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"Je pouvais à peine pédaler", "comparable à rien d'autre", "moins de 10 km/h" : la Loze, cet enfer

Laurent Vergne

Mis à jour 16/09/2020 à 20:41 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Le col de la Loze, annoncé comme infernal, n'a vraiment pas déçu. La partie finale, notamment. Ces derniers kilomètres abruptes, entre ruptures de pentes et pourcentages délirants. Même les hommes les plus forts de ce Tour ont dû cravacher pour rallier l'arrivée. C'est peut-être une ascension-culte qui est née ce mercredi sur les routes de la Grande Boucle.

Miguel Angel Lopez sur la rampe finale, et terrible, du col de la Loze.

Crédit: Getty Images

"C'est le col du XXIe siècle", avait lancé, un peu grandiloquent, Christian Prudhomme, lors de la présentation du parcours du Tour 2020 en octobre dernier. Thierry Gouvenou, l'architecte du tracé de la Grande Boucle, avait promis "l'enfer" à tous, même aux grimpeurs. Bien vendu, presque survendu, craignait-on, le col de la Loze n'a vraiment pas déçu mercredi lors de la 17e étape. C'était bien le morceau de bravoure de cette 107e édition.
La rumeur n'avait pas désenflé depuis onze mois. Tous ceux qui avaient pris soin de reconnaitre le final s'attendaient à en baver. "Quand on voit le profil, c'est déjà incroyable, et pour l'avoir fait en reconnaissance...", avait soufflé Julian Alaphilippe sans finir sa phrase, comme si c'était inutile. Thibaut Pinot ne disait pas autre chose : "Déjà, la Madeleine, c'est un beau morceau. Arriver jusqu'à Méribel, c'en est un autre et pour finir jusqu'à la Loze, c'est très, très dur. Les pourcentages, il n'y a pas besoin de les commenter. Ça se fait à la jambe. Il y a des ruptures de pente qu'on ne voit pas dans d'autres cols".
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Découverte : Le majestueux col de la Loze en images

Roglic : "On peut s’effondrer à chaque mètre sur cette pente"

Dans les 4 500 derniers mètres de l'ascension, de loin les plus durs une fois franchie la station de Méribel, il n'y avait plus de stratégie. C'était chacun pour soi et dieu pour tous, ou au moins les plus vernis. De gros écarts ont été provoqués entre les principaux favoris, qui avaient pris soin de ne pas bouger plus tôt. C'eut été suicidaire. On a vu quelques zigzags sur la route, même chez un Primoz Roglic, et, plus d'une fois, Tadej Pogacar a baissé la tête, rentrée dans les épaules. On comprenait mieux la phrase de Warren Barguil au départ quelques heures plus tôt : "La Loze ? C'est le mur de Huy qui dure... beaucoup trop longtemps."
"C’était vraiment violent, on peut s’effondrer à chaque mètre sur cette pente, a avoué le maillot jaune après en avoir terminé. Cette montée aujourd'hui n'est comparable à aucune autre, les derniers kilomètres étaient vraiment brutaux. Je suis content qu'elle soit derrière nous." Outre les énormes pourcentages (avec un passage maximal à 24% d'inclinaison), ce sont les ruptures de pente qui ont mis au supplice les coureurs, avec des replats, voire de minuscules portions de descente, avant de retrouver, brutalement, un nouveau mur d'une infernale raideur.
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2304m d'altitude, passage à 24%, 5 derniers km effrayants : Le profil du col de la Loze

Plus dur que le Mortirolo

Voilà pourquoi beaucoup, à l'image de Thibaut Pinot, qualifiaient cette montée "d'atypique". Ce n'était pas, dans leur bouche, un compliment. Une sorte d'Hautacam (la montée très irrégulière des Pyrénées) des Alpes, en plus dur. "La rampe d'arrivée était très violente, confirme Tadej Pogacar, et j'ai eu du mal à trouver mon rythme. On enchainait des parties très raides, puis plus plates. En plus, il faut ajouter l'altitude (plus de 2300m au sommet). C'est une des montées les plus dures que j'ai pu faire. C'était très compliqué pour moi aujourd'hui."
Beuacoup ont dit la même chose : ils n'avaient jamais vu ça. Même ceux qui en ont vu beaucoup. Comme Richie Porte : "Dans le cyclisme, il y a des montées, comme le Zoncolan, qui sont très brutales mais, aujourd'hui, avec ce final en altitude... Je pouvais à peine pédaler, dans les 500 derniers mètres je ne pouvais pas me mettre en danseuse. Je suis heureux que cette dure journée soit derrière nous."
Si les premiers à avoir coupé la ligne ont souffert, imaginez les autres. Valentin Madouas ne s'est pas mal débrouillé du tout. 15e de l'étape (à 4'09" du vainqueur Miguel Angel Lopez, juste derrière Guillaume Martin), le jeune Français de l'équipe Groupama-FDJ a même été épatant. Mais lui non plus n'est pas près d'oublier ce col de la Loze et ses cinq derniers kilomètres : "C'est rare. Si on compare par rapport au Mortirolo ou des cols du même genre en termes de pourcentages, c'est plus dur je trouve. Les pentes sont vraiment très raides."
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Madouas : "La Loze, l'un des cols les plus durs de ma vie"

"Si on n'a pas le bon braquet, on ne passe pas à vélo"

Quand Valentin Madouas a prononcé ces paroles, beaucoup étaient encore loin de l'arrivée. Et le Français a eu une pensée pour les membres du grupetto, les gros gabarits : "A la fin de l'étape, je pense qu'on va voir des vidéos de coureurs qui vont monter à pied parce que les pourcentages sont vraiment extraordinaires. On avance à moins de 10 km/h, et si on n'a pas le bon braquet, on ne passe pas à vélo."
Volant presque la vedette aux ténors du peloton eux-mêmes, l'intimidant col de la Loze a donc gagné en une journée ses galons de grand col. Il serait étonnant que le Tour ne revienne pas dans les années à venir s'attaquer à cette pente hors normes. "Le col de la Loze, qui est extraordinaire, prendra sa place assez régulièrement dans le Tour de France", a d'ailleurs promis Christian Prudhomme. Même si, là, tout de suite, vous ne trouverez sans doute pas beaucoup de coureurs, à part peut-être Miguel Angel Lopez, et encore, pour avoir envie d'y regoûter.
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Richard Carapaz épuisé au sommet du col de la Loze.

Crédit: Getty Images

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