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Tour d'Italie - Un Giro qui semblait perdu : 2016, l'exploit du "fuoriclasse" Vincenzo Nibali

Christophe Gaudot

Mis à jour 20/05/2020 à 16:09 GMT+2

TOUR D'ITALIE - En 2016, Vincenzo Nibali a remporté un Giro qu'il semblait avoir perdu. Renverser des situations, briller là où on ne l'attend pas, faire le spectacle, c'est le style Nibali. Un champion exceptionnel qui marque son temps.

Vincenzo Nibali après sa victoire sur le Giro 2016.

Crédit: AFP

Du 9 au 31 mai, Eurosport vous propose les "Giro d'Italia classics Stages", 21 étapes folles des dernières éditions. Depuis mardi et jusqu'à jeudi, place au Giro 2016 et à la victoire de Vincenzo Nibali au bout d'un scénario somptueux.
"Fuoriclasse". Derrière ce mot italien utilisé par des journalistes qui ne parlent pas la langue de Dante se cache une définition floue. Un "fuoriclasse" est-il un champion ou un coureur au style exceptionnel ? Vincenzo Nibali a résolu l'équation : il est un champion, pour sûr, et sur le vélo il dégage quelque chose d'unique. Chacune de ses victoires, ou presque, a été marquée par le sceau de la classe. Du Tour de France 2014 à Milan-Sanremo 2018 en passant évidemment par le Giro 2016.
Depuis le début de sa carrière, Vincenzo Nibali a levé les bras à 52 reprises, en France, à Oman, en Slovénie, en Croatie, en Espagne et même en Argentine mais surtout en Italie. Ses succès transalpins (32) représentent plus de 60% de son total. A l'exception très notable de sa Vuelta et de son Tour de France, Nibali a construit son palmarès chez lui. Le Sicilien a fait de la botte son terrain de jeu favori. C'est là qu'il a le plus souvent fait parler son romantisme et son goût pour les scénarios inattendus.

Le panache du champion

Avant d'évoquer Nibali l'Italien, saluons sa performance sur le Tour de France 2014. Les esprits chagrins rappelleront que les abandons de Chris Froome et Alberto Contador l'ont bien aidé à dominer une concurrence faible (Péraud et le jeune Pinot sur le podium). Les amoureux du spectacle se plairont à noter qu'il a remporté quatre étapes et fait le show à Sheffield, sur les pavés et en haute montagne. Nibali, c'est ça : il vous fait lever de votre canapé à peu près partout.
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Vincenzo Nibali, vainqueur de Milan-SanRemo.

Crédit: Getty Images

Sa victoire sur Milan-Sanremo 2018 est peut-être à ce jour l'image la plus marquante de sa carrière. Paradoxal pour un coureur de Grands Tours mais tellement logique au regard de son amour personnel pour cette course. Nibali seul volant vers la victoire sur la Via Roma, il n'y a pas beaucoup d'observateurs des choses du cyclisme pour vous dire que ce n'est pas une image magnifique.
C'est tout sauf un hasard si le Requin de Messine possède à son palmarès toutes les plus grandes courses italiennes du calendrier, de la Primavera au Tour de Lombardie en passant par le Giro évidemment mais aussi Tirreno-Adriatico. Et si en 2020, l'espoir de le voir participer à Paris-Roubaix existait, il a calmé les ardeurs en annonçant qu'il serait présent sur le Tour d'Italie. Nibali est attaché à son pays autant qu'il l'est à l'histoire de son sport. Ce sport qu'il a si souvent célébré en faisant preuve de panache et en renversant des situations qui semblaient perdues. Comme sur le Giro 2016.

Comme Simoni, Savoldelli et Basso

Vainqueur de son tour national en 2013, Nibali y revenait après trois ans ans d'infidélité pour rejoindre au palmarès ses prédécesseurs de la décennie 2000, Gilberto Simoni, Paolo Savoldelli et Ivan Basso, doubles vainqueurs. En son absence, la Colombie grâce à Quintana et l'Espagne par l'intermédiaire d'Alberto Contador y avaient planté leur drapeau. Il fallait remettre l'église au centre du village.
Ceint du maillot de champion d'Italie, Nibali a souffert pendant deux semaines et demi. Des problèmes gastriques, un Kruijswijk déchaîné, un Chaves aérien en montagne, un Valverde toujours fringant, autant de problèmes qui ont conduit à la perte du leader d'Astana, relégué à 4'43'' du maillot rose au soir de la 18e étape. Un gouffre avec seulement deux étapes de montagne encore à parcourir. Une mission impossible ? Pas pour Nibali.

Kruijswijk et le mur de glace

Le Col d'Agnel (2 774 m) et la montée vers Risoul, voilà pour le menu copieux de la 19e étape. Un menu auquel il faut ajouter un invité surprise : la neige et même la glace ! Le maillot rose, Steven Kruijswijk, l'a d'ailleurs goûtée de près dans la descente d'Agnel. Venu heurter le mur de glace entourant la route, le Néerlandais a fait un soleil spectaculaire et s'est trouvé largué par ses adversaires. A l'avant, dans la montée vers Risoul, Nibali faisait le spectacle et larguait Esteban Chaves. L'Italien remportait l'étape mais c'est le Colombien qui se parait de rose. Partie remise.
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Mur de glace, Nibali offensif, maillot rose désarçonné : la 19e étape du Giro 2016 était folle

Le lendemain on se dit que le Squale va tout faire péter, que les cols de Vars et de la Bonette seront deux terrains de jeu parfaits. Il faudra attendre l'ultime montée, la Lombarde et un troisième passage au-dessus des 2 000 mètres, pour le voir porter l'estocade. En fin tacticien et avec une équipe Astana de feu, le regretté Michele Scarponi en tête, Nibali use ses adversaires avant de les crucifier. Il avait 1'43'' de retard sur Chaves deux jours plus tôt, il a repris 2'35'' au Colombien. Kruijswijk le devançait de 4 minutes et 43 secondes ? Nibali l'a repoussé à 1'50'' à la veille de l'arrivée. Stupéfiant et tellement Nibali.
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