvenirs. L'an dernier, pour un Enfer du Nord qui n'avait jamais aussi bien porté son nom depuis vingt ans, il avait confié pour France Info son espoir de voir un successeur triompher à Roubaix. "Il y a eu des phénomènes qui sont passés par là avec des Cancellara, Tom Boonen, rappelle-t-il pour atténuer le poids de la disette. Après, tout est beaucoup plus ouvert aujourd'hui qu'avant au niveau des nations vainqueures. On a eu un Suédois, des Australiens entre autres avec Hayman et O'Grady. Ce sont des nations qui n'étaient pas présentes il y a vingt ans."
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1997 Paris-Roubaix Frederic Guesdon

Crédit: Imago

Les "phénomènes" que furent Museeuw, Boonen ou Cancellara ont empoché neuf succès entre 1998 et 2013, ce qui ne laissait, il est vrai, pas beaucoup de places aux autres d'autant plus que des équipiers (Knaven, O'Grady) venaient parfois profiter du marquage entre grosses cuisses. Force est de constater cependant que l'après-Guesdon fut difficile pour le cyclisme français dans le Nord. Frédéric Moncassin avait bien terminé 5e en 1998 mais à 4'49'' du vainqueur. Même sanction pour Gouvenou (7e en 2022 à 4'02''), Brard (7e en 2005 à 3'49') ou Guesdon lui-même (7e en 2006 à 6'31''). La France, qui avait glané quatre succès dans les années 90, souffrait face à la concurrence.

Laporte, meilleure carte française ?

Le manque de renouvellement fut criant quand en 2011, à 40 ans, Frédéric Guesdon fut encore le meilleur Français sur la ligne (11e). "Il faut déjà avoir envie de la faire et de la gagner", rappelait ce dernier en 2021. De ce côté-là, la donne a, semble-t-il changé. Trouver des coureurs français qui voulaient courir sur les pavés n'avait rien d'une gageure, les entendre l'aborder avec l'ambition d'un vainqueur, un peu plus. Ce n'est pas un hasard si le pourcentage de Top 10 est passé de 42% entre 1998 et 2011 à 66% entre 2012 et 2021. Sébastien Turgot, dauphin de Boonen en 2012, a relancé la machine. Sur les pavés, les Bleus ne comptent plus pour des prunes.
Le duo d'ambitieux tricolores évolue dans des équipes étrangères : Christophe Laporte et Florian Sénéchal. Les voir triompher dimanche relèverait de la surprise, pas de l'exploit. C'est déjà un immense pas de franchi. Pour le premier, l'affaire, comme lors du Tour des Flandres, pourrait bien dépendre du rôle exact de Wout Van Aert.
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Arrivée triomphale : Van Aert et Laporte franchissent la ligne bras-dessus, bras-dessous

Selon son équipe, il participera pour aider ses coéquipiers, au premier rang desquels Laporte a prouvé qu'il pouvait être mieux qu'un leader de rechange. Profiter de l'attraction naturelle autour de "WVA" pour piéger tout le monde ressemble à une bonne idée. Si Mathieu van der Poel n'écrase pas la course de son talent, le Français pourrait bien se trouver là où se jouera la gagne. Anticiper ou combattre avec les meilleurs, à lui de décider mais avoir du choix est rarement une mauvaise chose.

Sénéchal, l'enfant des pavés

Pour Florian Sénéchal, la donne est toute autre. Né pour ainsi dire sur les pavés du Nord (Cambrai), l'ancien de Cofidis a tapé dans l'œil de Patrick Lefévère qui n'a pas hésité à le faire venir dans ce qui semble être la bonne écurie pour triompher à Roubaix. Déjà 6e en 2019, l'année où son coéquipier Philippe Gilbert avait gagné, il a prouvé qu'il avait la caisse pour tenir jusqu'au Vélodrome. Reste que la Quick-Step Alpha Vinyl navigue en plein brouillard sur la campagne des classiques 2022. Sénéchal ne fait pas exception et côté français, il part avec une roue de retard sur un Laporte.
Ce dimanche, Anthony Turgis, deuxième du dernier Milan-Sanremo, sera lui aussi sur la ligne de départ. Quant à Valentin Madouas, il découvrira l'Enfer du Nord après avoir impressionné sur le Tour des Flandres (2e), une course où le jeune Matis Louvel (22 ans) a surpris avec sa belle 17e place. On n'ira pas jusqu'à dire que la relève est assurée mais une chose est sûre : Frédéric Guesdon peut légitimement croire que son portable cessera de s'affoler une semaine avant Paris-Roubaix.
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C'était pire que l'Enfer et c'était grand : le résumé d'un Paris-Roubaix épique

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