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Pourquoi le cyclisme ne veut pas de Jorge Mendes

Christophe Gaudot

Mis à jour 13/01/2021 à 18:26 GMT+1

Si Jorge Mendes voulait faire une entrée discrète dans le cyclisme, c'est raté. Celui qui gère désormais les intérêts marketing de Joao Almeida et Ruben Guerreiro est déjà dans le viseur de Marc Madiot. Le manager de la Groupama-FDJ a poussé un coup de gueule qui en dit long contre l'arrivée du "super-agent" dans le monde cycliste. A priori, personne ne veut de lui.

L'agent Jorge Mendes dans la tribune du Molineux, le 19 août 2017, lors d'une rencontre opposant Wolverhampton à Cardiff City

Crédit: Getty Images

Jorge Mendes veut diversifier ses activités. Les millions d'euros amassés dans le football et ailleurs ne semblent plus lui suffire. Ou alors veut-il simplement se lancer un nouveau défi ? Le 2 janvier dernier, son entreprise Polaris annonçait un accord avec Corso Sports qui représente de nombreux cyclistes. Le but avoué : "optimiser les perspectives commerciales des athlètes portugais qui travaillent avec Corso (João Almeida et Ruben Guerreiro)". Les dessins cachés ? Pas encore révélés. C'est de ça dont se méfie Marc Madiot qui voit d'un très mauvais œil l'arrivée du Portugais.
Pourquoi fait-il si peur ? Agent de Cristiano Ronaldo, Jorge Mendes symbolise la folie qui s'est emparée du marché des transferts depuis quelques années dans le football. Plus de mouvements et des montants plus élevés l'ont rendu richissime. Fin 2020, Forbes estimait sa fortune à 85 millions d'euros. "Je n’ai pas envie de rentrer dans le système du foot, s'est agacé Marc Madiot au micro de RMC. Le système des agents dans le foot, c’est quoi ? C’est avoir un portefeuille de joueurs et les faire bouger le plus souvent possible pour passer au tiroir-caisse le plus souvent possible."

Jorge Mendes fait peur

Dans le cyclisme, la donne est toute autre pour les agents. Pas ou peu de transferts, nous y reviendrons, et donc pas de pourcentage sur le montant de celui-ci. C'est sur le salaire que l'agent prend un petit pourcentage. Ce qui fait dire à Madiot que Mendes ne gagnera pas "autant d'argent dans le cyclisme que dans le foot". Même si les transferts devenaient la norme, les montant seraient incomprabales avec ceux du football."Chez nous, il y a un élément extrêmement important. Nous avons des contrats à durée déterminée et on respecte la durée du contrat." Ainsi, Romain Bardet a quitté AG2R à la fin de son bail pour s'engager chez Team DSM et Thibaut Pinot ne sera pas libre avant 2023. De quoi donner de la visibilité à une marque.
"On respecte une économie. Je touche dix euros, je dépense dix euros, je ne spécule pas sur les cinq potentiels que j'aurais sur la revente potentielle d'un coureur", détaille encore le manager de la Groupama-FDJ. L'économie du cyclisme, plus vertueuse que celle du football, n'en est pas moins fragile. Faire entrer le loup dans la bergerie, c'est prendre le risque de déréguler quelque chose qui fonctionne jusqu'ici. C'est aussi prendre le risque de voir les grosses écuries s'accaparer les meilleurs coureurs. Jumbo-Visma (Roglic, Dumoulin, Van Aert…) et Ineos (Bernal, Carapaz, Geoghegan Hart, Porte, A. Yates…) sortent déjà du lot avec le système actuel. Qu'en serait-il si un coureur pouvait demander à être transféré avant la fin de son contrat vers une équipe plus renommée ?

Bernal, Dumoulin, Hirschi et les autres...

Qu'on ne se trompe pas, et Marc Madiot le sait sans doute, les transferts ont déjà fait leur apparition dans le cyclisme. Egan Bernal a ainsi quitté Androni Giocattoli pour Sky contre 300 000 euros (alors qu'il n'était qu'une très belle promesse) fin 2017. D'autres ont suivi derrière. Dernièrement, Tom Dumoulin (fin 2019) et Marc Hirschi (début 2021) ont rompu leur contrat à l'amiable avec Sunweb (devenue Team DSM). Si les transferts se généralisaient, ce genre de départs se monaieraient et avantageraient logiquement les plus riches. Le cyclisme n'a pas oublié son système vertueux de respect des contrats mais certains trouvent des moyens de les contourner. Le ver est peut-être déjà dans le fruit et si Marc Madiot s'élève si vertement, c'est peut-être qu'il sait que Mendes pourrait pousser la (mauvaise) logique plus loin.
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Marc Hirschi

Crédit: Getty Images

"Ce qu'il se passe dans le football si un joueur ne joue pas, l'agent vient mettre la pression sur l'entraîneur et sur le club, c'est insupportable !, enrage encore Madiot pour finir. Si j'avais l'agent d'un coureur qui venait m'emmerder tous les matins au départ parce que je ne donne pas un rôle de leader à Pierre, Paul ou Jacques, le mec je le mets dehors !". Le cyclisme est jusqu'ici épargné par ce genre de pratiques. Et il préfère rester dans un entre-soi qui l'en protège. Ce sport qui s'internationalise regarde toujours avec méfiance les nouveaux arrivants. Sur Jorge Mendes, les raisons de s'inquiéter sont nombreuses.
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