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Patrick Lefevere a encore critiqué Julian Alaphilippe : a-t-il raison ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 12/12/2022 à 19:46 GMT+1

Double champion du monde (2020 et 2021), Julian Alaphilippe a connu beaucoup de moments difficiles depuis qu'il a pour la première fois endossé le maillot arc-en-ciel. Un bonheur donc accompagné de moins bons résultats globaux sur la saison. C'est ça que Patrick Lefevere a, dans son plus pur style, noté dans ses nouvelles critiques envers son champion.

"Alaphilippe est soulagé de ne plus avoir ce maillot arc-en-ciel, ce sera du grand Julian en 2023"

On n'ira pas jusqu'à dire que Patrick Lefevere n'aime plus Julian Alaphilippe. Ce serait à vrai dire beaucoup s'avancer sur les sentiments du manitou belge. De l'extérieur, il donne en revanche l'impression que sa patience commence sérieusement à s'éroder. Et ce ne sont pas seulement ses nouvelles déclarations qui le laissent à penser. Voilà quelques mois désormais que Lefevere multiplie les piques adressées à son coureur. Il a ses raisons. Sont-elles justifiées ? Peut-être. Sévères ? Un peu, mais…
Les mots d'abord. "Il me doit une revanche", "je veux qu’il se reprenne, Julian a un salaire de champion, il doit confirmer qu’il en est toujours un", "ces dernières années, il n’a pas gagné grand-chose", et enfin, "oui, il a eu beaucoup de malchance, mais ce sont toujours les mêmes qui sont chanceux et les mêmes qui ont la poisse." La charge est réelle. Elle aurait, sinon choqué, au moins surpris venant d'un autre homme que Patrick Lefevere. A 67 ans, le Flamand ne surprend plus. Il a tant et tant critiqué ses propres hommes qu'on ne s'arrête plus à chacune de ses sorties.

Alaphilippe ne répond pas à Lefevere

Mais justement, le nombre de celles-ci commence à interpeller. Il y avait eu l'attaque d'août 2022, "j'espère surtout qu'il ne répétera pas son coup de l'année dernière où il a couru le Tour de France en fonction du championnat du monde. Cela peut être fait une fois, mais en principe je ne le paie pas pour cela." En moins de six mois, le patron des Quick-Step, chef de meute du Wolfpack bien plus que n'importe lequel de ses louveteaux, a donc, par deux fois, tancé "Alaf'". Une fois en remettant en cause sa loyauté à l'équipe, l'autre en l'implorant de retrouver la forme… et des résultats.
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Jamais jusqu'ici Julian Alaphilippe n'a répondu, dans la presse en tout cas, à son patron. Pas vraiment le genre de la maison. Autant on imagine assez aisément qu'il n'a que peu aimé les mots de Lefevere en août après avoir traversé une sacrée période de galère du printemps à l'été suite à son grave accident de Liège-Bastogne-Liège, autant on projette mal un Alaphilippe tapageur par média interposé. Ce n'est simplement pas sa manière d'être.
En son for intérieur, donne-t-il raison à Patrick Lefevere ? Pris de manière brute, ses chiffres de la période 2020-2022 (9 succès) tranchent sévèrement avec ceux de 2018-2019 (24 succès). Il avait, à l'occasion de ces deux saisons, atteint le sommet de sa carrière, remportant Milan-Sanremo, les Strade Bianche, quatre étapes du Tour de France (avec une 5e place au général), deux Flèche Wallonne, la Clasica San Sebastian… Avant et après cette période, son chiffre de succès annuel n'a pourtant jamais été pharaonique. En 2018 et 2019, il avait ajouté la quantité à la qualité.

Avec Quick-Step, Lefevere n'a pas le droit de se tromper

A 30 ans, il ne devrait sans doute pas (encore) sacrifier l'une pour l'autre. Ces trois dernières années tendent cependant à prouver le contraire. Depuis 2020, il a tout de même glané deux championnats du monde, une étape du Tour et une nouvelle Flèche Wallonne. Ses deux titres mondiaux rendent, qualitativement uniquement, son bilan exceptionnel. Sur la même période, un Wout van Aert a-t-il fait mieux ? Débattre de cette question ne serait pas vain. Mais puisque "Loulou" chasse sur les terres des meilleurs (Van Aert donc mais aussi Van der Poel, Pogacar, Evenepoel…), sa tâche a été rendue incroyablement difficile depuis leur avènement.
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Des Strade Bianche à la Vuelta : Une saison en enfer pour Alaphilippe

Est-ce à dire pour autant que Lefevere a tort sur toute la ligne et qu'il devrait être plus "gentil" avec un coureur qui a, à l'évidence, souffert de malchance ? Avec ses 19 millions d'euros de budget estimé pour 2022, la Quick-Step évolue loin des mastodontes du peloton (INEOS 46 millions, UAE 35…). Et pourtant sur la période 2020-2022, l'équipe talonne les Jumbo-Visma, meilleur collectif du monde aux points UCI.

Alaphilippe et le coup de bâton

Pour atteindre un tel résultat avec des moyens "limités" - les guillemets étant ici de rigueur tant le budget des belges reste confortable comparé à d'autres -, Lefevere n'a pas le droit de se tromper. Il ne peut accepter de payer Alaphilippe à hauteur d'un "salaire de champion" pour un rendement qu'il n'estime pas à ce niveau. C'est vrai pour le Français, ça l'a été pour Mark Cavendish et d'autres avant lui. Pour le Britannique, les objectifs personnels ont parfois frictionné avec les intérêts du collectif. C'est aussi ça que défend Lefevere : son équipe.
Le "coup de pression" peut-il être salutaire ? Alaphilippe marche à l'affectif, on ignore encore s'il fonctionne au coup de bâton. A son âge, avec son professionnalisme et sa passion pour ce qu'il fait, on doute qu'il ait besoin de ça pour se faire mal. S'il revient proche de son meilleur niveau, il faudra plutôt sans doute y voir la fin des galères en tout genre (chute, maladie) plutôt que l'action des mots de Lefevere. Il n'empêche que tout ira alors bien mieux dans le meilleur des mondes.
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