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Landa, Fundación Euskadi, Murias : comment le cyclisme basque reprend des couleurs

Benoît Vittek

Mis à jour 24/08/2018 à 15:24 GMT+2

TOUR D’ESPAGNE - La disparition d’Euskaltel-Euskadi avait acté fin 2013 la mort du cyclisme basque… ou presque. En 2018, une équipe euskal va de nouveau participer à un Grand Tour, avec les Euskadi-Murias sur la Vuelta. Et Mikel Landa oeuvre aussi bien sur les routes que dans les coulisses pour donner une nouvelle vitalité à l’historique Fundación Euskadi. Le cyclisme basque revit enfin.

Le Team Euskadi-Murias lors de la présentation des équipes / Vuelta 2018

Crédit: Getty Images

N’allez pas dire aux Basques qu’ils ont disparu de la scène internationale du cyclisme ! Depuis 2013 et la fin de l’équipe Euskaltel-Euskadi, c’est pourtant bien tentant : les supporters euskal ont perdu leur emblème, ce maillot orange qui emportait l’adhésion bien au-delà des terres où grandissaient les champions du cru. Depuis, penser cyclisme basque, pour beaucoup, c’est penser nostalgie. C’est se demander : “Où sont les successeurs d’Iban Mayo, d’Unai et David Etxebarria, Roberto Laiseka, Samuel Sanchez, Igor Anton ? Tous ces hommes en orange qui faisaient se lever les foules lorsqu’ils partaient à l’assaut de la montagne, qui est venu prendre leur relève ?”
Mais les acteurs du cyclisme basque sont trop vigoureux pour mourir, ou pour l’admettre. Ils vous rétorqueront, à juste titre, que des coureurs comme Mikel Landa, les frères Izagirre ou Omar Fraile sont des cadors du peloton actuel. Que le Tour du Pays basque et la Clásica San Sebastián continuent d’attirer de grands champions année après année. Que la scène locale est extrêmement active, avec de nouveaux projets qui visent les sommets. Et que les maillots orange de feu Euskaltel-Euskadi sont toujours omniprésents pour colorer les bords de routes ; la 20e étape du Tour de France, pour son retour en territoire basque, en a été l’illustration et la 17e étape de la prochaine Vuelta, avec traversée de Bilbao en route vers la redoutable arrivée à Balcon de Bizkaia, en sera une autre. Et les acteurs locaux promettent des lendemains plus chantants encore.
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Roberto Laiseka

Crédit: Getty Images

Mikel, qui a grandi avec la Fundacion, ne voulait pas que tout tombe à l’eau
Pour commencer, la Fundación Euskadi a peut-être perdu sa place avec le retrait d’Euskaltel mais elle n’a pas cessé d’oeuvrer pour autant. Mieux, elle est sur la pente ascendante, a retrouvé un statut professionnel en 2018 (au niveau Continental, la 3e division du cyclisme international) et même un ange gardien : l’étoile locale Mikel Landa, nouveau patron de la Fundación depuis un peu moins d’un an - et accessoirement bienfaiteur qui a amené avec lui des sponsors et des fonds. Les maillots oranges sont de retour dans les pelotons professionnels, et ceux qui les portent rêvent à nouveau de Tour de France, entraînés par le grimpeur de la Movistar, lui-même 4e et 7e des deux dernières éditions de la Grande Boucle.
"Mikel et son agent (Jesus Ezkurdia) sont des amis”, nous explique aujourd’hui Jorge Azanza, ex-coureur laissé sur le bas côté du cyclisme professionnel par le retrait d’Euskaltel en 2013, aujourd’hui directeur sportif de la Fundación renaissante. “Je leur ai expliqué l’année dernière que la situation était mauvaise et Mikel, qui a lui même grandi avec la Fundación, ne voulait pas que tout tombe à l’eau.” Dans l’esprit d’Azanza, il s’agit de préserver la structure amateure qui a survécu lorsque l’équipe professionnelle s’est éteinte. Landa et son entourage vont aller plus loin en redonnant à l’équipe un statut professionnel qui nourrit les fantasmes : “Le Tour, c’est un rêve pour tous”, admet Azanza. “Mais le premier objectif, c’est que les talents basques aient des opportunités.
À 28 ans et avec un contrat multimillionnaire dans l’équipe-phare de son pays, Mikel Landa n’est naturellement pas un président très présent. “La priorité, c’est sa carrière sportive”, explique Jorge Azanza. “Mais il s’appuie sur son manager, et sur moi pour la partie sportive, il est toujours en contact avec nous et avec les coureurs. Son implication est une source de motivation incroyable pour tout le monde.” Pas forcément discret, mais tout de même mystérieux, Mikel Landa a imposé à l’Espagne son talent sportif au moment de tourner la page de la génération Contador-Purito-Valverde-Freire-et-consorts, mais aussi un personnage intelligent, séduisant, charismatique et qui a visiblement de la suite dans les idées. Toute une région peut aujourd’hui en profiter.

Murias, le retour d’Euskadi sur la Vuelta

La formation Euskadi-Murias se débrouille elle sans le nouveau héros basque, mais elle a un peu d’avance sur la Fundación. Cette année, elle va découvrir la Vuelta. Sans maillot orange, mais avec une “équipe jeune et équilibrée”, selon son directeur sportif Jon Odriozola, pour incarner un nouvel élan basque sur le Grand Tour espagnol.
"Participer à la Vuelta, c’est un rêve qui me suit depuis la création de l’équipe”, explique encore Odriozola, à la tête du projet Euskadi-Murias depuis sa naissance en 2015 après avoir déjà participé aux trois grands tours en tant que coureur (il accompagnait notamment Abraham Olano lors de sa victoire sur la Vuelta 1998 avec les couleurs de la Banesto) puis comme directeur sportif d’Euskaltel-Euskadi. “Un rêve, et presque une obligation”, poursuit-il. “Ici, le cyclisme se vit d’une manière particulière et il manquait seulement un projet comme celui d’Euskadi-Murias pour reprendre place sur le devant de la scène.”
Dans ce contexte, “pas de doute”, la 17e étape de la Vuelta au Pays basque sera “notre étape-reine. La Vuelta à Bilbao, pour une équipe qui porte le nom d’Euskadi, il n’y a pas de mots.” Odriozola tempère tout de même les attentes, “il sera difficile d’obtenir un résultat” sur un parcours montagneux, et alors que ses hommes seront particulièrement observés ce jour-là. Il n’en espère pas moins briller pendant trois semaines, notamment via son sprinteur Jon Aberasturi, qui a fait ses classes à la Fundacion Euskadi avant de connaître une nouvelle vie au Japon, au sein du Team Ukyo (l’équipe appartenant à l’ancien pilote automobile et de Formule 1 Ukyo Katayama), et de revenir au pays lorsqu’Euskadi Murias a atteint le niveau Pro Conti cette année. Le cyclisme basque est mort ? Vive le cyclisme basque !
Mikel Landa (Movistar)
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