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Les débats du Tour : Quel Tour pour Ineos désormais ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 14/09/2020 à 13:06 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2020 - Ce dimanche, le maillot jaune Primoz Roglic a pour la première fois été battu à la pédale, devancé au sprint par Tadej Pogacar au Grand Colombier. Le Slovène serait-il prenable ? Sinon, quel est le favori pour la 3e place ? Et quel Tour pour Ineos maintenant qu'Egan Bernal a tout perdu au général ? On se pose ces questions dans les débats du Tour.

Team Ineos rider Colombia's Egan Bernal (R) climbs the Grand Colombier pass behind the leader's group during the 15th stage of the 107th edition of the Tour de France cycling race, 175 km between Lyon and Grand Colombier, on September 13, 2020

Crédit: Getty Images

Quel est le favori dans la course à la 3e place ?

  • Julien Chesnais
Derrière l’impitoyable duo slovène qui devrait se jouer la victoire, ils sont encore six à concourir pour la 3e place : Rigoberto Uran, Miguel Angel Lopez (11’ de retard sur son compatriote), Adam Yates (29’’), Richie Porte (39’’), Mikel Landa (42”) et Enric Mas (1’43”). Mon favori est le premier de la liste : Uran. Sur le plan comptable, le leader d’EF est en avance sur tous les autres, et l’on sait à quel point les secondes sont précieuses sur le Tour. Le Colombien (33 ans) est celui qui a le plus d’expérience et offre le plus de garantie en 3e semaine.
L’altitude des Alpes ne sera pas pour le desservir, et le chrono final à la Planche des Belles Filles non plus : Uran a déjà remporté un chrono en grand Tour. Surtout, il est le seul de la compagnie à être déjà monté sur la boîte du Tour (2e en 2017), une performance qu’il a également réalisée deux fois sur le Giro (2e en 2013 et 2014). C’est un métronome, et il a autour de lui des montagnards solides (Carthy, Martinez, Powless...) pour l’aider à verrouiller sa 3e place. La partie est loin d’être gagnée d’avance. Mais s’il fallait avancer un favori, ce serait lui.
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Rigoberto Uran dans l'ascension du Puy Mary sur le Tour 2020

Crédit: Getty Images

  • Jean-Baptiste Duluc
Je suis d’accord avec Julien. Rigoberto Uran est sans doute le candidat le plus logique et “safe”, à la vue de son expérience et ses qualités. Mais si le Colombien parvient à distancer ses adversaires, c’est surtout que ces derniers auront été lâchés du groupe des favoris. Uran ne passe pas à l’attaque et cela me semble indispensable à faire dans cette quête de la 3e place. C’est pour cela que je miserais plus Mikel Landa.
Oui, l’Espagnol est actuellement le plus mal classé des cinq hommes. Oui, le leader de la Bahrain-McLaren est aussi, sans doute, le plus mauvais rouleur du lot. Mais c’est aussi le seul à mon sens, avec Lopez éventuellement, à être capable de se lancer dans de grandes offensives dans les Alpes, là où le terrain lui sera parfaitement favorable. Il possède une solide formation à ses côtés (Bilbao et Caruso étaient encore là à 8km ce dimanche), n’a pas peur d’attaquer et de tout risquer quitte à tout perdre.
Une stratégie qui me semble obligatoire pour Landa mais aussi pour Lopez, Yates et Uran, inférieur à Porte en chrono. Passé à côté du podium du Tour en 2017 et de celui du Giro en 2019 en raison du chrono du week-end final, je vois bien le Basque enfin surmonter l’obstacle.
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Mikel Landa sur le Tour 2020

Crédit: Getty Images

Quel Tour pour Ineos désormais ?

  • Julien Chesnais
C’est la principale information du Grand Colombier : Ineos ne remportera pas le Tour, ce qui lors des huit dernières éditions ne lui était arrivée qu’une fois, en 2014. Et la formation britannique ne montera même pas sur le podium, Bernal accusant désormais 8’25’’ de retard sur Roglic. Le Colombien a déjà tiré un trait sur le général : en roue libre dans les derniers hectomètres du Grand Colombier, il ne semblait plus à une seconde près.
Fort de ce postulat, je ne vois qu’une stratégie à venir chez Ineos : chasser les étapes. En 2014, une fois les illusions envolées de Porte, leader de rechange après l’abandon de Froome sur les pavés, la formation britannique n’était pas parvenue à remplir cet objectif. Peut-elle y arriver cette fois-ci ?
Bernal, même diminué, aurait une belle gueule de vainqueur en échappé au sommet de la Loze. Il faut voir comment récupère Carapaz de sa chute de dimanche. Sinon, vu que Sivakov n’est que l’ombre de lui-même depuis sa double cabriole niçoise, je ne vois que Kwiatkowski pour tenter de sauver la mise. L’ancien champion du monde monde semble tenir une belle santé. Et l’étape de Villard-de-Lans, dès mardi, semble un terrain de jeu adapté à ses qualités.
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Bernal va-t-il aller jusqu'à Paris ? "J'ai des doutes"

  • Jean-Baptiste Duluc
La stratégie à un seul leader des Ineos-Grenadiers a fini par leur claquer entre les doigts. Dans le dur depuis le départ, Egan Bernal s’est noyé sur les pentes du Grand Colombier et la formation britannique a perdu son unique carte pour le général, son seul objectif jusqu’ici. Pour la deuxième fois depuis 2011, Dave Braislford et ses hommes vont devoir se réinventer sur les routes de la Grande Boucle, la quête de maillot jaune – et même de podium - n’étant plus qu’un vague souvenir. Alors que faire désormais ? La chasse aux étapes semble ouverte, d’autant que la composition des Ineos-Grenadiers a absolument tout pour aller glaner au moins une étape.
Pour autant, je ne pense pas que la formation britannique sera dans cette optique. Du moins, pas avant la 17e étape car je ne serais pas surpris de voir Egan Bernal et ses coéquipiers tenter un coup de folie vers Villard-de-Lans. Sur le papier, cette étape est promise aux échappés, c’est une veille de haute montagne et rien n’est censé s’y passer. C’est très exactement pour cela, rajouter au fait que c’est un lendemain de jour de repos, que je vois les Ineos essayer de tout faire péter pour relancer leur Tour de France. Avec fierté plus qu’avec convition et ambition. Bien sûr, il y a de grandes chances que ça ne marche pas, que Bernal explose après coup – voire même avant – et que je passe pour un fou. Surtout si Colombien venait à abandonner lors du jour de repos.
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Egan Bernal sur les pentes du Grand Colombier

Crédit: Getty Images

Roglic est-il prenable ?

  • Jean-Baptiste Duluc
J’espère que pour l’intérêt de la dernière semaine que tous ses adversaires, Tadej Pogacar en résumé, pensent que oui. Soyons clairs d’entrée : Roglic était l’immense favori de ce Tour de France, il l’est toujours et portera probablement le maillot jaune dimanche prochain à Paris. Mais, que ce soit son passé sur les Grands Tours ou ce qu’il a montré au Grand Colombier, le Slovène n’a pas encore course gagnée.
On se rappelle tous de ses défaillances sur le dernier Giro, notamment en troisième semaine. Il avait balayé la plupart des doutes en remportant la Vuelta quelques mois tard. Ce serait oublié qu’il avait, là aussi, eu un peu plus de mal en troisième semaine, même s’il avait tenu bon. Surtout, c’est son attitude depuis le départ et principalement ce dimanche qui me laisse l’espoir d’une véritable lutte entre les deux Slovènes.
Depuis Nice, Roglic a clairement pris le parti de faire la différence grâce aux bonifications et au chrono de la Planche des Belles Filles. Un choix risqué si les jambes venaient à manquer, ce qui lui ait partiellement arrivé ce dimanche. Lorsqu’il a démarré à 400m de la ligne, on pensait tous voir le Slovène s’envoler et aller s’imposer en solitaire. Mais il n’en a rien été. Il s’est rassis, laissant revenir un Pogacar facile avant de devoir s’incliner au sprint. Au top de sa forme dès début août, on se demande depuis longtemps s’il tiendra jusqu’aux Champs-Elysées. C’est toujours possible mais ce n’est plus aussi certain.
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Le débat des RP : Pogacar peut-il renverser Roglic ?

  • Julien Chesnais
Je le pense désormais. La fenêtre me semble toujours mince. Mais elle existe, assurément. Ce qu’on a vu dans les derniers mètres du Grand Colombier relance l’intérêt pour la victoire. Jusqu’alors, Primoz Roglic avalait les étapes du Tour tel Terminator, dans le sillage de ses boys. Mais pour la première fois, alors que son équipe l’avait mis sur orbite, on l’a vu grimacer dans la roue de Tadej Pogacar, un signe d’humanité que le Slovène n’avait jamais montré lors des 14 premières étapes. A moins qu’il n’ait joué la comédie - ce que je ne pense pas - le leader de Jumbo-Visma est tombé sur plus fort que soi ce dimanche. C’est une nouveauté.
Ne surinterprétons pas : Roglic n’a pas perdu la moindre seconde face à Pogacar (seulement 4 par le jeu des bonifications). Et avec encore 40 secondes de marge et le chrono de la Planche des Belles Filles à venir, il garde un bel avantage sur son jeune compatriote. Mais son rictus à l’arrivée a fait naître un léger doute. Le tout premier. On imagine que Pogacar, malgré ses 21 ans doit croire plus que jamais qu’il est possible de gagner ce Tour. Franchement, je le vois bien tout renverser sur les pentes acerbes de la Loze, le seul endroit de ce Tour où l’armada de Roglic ne devrait être d’aucune aide. Ca sera un combat d’homme à homme. Et vu que ce que l’on a entraperçu ce dimanche...
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Tadej Pogacar a devancé le maillot jaune Primoz Roglic au Grand Colombier, terme de la 15e étape du Tour 2020, le 13 septembre

Crédit: Getty Images

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