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Tour d'Italie - En panne sèche de victoire depuis un an, Peter Sagan est en quête du succès au Giro

Benoît Vittek

Mis à jour 08/10/2020 à 13:22 GMT+2

GIRO - Invité de luxe du Giro d'Italia, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) cherche à renouer avec le succès qui le fuit sur le Tour de France et les classiques, qu'il snobe cette saison.

Peter Sagan lors du Tour d'Italie 2020

Crédit: Getty Images

Vert, azzurro, ciclamino ou d'élégants liserés arc-en-ciel : tel Arlecchino, le clown triste de la commedia dell'arte, Peter Sagan se pare de toutes les couleurs devant les amoureux de la Petite Reine si souvent émerveillés par ses exploits en tous genres. Mais le champion de 30 ans ne gagne plus. Il n'a plus levé les bras depuis la 5e étape du Tour de France 2019. C'était il y a 15 mois. On le connaissait omnipotent, le voilà impuissant. Et, sans les jambes de feu qui justifiaient ses facéties, la magie n’opère plus vraiment.
Après avoir rallié Paris sans le maillot vert sur les épaules - une première, après 7 triomphes au classement par points - le voilà donc en Italie, sur les routes du Giro pour la première fois de sa carrière. Il pourrait sembler incongru que la relation entre Sagan et RCS (organisateur du Giro, mais aussi de Milan-Sanremo, de Tirreno-Adriatico et des épreuves émiraties qui attirent les têtes d’affiche contre une prime) ne l’ait jamais mené à la Corsa Rosa. Cela répondait à une logique sportive et économique : après la campagne des classiques et la coupure qui suivait, le Slovaque prenait la direction des États-Unis, où il était traité en “King” et pouvait préparer le Tour de France.
Sur ce Giro réorganisé en octobre, une nouvelle logique économique s’impose, en attendant de voir si le sportif va coexister dans la remontée vers Milan. RCS et la capitale lombarde ont misé depuis plus d’un an sur l’impact de la star slovaque. Sagan est un clown revendiqué, prêt à endosser différents rôles et surtout celui d'amuseur pour divertir ceux qui l’entourent. Pour la promotion du Giro, il s’est réinventé en tenor d’opéra, en critique d’art, en tailleur de costume et en chef cuisinier. Conclusion publicitaire : passé maître de l’art de vivre à l’italienne, “Peter est prêt pour le Giro”.
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Peter Sagan lors du Tour d'Italie 2020

Crédit: Getty Images

70 jours de course sans victoire

Sur les routes siciliennes, on l’a vu faire des efforts devant les tifosi. Dès le contre-la-montre d’ouverture, il visait le maillot de meilleur grimpeur, en bon invité qui cherche à animer la course. À ce petit jeu, il a perdu contre Rick Zabel. Le lendemain, il cherchait la victoire d’étape, avec la Maglia Ciclamino en bonus. Il a pris la leçon par Diego Ulissi : “Je n’ai pas perdu pour un centimètre, il gagne avec quatre vélos d’avance”, constatait le Slovaque à l’arrivée, tout en considérant qu’il aurait pu mieux jouer le coup dans le final plutôt que de revenir à contretemps sur l’Italien vainqueur à Agrigente.
Frustré par Ulissi, Sagan a brièvement hérité de l’Azzurro (classement de la montagne). Il l’a ensuite troqué pour le Ciclamino (classement par points), au prix d’une nouvelle frustration, cette fois derrière Arnaud Démare (Groupama-FDJ). “C’est le sprint, moi aussi j’ai gagné pour quelques millimètres parfois, et parfois j’ai perdu”, expliquait-il à Villafranca Tirrena, toujours prêt à relativiser ses victoires comme ses défaites.
Désormais, il doit s’employer à faire contre mauvaise fortune bon gré. La star continue d’être au centre des attentions mais le coureur n’a plus grand chose à raconter, privé de succès lors de ses 70 derniers jours de course, la plus longue disette de sa carrière. Il avait couru 58 fois sans gagner entre le Championnat de Slovaquie 2014 et Tirreno-Adriatico 2015, mais c’était l’époque où il accumulait les places d’honneur, ce qui n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui (5 fois dans le top 3 en 48 jours de course en 2020). Au passage, il avait aussi remporté le classement par points du Tour de France.
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Sagan, Ballerini, Démare : trois hommes pour la gagne sur la 4e étape du Giro 2020

Crédit: Getty Images

Sagan fait le spectacle, aux autres de faire le boulot

Depuis, Peter Sagan a connu deux traumatismes consécutifs : sa lourde chute dans la descente du col de Val-Louron, dans la 17e étape du Tour de France 2018, une semaine seulement après l’annonce de sa séparation avec la mère de son fils Marlon. Le Slovaque a tout de même remporté le maillot vert cet été-là mais il n'a levé les bras que quatre fois depuis. Il s’est longtemps plaint des séquelles de sa chute.
Il ne retrouve pas ses sensations”, constatait son entraÎneur Patxi Vila (qui a rejoint la Movistar l'hiver dernier) début 2019. Bora n'en a pas moins gardé foi en sa star. Sur le Tour 2020, l’équipe allemande, privée d’ambitions au général, s’est souvent mise à son service intégral. Et le Slovaque a échoué à conclure, notamment à Poitiers, lorsqu’il a vigoureusement écarté Wout van Aert (Jumbo-Visma) avant d’être déclassé par les commissaires de course.
À force d’efforts vains, il semblait surtout que l’équipe Bora courait pour pouvoir dire : “Regardez, on fait tout pour Sagan.” Pour sauver leur Tour, il a fallu compter sur la jeunesse allemande, incarnée à Villard-de-Lans par Lennard Kämna. En 2021, il sera notamment rejoint par son compatriote Nils Politt (26 ans), taillé pour briller sur les Flandriennes que Sagan délaisse cette année.
Politt offre de véritables garanties sportives à l’équipe Bora tout en permettant à Sagan d’exister hors-cadre, entre ambitions et représentations. Mais l’un va souvent avec l’autre, comme le montre ce début de Giro. En attendant que Sagan retrouve le succès, l’Italie s’est trouvé une autre tête d’affiche, qui connaît également l’arc-en-ciel, le Rosa et maintenant l’azzurro : Filippo Ganna, alias Top Ganna !
Peter Sagan lors du Tour d'Italie 2020
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