Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Vuelta 2023 - Jonas Vingegaard, grand seigneur ou grand vainqueur ?

Julien Chesnais

Mis à jour 14/09/2023 à 11:24 GMT+2

Les étapes de montagne passent et la tendance se confirme : Jonas Vingegaard est bel et bien le patron de cette Vuelta. Si le Danois a laissé la victoire du jour à Primoz Roglic et le maillot rouge à Sepp Kuss au sommet de l'Angliru, il a plus que jamais les clés en main pour remporter la Vuelta. Revenu à 8" de l'Américain, il pourrait prendre le pouvoir dès jeudi. À condition de le vouloir.

Vingegaard : "J'adorerais voir Sepp Kuss remporter cette Vuelta"

Chez Jumbo-Visma, tout le monde peut trouver une raison d'être content à l'issue de la 17e étape. Le collectif jaune et noir a signé un nouveau triplé à l'Angliru, cinq jours après le Tourmalet. Primoz Roglic a eu sa victoire - au lendemain de s'être fait griller la politesse par Jonas Vingegaard, qui avait attaqué le premier. Sepp Kuss est toujours en rouge. Et Vingegaard a plus que jamais les clés en main pour remporter cette Vuelta.
Mais la tendance qui se dessinait depuis quelques jours s'est confirmée sur les pentes infâmes de l'Angliru. Le patron en Espagne, c'est Vingegaard. Après ses triomphes en solitaire au Tourmalet et à Bejes, le Danois a cette fois joué le "bon seigneur" en laissant la gagne à Primoz Roglic. S'il n'était pas son coéquipier, il fait peu de doute qu'il aurait pu le coiffer à un moment donné. Mais il s'est contenté de suivre l'accélération du Slovène, sans jamais le relayer et sans lui disputer le sprint. De quoi éviter de sérieux maux de tête au service de communication de Jumbo-Visma, qui distille les bons tweets pour montrer que la ruche vit bien et désamorcer toute polémique éventuelle. Kuss parle à la radio alors qu'il ne peut plus suivre Roglic et Vingegaard ? C'est parce qu'il leur a intimé d'y aller, forcément !
Les concernés sur le vélo, eux aussi, jouent parfaitement le service après-vente. Kuss, maillot rouge distancé par ses équipiers, aime à rappeler qu'il est un sans-grade qui n'aurait jamais envisagé de pouvoir se retrouver dans une position pareille à quatre jours de l'arrivée d'un grand tour. Alors, il semble dire amen à tout. Et Vingegaard de confier, juré craché, qu'il adorerait voir Kuss "remporter cette Vuelta" pour tous les (énormes) services rendus par l'Américain. On a pourtant connu plus serviable que Vingegaard niveau coéquipier.
Rien ne l'empêchait de rester au côté de Kuss alors que tous les adversaires de la Jumbo étaient déjà décrochés dans les derniers kilomètres de l'Angliru. Non, il a préféré suivre Roglic. Chez les Jumbo, c'était chacun pour sa pomme dans l'Angliru. Et ce n'est pas plus mal, au fond. Remporter la victoire en se faisant "baby-sitter" par Vingegaard et Roglic, ça ne grandirait ni Kuss, ni la Vuelta. Vingegaard dit espérer que Kuss "va garder le maillot". Mais pas n'importe comment, visiblement.

Vingegaard a les clés en main

On pourra juger plus clairement, jeudi, de la sincérité des propos du Danois lors de la dernière arrivée au sommet de cette Vuelta. La double ascension du Puerto de la Cruz (8,3km à 8,6%) est suffisamment rude pour faire de nouvelles différences. Si Vingegaard tient vraiment à faire gagner Kuss, il restera auprès de lui. Mais le fait est qu'il semble en capacité, et largement, de combler ses 8 secondes de retard sur l'Américain. Les clés de cette Vuelta sont entre les mains du Danois. Pas dans celles de Kuss. À moins que le dernier mot revienne à la direction de Jumbo-Visma… Mais peut-elle aller vraiment aller à l'encontre de son leader principal, si son ambition profonde est de finir en rouge ?
picture

Son attaque, son arrivée et son émotion : Vingegaard a encore fait le show

Cette Vuelta peut donc aussi se jouer sur le terrain politique. Récompenser le dévouement d'un équipier serait évidemment louable. Mais un grand tour, graal des cyclistes, peut-il vraiment s'offrir ? C'est déjà beaucoup, mais Jonas Vingegaard n'est pour l'heure que l'homme du Tour. Cette Vuelta est pour lui l'occasion de s'émanciper de cette étiquette assez réductrice vu la saison assez incroyable qu'il réalise - il est parmi les équipes World Tour le 2e coureur le plus victorieux (15) derrière Tadej Pogacar (16).

Il peut réaliser le premier doublé Tour-Vuelta depuis 2017

Après avoir couru derrière puis imité le Slovène en gagnant un 2e Tour de France cet été, il peut désormais prendre les devants sur son grand rival en devenant le premier du binôme à s'imposer sur un autre grand tour. Il serait aussi le premier à remporter deux courses de trois semaines une même année. Une prouesse que Chris Froome est le dernier à avoir réalisé, en 2017, avec lui aussi un doublé Tour-Vuelta.
Vingegaard n'a pas encore l'âge (26) pour distribuer les cadeaux. Il n'est pas le Bernard Hinault de 1986, à pouvoir promettre un Maillot Jaune à Greg Lemond. Son palmarès reste en grande partie à bâtir. Mais "Vigo" n'a peut-être pas envie de passer pour un Blaireau. Laisser Kuss en rouge serait un acte d'une grande classe. L'oeuvre d'un leader au grand coeur. Elle forgerait sa réputation de seigneur. Une manière d'écrire une autre histoire, d'afficher un autre visage que lors du dernier Tour, où ses performances ont fait gonfler le cercle des sceptiques.
picture

Sepp Kuss se queda descolgado de Primoz Roglic y Jonas Vingegaard en las últimas rampas del Angliru de la 17ª etapa de la Vuelta a España 2023

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité