La Vuelta - De l’audace et du sang : Ce drôle de Monsieur Primoz Roglic condensé dans le final de la 16e étape

TOUR D’ESPAGNE - Primoz Roglic n’a eu de cesse de nous surprendre, mardi lors de la 16e étape à Tomares. Via une offensive pleine d’audace, puis via une chute encore plus inattendue. Résultat : il a gagné 8" sur le maillot rouge, Remco Evenepoel, mais il a peut-être perdu… la Vuelta. Le tout en quatre minutes qui lui ressemblent, à défaut de dépeindre sa carrière, trop brillante pour cela.

Attaque puis gadin de Roglic, problème mécanique d’Evenepoel : l’incroyable final en vidéo

Video credit: Eurosport

"Sans risque, pas de gloire." La devise est de Primoz Roglic. Ce mardi, il l’a illustrée dans des proportions insoupçonnables jusqu’à 100 mètres de l’arrivée, un an après l’avoir prononcée. Le Slovène est passé à l’attaque à 2,7 kilomètres du terme d’une 16e étape qui semblait destinée aux sprinters. Certes, le final musclé demandait de la vigilance aux prétendants au sacre. Mais une attaque de l’un d’eux n’était pas à l’ordre du jour, si l’on s’en tient aux codes du cyclisme moderne… bousculés ces temps-ci. Le Slovène leur a encore mis un sacré coup de pied aux fesses à Tomares, par cette offensive.
Mais jusque-là, rien d’homérique. La suite, c’est quatre minutes d’une intense incertitude, dans un saisissant contraste avec 187 premières bornes propices à la somnolence. Roglic a réussi son coup, parvenant à lâcher tout le monde, sauf quatre candidats au bouquet empoché par Mads Pedersen. Parfait pour creuser l’écart avec le peloton, au sein duquel – premier coup de théâtre – le maillot rouge Remco Evenepoel a "déploré" un ennui mécanique. Le Belge a pu terminer à son rythme, sachant qu’il serait crédité du temps du groupe principal. Pendant ce temps-là, "Rogla" se démenait…
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Roglic groggy dans l'aire d'arrivée, Evenepoel vient aux nouvelles

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Gloire et surnom

Jusqu’à l’ultime rebondissement : une chute improbable du chef de file de la Jumbo-Visma, à la lutte avec Fred Wright dans la dernière ligne droite. Escorté par son coéquipier Mike Teunissen, le triple tenant du titre a péniblement franchi la ligne, avant de s’asseoir, groggy, dans l’aire d’arrivée. Le coude et le genou droits ensanglantés. Quelques minutes plus tard, Evenepoel, son rival, est venu aux nouvelles. Mais l’acteur principal de cet épilogue renversant n’était pas en mesure de lui en donner. Bilan comptable ? Il a gagné huit secondes dans cette entreprise improbable qui le définit.
Parce que Roglic est un drôle de Monsieur du peloton. On l’a d’abord appelé "l’ancien sauteur à ski", jusqu’à ce que sa place grandissante dans le cyclisme mondial soit incompatible avec un vulgaire sobriquet. On lui a un temps accolé l’image du sprinter des montagnes, qui achève froidement le travail d’un collectif grâce à son punch, avant de voir en lui, au contraire, un coureur plein de panache. En témoigne la façon dont il a gagné le Tour d’Espagne 2021, n’hésitant pas à accompagner l’offensive au long cours – et un poil désespérée – d’Egan Bernal, en direction des Lacs de Covadonga.
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Calme plat, épiloque hallucinant et Pedersen encore gagnant : le résumé de la 16e étape

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Déboires et... abandon ?

On a aussi en tête des images de lui, cuissard déchiré, hémoglobine à l’air libre, à la poursuite d’un Paris-Nice 2021 qui lui échappe. Parce que Roglic c’est également ça : des chutes à répétition et un doute légitime sur ses talents de pilote. Comme si, à défaut de toujours lui coller à la peau, son passé de sportif sans vélo n’était jamais loin de le rattraper. Mardi, c’est un peu de tout cela qui nous a offert un grand moment. On ne sait pas si le Slovène de 32 ans (2e à 1'26") a perdu son sceptre de roi d’Espagne, au gré de son coup de folie, ou s’il s’est au contraire rapproché du quadruplé.
Dans la soirée de mardi, la Jumbo-Visma a ainsi confirmé qu’il était "blessé", sans transmettre plus d’information sur son genou ni son coude, précisant qu'une décision quant à un éventuel abandon serait prise ce mercredi matin. Chant du cygne – à l’échelle de ce Tour d’Espagne – majestueux coup d’épée dans l’eau ou poursuite d’une remontée fantastique qui le verra triompher de Remco Evenepoel, dimanche à Madrid ? On ne sait pas encore ce qu’a réalisé Primoz Roglic, en cette 16e étape brutalement devenue emballante. Mais on sait déjà qu’il a fait du Primoz Roglic.
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Un scénario dingue et le calvaire de Roglic : le résumé de l'ultime étape

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