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Paris-Roubaix - Mathieu Van der Poel, le poids de l'histoire et de la course
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Publié 16/04/2022 à 18:03 GMT+2
PARIS-ROUBAIX - Une nouvelle fois, Mathieu van der Poel (Alpecin-Fénix) s'approche sur un Monument en tant que favori. C'était déjà le cas sur le Tour des Flandres et il l'avait emporté de très belle manière. Ce succès lui ouvre les portes d'un doublé que seuls dix coureurs ont réussi avant lui. Sur Paris-Roubaix, Van der Poel a rendez-vous avec l'histoire.
Mathieu van der Poel eyes a first win in Paris-Roubaix
Crédit: Getty Images
Apprendre, très peu pour Mathieu van der Poel. Ce qu'il y a d'exceptionnel avec le Néerlandais c'est sa capacité à triompher vite, de courses où l'expérience prévaut en règle générale. Ce fut le cas pour sa première participation à l'Amstel Gold Race (2019), et pour la deuxième sur les Strade Bianche (2021) ou le Tour des Flandres (2020). Exception notable, Milan-Sanremo lui résiste toujours après trois essais. Pour Paris-Roubaix, on jugera dimanche quand "MVDP" aura posé, pour la deuxième fois, ses roues sur l'Enfer du Nord. Il en sera le favori et donc le coureur le plus scruté. Tout, ou presque, devrait passer par lui.
Les livres d'histoire sont formels : dimanche, Mathieu van der Poel sera le 81e coureur qui pourra doubler Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Celui-ci n'a pas toujours été salué comme aujourd'hui mais les anciens figurent aux côtés des plus récents dans la liste des champions des pavés. Sur 80, dix seulement ont réussi ce doublé : Suter (1923), Gijssels (1932), Rebry (1934), Impanis (1954), De Bruyne (1957), Van Looy (1962), De Vlaeminck (1977), Van Petegem (2003), Boonen (2005 et 2012) et Cancellara (2010 et 2013).
Van der Poel comme Boonen ou Cancellara ?
Ce dimanche, c'est donc face à cette grandeur que Van der Poel se mesurera. Lui le quadruple champion du monde de cyclo-cross entrerait dans l'histoire de la route. A 27 ans, et pour seulement sa deuxième tentative, l'exploit serait tout sauf mince et octroierait à sa carrière, quoiqu'il arrive ensuite, la postérité qu'elle mérite. Ce sera sans doute un détail au regard de l'accomplissement mais parmi ses dix devanciers, aucun n'a remporté l'Amstel Gold Race. Ni avant, ni après. Le petit-fils de Raymond Poulidor est un champion tout-terrain.
En réalité, il aurait déjà dû bénéficier d'une première chance de doublé en 2020 mais le Préfet du Nord avait annulé Paris-Roubaix sur fond de crise sanitaire encore bien présente dans l'Hexagone. En 2019, alors qu'il sortait d'un Tour des Flandres franchement bluffant pour une première (4e), "MVDP" avait été privé de l'Enfer du Nord. Son équipe de l'époque, Corendon - Circus, n'avait alors pas été invitée. Voilà comment on se retrouve, cinq ans après sa vraie arrivée sur la route, avec un van der Poel qui ne compte qu'une participation à la Reine des Classiques.
La seule tête qui dépasse, c'est van der Poel
L'édition dantesque de 2021 semblait correspondre à ses qualités de crossman. "Je suis fier d'être sur le podium (3e) pour ma première participation, avait-il soufflé à l'arrivée. Au sprint, j'étais à bout de force, les deux premiers étaient meilleurs. Je n'oublierai pas cette course de sitôt. Je me suis battu et j'en suis fier". Personne n'oubliera non plus que l'un des acteurs principaux de la course fut précisément Mathieu van der Poel qui avait mis le feu au peloton des favoris à 70 kilomètres de l'arrivée, larguant un Wout Van Aert mal placé.
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Tour de force : Van der Poel a envoyé Van Aert et compagnie dans les cordes à 70 km de l’arrivée
Video credit: Eurosport
"J'avais surtout van der Poel à l'œil", avait souligné le vainqueur, Sonny Colbrelli. "Je ne peux pas répondre à toutes les attaques", a glissé van der Poel après l'Amstel dimanche dernier. Il y a de fortes chances pour que le scénario se répète cette fois avec des attaques de loin de seconds couteaux. Van der Poel est trop offensif, trop déterminé et peut-être pas assez avare en efforts pour que ses adversaires se comportent autrement. "Après le Tour des Flandres, j'ai ressenti une petite décompression, a-t-il expliqué cette semaine au média néerlandais, Wielerflits. J'espère être de retour à 100%".
Sans Tadej Pogacar qui se moque de l'étiquette, avec un Wout Van Aert qui, bluff ou pas, arrive sur la pointe des pieds, la seule tête qui dépasse, c'est lui. Les Quick-Step ont la force du nombre mais des outsiders tout au plus. Ganna, Küng ou Mohoric sont cités parmi des vainqueurs potentiels, pas probables. Favori logique et unique, il devra faire des choix car il y a fort à parier que ses rivaux se retournent souvent vers lui pour aller chercher le ou les audacieux. A moins d'être celui-ci et d'abandonner les autres pour filer vers la postérité. C'est à ce prix-là que son Enfer du Nord se transformera en paradis. A ce prix-là aussi que se situe son entrée dans l'histoire du cyclisme.
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Rétro 1997 - Guesdon l'outsider attend toujours son successeur
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