"Certains pensaient que j'étais mort…" : Bernal raconte son voyage au bout de l'enfer et est prêt à défier Evenepoel

TOUR DE SAN JUAN - C'est l'un des coureurs les plus attendus de cette cuvée 2023 de la petite reine. Sur son lit d'hôpital il y a tout juste un an, après une violente sortie de route en Colombie, Egan Bernal reprend peu à peu goût au plus haut niveau. Présent sur la Vuelta San Juan, le vainqueur du Tour de France 2019 se confie à Eurosport sur sa reprise et ses ambitions. Avec le Tour en tête.

Il n'avait que 5% de chance de s'en tirer à bon compte. Certains auraient abandonné, lui n'a jamais lâché. Victime d'un accident spectaculaire avec un bus qui a failli lui coûter la vie le 24 janvier 2022, Egan Bernal est un miraculé. Alors que les médecins lui pronostiquaient un risque de paraplégie proche de 95% après son crash, le Colombien a accompli une prouesse pour surmonter sa vingtaine de fractures et une colonne vertébrale presque en morceaux.

De retour à la compétition sur le Tour du Danemark fin août, sept mois "à peine" après sa sortie de route, le grimpeur de Ineos Grenadiers aborde sa saison 2023 le couteau entre les dents. Même s'il n'a jamais envisagé de raccrocher la machine, Egan Bernal sait ce qu'il a enduré pour remonter en selle. Pour Eurosport, le champion revient sur son "épopée".

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Une remise à zéro de la machine

Du chemin, le natif de Zipaquira en a mangé. Le vélo était loin d'être une priorité, à raison. "Pour vous dire la vérité, quand je suis sorti de la chirurgie, revenir à la compétition était vraiment la dernière chose à laquelle je pensais. J'ai passé de nombreuses heures au bloc opératoire. La seule chose à laquelle je pensais était de vivre et d'être avec ma famille."

Le coureur a dû reprendre par le commencement, d'abord avec ses fonctions motrices. "Les premiers jours, il faut réapprendre à marcher, c'est super compliqué. Pouvoir manger, juste me laver la bouche, pouvoir prendre une douche. Ce sont les premières choses que j'ai dû apprendre. Et juste pour faire ça, ça m'a pris deux mois, alors imaginez pour revenir dans le peloton…"

La chute du Colombien a suscité l'émotion dans le monde du sport. S'il s'est accroché, Bernal a bien cru ne jamais en voir le bout comme il nous le confesse. "On m'a même dit que certains pensaient que j'étais mort. Il y avait aussi de fortes chances que je sois en fauteuil roulant, donc je ne pensais vraiment pas pouvoir remonter sur un vélo…"

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Video credit: Eurosport

Le vélo de côté, une volonté d'inspirer

Retrouver l'asphalte, ce fut déjà la première victoire du Condor de Zipaquira. Le vélo et les grands rendez-vous n'étaient plus la priorité absolue. "Parfois, vous vous enfermez dans le cyclisme, vous pensez que le vélo représente tout. Après le Tour de France 2019, j'étais obsédé par cette course. Si je ne gagnais pas le Tour, c'était la fin du monde. Ce n'est pas comme ça en réalité."

Pendant sa convalescence, Bernal s'est donc remis en question sur son rapport avec la petite reine à qui il avait toujours tout donné jusqu'ici. "On est des professionnels et on aime le vélo, mais on a tous une maman, un papa ou quelqu'un qui attend à la maison et c'est bien plus important que le Tour de France. Je suis juste reconnaissant envers la vie d'être ici et de pouvoir faire ce que j'aime le plus, c'est-à-dire faire du vélo, raconter mon histoire et inspirer les gens avec."

Egan Bernal en action sur la 3e étape de la Vuelta San Juan 2023.

Crédit: Getty Images

Rattraper (progressivement) le train sur Evenepoel, Pogacar et consorts

Le plaisir retrouvé, le Colombien veut également rattraper le temps perdu sur ses principaux concurrents. Même s'il sait que le défi est grand et demandera de la patience. "Je vais donner la meilleure version de moi-même. Remco, Pogacar, Vingaard... Ce sont les meilleurs au monde en ce moment. Qu'est-ce que je peux faire pour l'instant ?"

Le vainqueur du Giro 2021 a l'occasion de se mesurer à Evenepoel cette semaine en Argentine. Une sorte de baromètre qui lui servira forcément pour la suite. Plutôt en jambes depuis le début de la semaine, Egan Bernal a rassuré sur son état de forme et sur ses envies. La montée finale de l'Alto Colorado sur la cinquième étape du Tour de San Juan ce vendredi (à suivre sur Eurosport) sera le premier gros test pour le Colombien.

L'ambition n'a jamais cessé de trotter dans la tête du lauréat 2019 de la grande boucle qui espère regoûter aux joutes hexagonales dans les prochains mois. "J'aimerais être sur le Tour à un bon niveau et donner le meilleur de moi-même. C'est la raison pour laquelle je me réveille tous les matins." Revoir Bernal sur la machine est déjà un succès, le revoir triomphal sur un grand rendez-vous serait colossal.

Egan Bernal et Remco Evenepoel se saluent avec le départ d'une étape sur le Giro 2021

Crédit: Getty Images

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