Tour d'Espagne - Tim Wellens frustre Guillaume Martin au sprint, Primoz Roglic grappille

"Notre mission est de faire de Guillaume un gagnant." Voilà l’objectif fixé par Cédric Vasseur à Guillaume Martin, au départ de cette Vuelta. Le grimpeur de la Cofidis a failli le remplir dès la 5e étape, ce samedi à Sabiñanigo. Mais il est tombé sur meilleur puncheur que lui, battu par Tim Wellens (Lotto-Soudal), dans un final à trois. Primoz Roglic a quant à lui profité du dernier repecho pour prendre quelques longueurs d’avance sur ses rivaux... un avantage qui n'a pas été comptabilisé, en raison d’une chute de Dan Martin.

Dans cette étape partie de Huesca et longue de 184,4 km, la Jumbo-Visma du leader de la course a adopté une stratégie relativement rare. Plutôt que de contrôler la formation de l’échappée, puis l’écart avec celle-ci en fonction de sa composition, elle a décidé de placer des hommes à l’avant. Dont un sacré grimpeur.

C’est d’abord Jonas Vingegaard qui a représenté l’équipe néerlandaise dans un groupe de 14 qui n’a jamais pris plus de 40 secondes de marge, lors d’une entame supersonique (52,6 km parcourus durant la première heure). Puis c’est Sepp Kuss, 6e du général à 44 secondes de son leader, qui s’est glissé dans le bon coup, à 90 bornes de l’arrivée.

Juste avant les premiers reliefs de cette étape, d’abord plate puis accidentée, l’échappée de douze coureurs a explosé. Objectif : lâcher Kuss et Andrea Bagioli (Deceuninck-Quick Step), également dangereux à moins de 3 minutes du maillot rouge. Wellens a réussi à faire le break avec Thymen Arensman, l’un des trois Sunweb présents à l’avant. Guillaume Martin, membre des deux échappées importantes de cette étape et en quête d'un premier succès avec Cofidis, les a pris en chasse, avec un temps de retard.

Le onzième du dernier Tour de France, qui évolue en marge du général sur cette Vuelta (déjà pointé à 10 minutes ce matin) a compté jusqu’à 30 secondes de retard. Mais il a réussi à faire le jump avec le duo de tête, dans le premier col de deuxième catégorie du jour. On a vite compris que les trois hommes iraient au bout, Ineos Grenadiers se contentant de faire l’effort pour reprendre Kuss, resté quelques minutes intercalé avec cinq coureurs.

Dans le final, la Total Direct Energie a bien fait fondre l’écart de 4’30" à 3 minutes. Mais personne n’a collaboré avec elle. L’affaire était entendue. Tim Wellens, Guillaume Martin et le jeune Thymen Arensman (20 ans, 2e du Tour de l’Avenir 2018) sont arrivés au pied de la côte finale certains de se jouer le bouquet.

Arensman a attaqué le premier. Wellens a sauté dans sa roue, alors que Martin a eu plus de mal. Puis le Belge a porté l’estocade, décrochant le 29e succès de sa carrière, le premier lors d’un Tour d’Espagne qu’il découvre, et réussissant un joli coup double. Il se vêt en effet du maillot blanc à pois bleus de meilleur grimpeur à l’issue de ce cinquième jour de course.

Aérien, Primoz Roglic a coupé la ligne 2’13" plus tard, une seconde avant Felix Grossschartner (Bora-Hansgrohe) et, notamment, quatre avant Richard Carapaz (Ineos Grenadiers). Une avance qui n’a pas été répercutée au classement général. Plusieurs coureurs, dont David Gaudu (Groupama-FDJ) et surtout Dan Martin, ayant chuté à quelques hectomètres de la ligne (et donc dans les trois derniers kilomètres), tous les cadors ont été considérés dans le même temps à l’arrivée.

Le leader d’Israel Start-Up Nation, vainqueur de la 3e étape et deuxième de la course au maillot rouge, reste ainsi à 5 secondes de Roglic. Carapaz complète le podium, à 13 secondes. Dimanche, ils s’expliqueront en haute altitude en direction de Formigal. Guillaume Martin, de son côté, pourra soit récupérer soit repartir à l’attaque. Son objectif lui offre ce luxe. Mais il lui reste à le remplir.