Thibaut Pinot, la faute bête

Thibaut Pinot avait eu tout bon jusqu'ici. Pas de chute, pas de cassure et une gentille montée en puissance à l'image de la première arrivée au sommet, mardi. Puis jeudi, patatras, sur l'étape la plus plate de ce Tour d'Espagne 2018, le Franc-Comtois a perdu gros. Il a été un des très rares leaders piégés par une bordure montée par l'équipe Sky dans le final. Résultat, une centaine de secondes de perdues sur les principaux favoris. Alors, même si l'équipe Groupama-FDJ a conservé le maillot rouge de leader sur les épaules de Rudy Molard, ce sixième acte s'est fini en soupe à la grimace. Comme l'a bien résumé Molard, "on avait prévu le vent mais pas que Thibaut perde du temps."

Sur un grand tour, il est toujours rageant de concéder du temps autrement qu'à la pédale. Thibaut Pinot a payé une faute d'inattention qui lui coûte cher. C'est d'autant plus regrettable que, jusqu'ici, le scénario de l'étape avait été parfait pour les hommes du maillot rouge. "L'échappée était parfaite pour nous, personne n'était dangereux au général, souligne le directeur sportif Franck Pineau. On avait pris nos responsabilités et jusqu'à 25 kilomètres de l'arrivée, tout allait bien pour nous."

C'est ensuite que les choses se sont gâtées, lorsque le peloton a repris les fuyards. Franck Pineau raconte : "On a traversé deux petits villages coup sur coup. Là, les Sky ont mis un gros coup de bordure et au même moment, il y a eu une chute. Ces deux événements en même temps nous ont un peu handicapés. Et c'est vrai que Thibaut n'était pas très bien placé à ce moment-là..." Le peloton s'est retrouvé scindé en deux et l'écart n'a fait que croître jusqu'à l'arrivée.

Rudy Molard, lui, s'est retrouvé bien isolé. Le maillot rouge était le seul membre de son équipe dans le premier peloton après la bordure. Cela a au moins permis à Groupama de conserver le maillot. Mais pour Pinot, le mal était fait. "L'objectif était de défendre le maillot rouge mais aussi de protéger Thibaut, peste Molard. Le rythme a accéléré à la sortie du village. Je ne sais pas ce qui s’est passé, je pensais que les gars étaient juste derrière moi puis j’ai entendu à la radio que Thibaut était derrière… Il était devant toute la journée, j’imagine qu’il s’est laissé glisser au pire moment."

C'est exactement ça. Et c'est bien ce qui fait le plus râler Franck Pineau. "C'est le seul moment de toute la journée où Thibaut redescend un peu dans le peloton et c'est là que les choses arrivent", regrette-t-il. Sur un grand tour, l'addition peut vite devenir salée, même pour une poignée de secondes d'inattention. Dommage, car Pinot, désormais relégué à plus de trois minutes de son coéquipier au classement général, perd là tout le bénéfice de son bon premier quart de Vuelta.

Mais chez Groupama-FDJ, on ne veut pas dramatiser. "Je suis déçu, c'est sûr, comme lui d'ailleurs, mais ce n'est pas la cata non plus, relativise Franck Pineau. Il n'y a eu qu'une seule arrivée au sommet pour l'instant, où Thibaut était très bien. La montagne va arriver, Thibaut est en gros à deux minutes des meilleurs. Il faut savoir se servir de ces deux minutes pour aller chercher une étape de montagne. Il sera peut-être moins marqué que certains, alors il faut rebondir là-dessus."

Pas question non plus de modifier les plans de l'équipe en vue du classement général. Même avec Rudy Molard en rouge et après l'épisode de jeudi. "Thibaut reste notre leader incontesté, tranche Pineau. Il est hors de question de changer de leader. C'est une mésaventure, c'est comme ça, ça fait partie du vélo mais ça ne change rien à son état de forme. Physiquement, il est de mieux en mieux. Thibaut, moi, j'y crois dur comme fer." C'est dit.