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Le pari perdu du Tour : La moyenne montagne a fait un flop

Laurent Vergne

Mis à jour 04/09/2020 à 09:55 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Quatre cols, une arrivée au sommet. Cette Lusette que l'on nous avait si bien et longuement vendue. Rarement le début de tracé du Tour avait été aussi musclé et excitant sur le papier que lors de ces six premières étapes. Les favoris ont choisi de ne rien en faire, à l'image de la journée de jeudi. Sans doute une déception pour les organisateurs. Et une leçon à retenir.

Primoz Roglic et les autres favoris n'ont pas bougé jeudi malgré un parcours propice.

Crédit: Getty Images

On n'aimerait pas être à la place de Christian Prudhomme et Thierry Gouvenou. Le patron du Tour de France, et l'homme en charge d'en dessiner le parcours, doivent faire un peu grise mine. Ils avaient choisi, pour le premier tiers de cette édition 2020, de miser sur un tracé musclé. Un jour sur deux, une étape de moyenne montagne. A l'arrivée de cette première séquence, et nous le disons à regret, c'est un flop. Les coureurs, qui font la course, ont globalement choisi de ne pas les faire. L'organisateur propose, les favoris disposent. Pour l'instant, ils ont choisi l'attente.
En six jours, quatre cols de 1re catégorie ont déjà été franchis. C'est rarissime. Lors de la présentation du Tour, en octobre dernier, ce menu inaugural avait alléché. En réalité, un tel parcours dans le premier tiers de l'épreuve invite paradoxalement à la retenue davantage qu'à l'offensive. Se dévoiler si tôt, c'est prendre un risque. Même les bonheurs éventuels, comme la prise du maillot jaune, sont envisagés comme des tuiles plus que comme des avantages. On peut le regretter, mais c'est ainsi. Et ce n'est pas si surprenant, même si l'ampleur de l'attentisme peut déconcerter.
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Egan Bernal (Ineos)

Crédit: Getty Images

Pour être honnête, même si, comme tout le monde, nous nous sommes ennuyés ferme jeudi, on peut comprendre les ténors. Ce Tour est encore long, très long. Les Pyrénées arrivent ce week-end. La dernière semaine s'annonce terrible. C'est là que ce Tour se gagnera. Il ne pouvait pas se gagner à Nice, à Orcières ou au mont Aigoual. Il pouvait en revanche, sinon se perdre, se compromettre. Le jeu d'une quelconque offensive n'en valait pas la chandelle. En montagne, les "marginal gains" n'ont pas la cote. Chacun guette donc le moment où ils pourront être conséquents. Le jour venu, certains regretteront peut-être leur attentisme. D'ici là, chacun attend son heure, qui ne pourra pourtant être celle de tout le monde.
Christian Prudhomme adore les massifs intermédiaires. Mais c'est aussi leur problème. Ils sont trop durs... ou pas assez. Suffisamment éreintants pour que les leaders s'y économisent, de peur d'y laisser la gomme qui leur ferait défaut dans deux semaines. Mais pas assez pour pouvoir provoquer de vrais écarts. Peut-être, aussi, que le profil de certaines de ces étapes n'était pas idéal. Thibaut Pinot a souligné que la Lusette était trop loin de l'arrivée avant le mont Aigoual, trop roulant quant à lui pour susciter des initiatives.
Ce qui agace un peu, c'est la différence entre les déclarations et les actes. "Ça promet une belle bataille", a-t-on entendu de la part de plusieurs gros bras au sujet de cette traversée des Cévennes. "La Lusette ? Un col difficile je l'ai reconnu, il peut surprendre", assénait Romain Bardet jeudi midi juste avant le départ. Il n'a surpris personne, parce que personne n'avait envie de surprendre. Et encore moins de se faire surprendre. "J'ai pu suivre, c'estque ce n'est pas monté à bloc", souriait le coéquipier de Bardet, Mikael Cherel, à l'arrivée. La Lusette n'aura pas eu davantage de poids sur le destin de ce Tour que la procession de la veille vers Privas. C'est bien que le pari des organisateurs a été perdu.
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Pinot : "On n'a pas vu grand-chose mais on s'y attendait"

Pas sûr, en tout cas, au vu des (non)évènements, que les têtes pensantes soient tentées de renouveler l'expérience dans un futur proche. Ce qui marche, dans une première semaine, pour titiller les favoris, ce sont, plus que des cols de 1re catégorie, des arrivées musclées. Du type Mûr-de-Bretagne. Un bon raidard terminal. Pas d'écarts phénoménaux, mais de l'action et quelques indications.
La (moyenne) montagne, si tôt, ça ne les gagne pas. Il faudra attendre pour ça. Ce week-end ? Peut-être. Les Pyrénées sont difficiles, mais sans arrivées au sommet. Pas certain, donc, que la grande bagarre espérée s'y déclenche. Le phénomène "tout pour la troisième semaine" devient une tendance de plus en plus lourde. Et elle sera peut-être formidable. Le Tour 2011, un des plus passionnants de ce siècle, ne s'est réellement décanté que dans son dernier tiers. Attendons, donc. Même si, c'est vrai, le différentiel entre le menu sur le papier et la saveur des plats servis a créé un effet déceptif depuis le départ de Nice.
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Le débat des RP : Les massifs intermédiaires, pour quoi faire ?

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