Sagan se défend après le sprint avec Van Aert : "Ce n'était pas un mouvement dangereux"

Ça a chauffé entre Peter Sagan et Wout Van Aert mercredi à Poitiers. Dans le sprint final, et même au-delà. Pendant que Caleb Ewan déboulait pour arracher la victoire, le Slovaque et le Belge se sont touchés lorsque Sagan a poussé Van Aert afin de se faire de la place. Le triple champion du monde a été déclassé, alors que le coureur de la Jumbo-Visma a de son côté écopé d'une amende de 200 francs suisses pour "comportement inconvenant ou déplacé" : il avait fait un doigt d'honneur à Sagan juste après la ligne d'arrivée.

Wout Van Aert a surtout eu très peur. "J'ai été surpris et choqué quand il a fait ça. J'étais en plein effort et j'ai vraiment eu très peur", raconte le double vainqueur d'étape sur ce Tour, convaincu que cette manœuvre l'a peut-être privé d'un nouveau succès : "Quand Sagan m'a poussé, j'ai été tellement stupéfait que j'ai perdu mon élan. Je pense que j'aurais pu gagner."

Mais il n'a surtout pas apprécié, mais alors pas du tout, l'attitude de Sagan. "Ça ne me vient jamais à l'esprit de me créer de l'espace comme Sagan l'a fait, a-t-il expliqué. Il n'y avait pas la place sauf à jouer des épaules pour en faire. C'est complètement contraire aux règles. Ce n'est pas raisonnable." Avant de lancer un "ce n'est pas fini", un peu mystérieux. Peut-être Van Aert trouve-t-il qu'un simple déclassement ne constitue pas une sanction suffisante.

Le contexte est il est vrai assez pesant en la matière. Le mois dernier, lors du Tour de Pologne, le Néerlandais Fabio Jakobsen avait été "tassé" par son compatriote Dylan Groenewegen avant de passer par-dessus les balustrades. Il a failli y rester, avant de rester plusieurs jours dans le coma. "Le problème c'est que si l'UCI ne fait rien contre ce genre de comportements, on aura d'autres exemples, a poursuivi Van Aert. On l'a vu il y a quelques semaines. Peut-être que certains pensent que tout est autorisé. Ça n'a rien à voir avec les barrières. Il faut juste sprinter sur une ligne et il (Sagan) ne l'a pas fait."

Mis en accusation, le Slovaque est resté plutôt droit dans ses bottes jeudi midi avant le départ de la 12e étape, à Chauvigny. "Hier (mercredi, NDLR), ça aurait pu être une bonne journée, mais à l'arrivée, c'était… comme ci comme ça. Je ne sais pas quoi dire", a-t-il bredouillé sur Eurosport, l'air embarrassé. Mais il a finalement bien voulu s'expliquer, réfutant avoir voulu trop en faire pour aller chercher cette première victoire qui lui fait défaut sur ce Tour 2020.

Si Peter Sagan s'est appuyé sur Van Aert, ce n'est pas, selon lui, pour pousser son concurrent direct dans ce sprint, mais parce qu'un élément extérieur l'a obligé à le faire : "J'ai gardé ma ligne, je suis revenu de derrière, j'ai vu un peu d'espace. Les barrières étaient très proches. Puis au milieu des barrières, quelque chose qui se trouvait à 90 degrés, comme un truc publicitaire. Si je continuais comme ça, j'allais la toucher, c'est certain. C'est pour ça que je me suis décalé un peu vers la gauche."

Les images ne permettent pas forcément de se faire une idée précise, mais la vue aérienne du sprint montre en effet que Peter Sagan se déporte sur sa gauche juste avant que n'apparaisse à l'écran l'objet (orange) dont il parle, à moins qu'il ne s'agisse d'une perche à selfie. Difficile pour lui, à pleine vitesse, d'être certain, mais quoi qu'il en soit, le Slovaque plaide non coupable : "Je ne pense pas que c'était si méchant. Est-ce que c'était un mouvement dangereux ? Je ne crois pas."