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Tour de France 2021 - Mark Cavendish : "Je ne pensais même pas revenir un jour sur le Tour de France"
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Publié 29/06/2021 à 19:18 GMT+2
TOUR DE FRANCE 2021 - Quel début de Grande Boucle. Après Alaphilippe, après van der Poel, après le chaos de la 3e étape, c'est Mark Cavendish qui est entré en scène. Cinq ans après sa dernière victoire, le "Cav'" s'est offert un 31e succès sur le Tour. Sans doute le plus fort émotionnellement après plusieurs années à courir après son meilleur niveau et des moments franchement difficiles.
Mark Cavendish
Crédit: Getty Images
Souvenez-vous le 11 octobre 2020. Cette date ne vous dit peut-être rien mais elle doit résonner dans la tête de Mark Cavendish. Ce jour-là, sur Gand-Wevelgem, le sprinter avait fondu en larmes. En fin de contrat avec la formation Bahrain, il pensait sa carrière terminée. On comprend aisément pourquoi les larmes ont à nouveau coulé alors qu'il vient de s'imposer sur la plus grande course du monde, cinq ans après sa 30e victoire.
Il était écrit que ce début de Tour de France en Bretagne, terre de cyclisme, s'il en est, sacrerait des champions. Sans faire offense à Tim Merlier, il n'est pas de la trempe des trois autres vainqueurs, Julian Alaphilippe, Mathieu van der Poel et Mark Cavendish. A bien y regarder, on pourrait même caler le sprinter de l'île de Man dans une autre catégorie. L'avantage de l'âge et d'une carrière à accumuler les bouquets. 146 jusqu'à février 2018. Et puis plus rien jusqu'à avril 2021. Un trou de trois ans dû tout à la fois à ce virus d'Epstein-Barr qui l'a mis à plat, l'âge et la perte de confiance.
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Cavendish : "Je ne pensais même pas revenir sur cette course"
Video credit: Eurosport
Cavendish ne rêvait même plus de tout ça, c'est dire : "Si je pensais pouvoir gagner une étape sur le Tour à nouveau ? Je ne pensais même pas revenir sur cette course ! [...] Tellement de gens ne croyaient plus en moi et ces gars l'ont fait. [...] C’est un retour incroyable. L’année dernière était très difficile pour moi, j’étais au fond du trou. Et je n’aurais même pas pu en rêver il y a trois semaines." A ce moment-là, le sprinter de Deceuninck-Quick Step pour le Tour s'appelait toujours Sam Bennett. Son forfait a propulsé le "Cav'" sous les feux de la rampe.
Dans le peloton, son succès ne doit pas laisser insensible. Et parmi les observateurs, dont Bernhard Eisel, consultant pour Eurosport, son ancien poisson-pilote, on avait du mal à y croire : "Je n'ai pas de mots. Si quelqu'un m'avait dit, il y a 12 mois : 'Mark est capable de gagner une étape du Tour', j'aurai dit 'non, impossible'". Avec les champions, rien ne l'est tout à fait.
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Cavendish cinq ans après, Van Moer repris à 200m de la ligne : incroyable final sur la 4e étape
Video credit: Eurosport
Sean Kelly, également consultant pour Eurosport, cinq fois vainqueur sur les routes du Tour de France, salue lui aussi un retour exceptionnel. "La presse vous demande si vous êtes fini, si vous allez gagner une autre course. Soudain, il y a un déclic mais c'est dû à tout votre travail. ça prend du temps, beaucoup de temps de revenir. Un sprint incroyable pour un mec incroyable. La façon dont il revient au plus haut niveau.... Il est juste incroyable."
Pas verni sur ce Tour, Geraint Thomas, ancien équipier du Cav chez Sky, y est allé de son petit témoignage. Et comme souvent, le Gallois a visé juste. "J'ai vu Cav évoluer à son meilleur niveau et je l'ai vu aussi travailler dur quand il a traversé ses moments les plus difficiles. Et malgré cela, je ne m'attendais pas à ça aujourd'hui", a expliqué le coureur d'Ineos. "Ce sport vous met souvent K.-O., mais si vous continuez à vous accrocher il peut vous récompenser de manière incroyable. Cav se relève toujours. Je suis fier de toi mon pote."
Patrick Lefévère, l'homme qui a redonné sa chance à Cavendish, a lui aussi vibré ce mardi. "Nous avons plus de 100 victoires sur les grands tours mais c'est la première fois que je vois tout le staff pleurer, a-t-il avoué. Mark ne voulait pas aller en Turquie où il a gagné quatre étapes, on l'a ajouté au dernier moment au Tour de Belgique et il a encore gagné. Il ne devait pas faire le Tour et on l'a appelé trois jours avant notre départ. Si vous n'êtes pas touché avec ça, vous ne le serez jamais". Pour le boss de la Deceuninck, à qui Cavendish, revenu pour le salaire minimum, ne devait rien, l'affaire s'est transformée en coup de maître. De celles dont il a le secret désormais.
Alaphilippe : "Il est toujours l'un des meilleurs sprinteurs du monde, il l'a prouvé"
Avant de s'imposer à Fougères, là où il avait déjà gagné en 2015, le Britannique a dû trembler car à l'avant, Brent Van Moer n'a rendu les armes qu'à 200 minuscules mètres de la ligne d'arrivée. Cavendish raconte : "Dans le dernier kilomètre nous avons perdu Ballerini qui devait lancer mon sprint, mais c’est le champion du monde et maillot vert (Julian Alaphilippe) qui s’en est occupé ! Ils ont fait un tel travail dans le dernier kilomètre. Ils m'ont regardé dans les yeux, ils m'ont dit : 'on y va'. Que voulez-vous que je dise à ces mecs ?"
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La palette à Jacky : Avant de triompher, Cavendish a dû passer par un trou de souris
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Ces mecs comme il dit, étaient les plus heureux après la ligne. Julian Alaphilippe, jamais le dernier pour travailler pour les autres, l'a étreint dans une accolade qui sentait bon la sincérité et l'admiration. "Il était motivé comme un néo-pro, jubilait le Français. Il est toujours l'un des meilleurs sprinteurs du monde, il l'a prouvé". Michael Morkov, le meilleur poisson-pilote du circuit, a dû prendre des repères avec un nouveau sprinter quand Sam Bennett a déclaré forfait. "Il fallait nous habituer l'un à l'autre. Il s'est préparé en secret. C'est génial pour quelqu'un qui n'était pas prévu initialement. Je suis vraiment fier de lui.
Pour Mark Cavendish, ce succès a charié trop d'émotions. Plusieurs fois, il a laissé les larmes couler. Juste après la ligne d'abord mais aussi face au micro ensuite. "Put***", a-t-il lâché avant de s'excuser, surpris de sa propre vulgarité. On le pardonnera. "Je fais du vélo pour ça, pour battre les meilleurs. Sincèrement je n'aurais jamais pensé que ça se passerait comme ça." À vrai dire, peu de monde y croyait et c'est tout ce qui fait la beauté de succès magnifique.
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