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Evans avait tout prévu

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 24/07/2011 à 09:59 GMT+2

Cadel Evans touche au but. Et au rêve. Sa victoire, c'est celle de la méthode. Une méthode patiemment et savamment appliquée. Enfin lâché par la poisse sur le Tour, l'Australien a pu construire sa victoire en stratège. Mais il a aussi su prendre des risques quand il le fallait, comme au Galibier.

Cadel Evans

Crédit: AFP

S'il fallait retenir seulement un mot pour qualifier la victoire de Cadel Evans dans ce Tour 2011, ce serait "méthodique". Un vent de folie a parfois soufflé sur cette 98e édition mais, au final, son vainqueur aura été l'homme le plus méticuleux, le plus appliqué, le plus solide et le plus complet. Peut-être pas le plus brillant, ça non, mais le plus fort, tout simplement. "C'est un digne vainqueur, résume Alberto Contador. Sa manière de courir n'est pas spectaculaire mais il a montré qu'il était très fort, il a disputé de très belles étapes".
Invité à commenter ses trois semaines de course samedi soir, Evans a eu cette phrase: "J'ai fait un Tour cohérent." On ne saurait dire mieux. "Ça a été la clé de la course", ajoute-t-il. Il a raison. Malgré quelques pépins par ci par là, comme son problème mécanique dans le Télégraphe vendredi, il a, contrairement à tous ses adversaires, évité les fautes. Celles qui vous coûtent un Tour. Le Tour parfait n'existe pas mais Evans s'en est approché. Et ce n'est pas le fruit du hasard. "C'est l'aboutissement d'un long processus, explique John Lelangue, le manager de l'équipe BMC. On a bâti ce projet autour de Cadel voilà deux ans et tout le monde s'est mis à 100% derrière lui." "Cette année, confirme Evans, nous avons planifié soigneusement: sur l'équipe, dans les stages, l'équipementier, les ingénieurs.... Tout le monde a beaucoup travaillé pour me donner le meilleur vélo de contre-la-montre. Il y a eu beaucoup de préparation."
"Je suis triste que Sassi ne soit pas là"
Mais pour triompher enfin sur cette épreuve qui a si longtemps pris un malin plaisir à faire semblant de s'offrir à lui, Cadel Evans a surtout dû vaincre ses propres démons. Il a battu Contador, les Schleck et tous les autres. Mais il s'est surtout battu contre lui-même. Derrière sa voix douce et basse, l'Australien cache un caractère stressé. "Nous sommes le produit de l'environnement qui nous entoure, reprend l'ancien vététiste. Quand les choses se passent mal, je deviens nerveux. C'est normal. John Lelangue est aussi quelqu'un qui n'est pas nerveux et ça m'aide." Et comme la poisse lui a souvent collé à la selle sur le Tour, il a eu peur, jusqu'au bout, qu'un grain de sable vienne encore enrayer la machine. "Dans le Galibier, jeudi, j'ai eu peur que ça m'échappe, avoue-t-il. J'ai essayé de garder mon calme."
picture

Cycling TDF 2011 Cadel Evans Crono Grenoble

Crédit: LaPresse

S'il y a vraiment un moment où Evans a été grand dans ce Tour, c'est là. Isolé, mal en point, il a pris son destin à pleines mains. A lui seul, il a bouché deux des quatre minutes de handicap sur Andy Schleck. Il a gagné le Tour samedi, mais il avait d'abord réussi à ne pas le perdre dans le Galibier. "C'était une étape dure et Andy a attaqué de si loin que j'ai eu du mal", explique-t-il. Ce fut sa grandeur à lui. Sa façon d'avoir du panache. Cette question, si souvent mise sur le tapis quand il s'agit d'Evans, laisse John Lelangue de marbre. "J'entends ces choses, sur le fait que Cadel n'a pas attaqué parait-il. Ça ne me touche pas. Nous, on avait un plan et on l'a suivi jusqu'au bout. Il ne devait pas être si mauvais puisque Cadel est en jaune. Mais vous savez, c'est comme au football, les gens pensent toujours qu'ils ont raison et qu'ils sont meilleurs que l'entraineur."
De toute façon, aucune critique ne peut atteindre Cadel Evans aujourd'hui. A 34 ans passés, il va atteindre dimanche le but de toute une carrière, si ce n'est de toute une vie. Alors il se fout pas mal de ne pas avoir le sens de la conquête d'un Merckx ou le style d'un Coppi. Il est Cadel Evans et il va gagner le Tour. Mine de rien, il entre dans le club des champions comptant à leur palmarès le Tour et le Championnat du monde. Le jaune et l'arc-en-ciel. Pour un coureur que l'on dit terne, ce n'est pas mal. Cela suffit à le classer parmi les grands de sa génération. Comme le lui avait dit Aldo Sassi, son entraîneur italien, récemment décédé. En évoquant cet homme qui a tant compté pour lui, Evans n'a pu retenir ses larmes samedi. "Quand j'ai commencé les courses sur route, c'est Aldo Sassi qui a toujours cru en moi, plus que je ne croyais en moi-même. Il m'a dit l'année dernière: 'J'espère que tu vas gagner le Tour, tu en es capable. C'est la course la plus prestigieuse. Si tu gagnes, tu seras le coureur le plus complet de ta génération'. J'aurais aimé qu'il soit là. Je suis triste qu'il ne soit pas là."
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