En dévoilant son inimitié avec Arnaud Démare, David Gaudu s'est infligé une pression monstre

ParSimon Farvacque

Mis à jour 17/02/2023 à 12:05 GMT+1

TOUR DES ALPES-MARITIMES ET DU VAR - Pas de délocalisation à O.K. Corral en vue. Vendredi, David Gaudu sera au départ, mais pas Arnaud Démare. Le conflit entre ces deux cadors de Groupama-FDJ a éclaté au grand jour, fin janvier. Gaudu, en partie responsable de l'incident, est sous pression pour sa reprise. S'il veut être un leader entouré d'amis sur le prochain Tour de France, il doit s'affirmer.

Le groupe vit mal. David Gaudu a révolutionné par l'absurde le célèbre élément de langage, en janvier dernier, lorsqu'une discussion relativement restreinte a fuité sur Twitter. Interrogé sur Discord, il avait clamé son inimitié avec Arnaud Démare, l'accusant même d'avoir "failli (le) mettre par terre exprès", selon des "screenshots" qu'il a authentifiés de manière tacite, en expliquant avoir "présenté (ses) excuses à l'équipe et à Arnaud." Au cœur du conflit : leur potentielle cohabitation lors du prochain Tour de France.

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Gaudu, 4e de la dernière Grande Boucle, doit aborder l'édition 2023 en leader ambitieux, à l'assaut d'un podium qui était déjà l'objectif affiché il y a un an. "On (sera) là pour faire mieux", a-t-il assuré en décembre, ravi du parcours proposé. Démare espère quant à lui être de la fête, après avoir passé son tour en 2022. Ce problème, pas insoluble sportivement, a donc pris une dimension "humaine" que Marc Madiot n'a pas feint de découvrir, dans L'Equipe : "On savait qu'ils n'étaient pas copains, mais ces gamineries doivent cesser."

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Paris-Nice, le crash test

Depuis l'incident intervenu il y a trois semaines, aucun des deux protagonistes n'a débuté sa saison. Gaudu s'apprête à le faire à l'occasion du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, vendredi. Démare devrait reprendre par Kuurne - Bruxelles - Kuurne dans dix jours. Madiot, manager échaudé, va devoir jongler avec ce "drama" dont il se serait bien passé et qu'il a tenté de dédramatiser : "Sur le coup, j'étais bien énervé. Puis je me suis dit que ça pouvait remettre l'église au milieu du village. Maintenant, la récréation des enfants est terminée."

"Des mecs qui ne s'aiment pas dans une équipe cycliste, il y en a eu plein, a insisté la figure historique de la formation Groupama-FDJ, dans Le Parisien. D'ailleurs, mes meilleurs résultats de coureur, je les ai obtenus alors que je n'étais pas pote avec tout le monde. Croyez-moi, cette histoire ne va pas m'empêcher de dormir." La présence de Gaudu et Démare au départ de Paris-Nice (5-12 mars), dans un peu plus de deux semaines, est ainsi toujours au programme.

"Sur Paris-Nice, lui (Démare) visera une étape et moi le classement général, confirme Gaudu, dans un entretien accordé au Télégramme, ce jeudi. Il va falloir cohabiter. On ne sera peut-être jamais les meilleurs amis du monde. Il faudra voir sur le terrain si on peut travailler ensemble... ce sera le premier gros test." D'ici là, le grimpeur de 26 ans serait bien inspiré de renforcer sa légitimité sportive, lors des trois jours à venir, puis le week-end suivant avec le diptyque Drôme-Ardèche.

Quand tu as sept potes qui ont bossé pour toi, qui ont eu envie de le faire… tu n'as pas envie de lâcher, pour eux !

Double vainqueur du classement par points du Giro (2020, 2022) et lauréat de deux étapes du Tour de France (2017, 2018), Arnaud Démare devra lui aussi montrer qu'il est un candidat crédible à un bouquet juilletiste. Si les deux sont à la hauteur de leur standing, la Groupama-FDJ risque de devoir choisir. En contradiction avec ce que Madiot a depuis déclaré, Gaudu avait mis en avant un "groupe d'amis" précieux sur le Tour, lors d'une conférence de presse d'avant-saison : "Notre force, c'est qu'on était huit à être comme les dix doigts de la main."

"Quand tu as sept potes qui ont bossé pour toi, qui ont eu envie de le faire… tu n'as pas envie de lâcher, pour eux !", avait-il appuyé. S'il veut être accompagné par "sept potes", David Gaudu doit prouver qu'il peut faire au moins aussi bien qu'en 2022 au classement général du Tour de France. Il semble avoir un coup d'avance, tant le principal dessein de la Groupama-FDJ est d'y briller. Mais si la question commençait à se poser, entre assurer un "Top 10" final et se donner une chance de victoire sur chaque sprint, son statut pourrait vite se fragiliser.

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L'inconnue Pinot et l'espoir du rachat

Il reste en sus une inconnue de poids dans l'équation : Thibaut Pinot espère participer au Tour de France, pour sa dernière saison. Le Franc-Comtois, présent cette semaine sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var avec Gaudu, donne la priorité au Giro et n'entre pas en concurrence avec son jeune coéquipier. "J'aurais aimé l'aider plus", a-t-il même déclaré il y a un mois, concernant un rôle d'électron libre qui n'a pas porté ses fruits lors du Tour 2022. Mais il reste un grand nom et l'incertitude qui plane sur son programme est un sujet latent.

David Gaudu a assumé ses espoirs de leadership absolu, dès décembre : "C'est sûr que j'aimerais avoir une équipe entière à mon service pour jouer le classement général du Tour de France. Après, c'est la direction qui tranche et on fera avec ce qui est décidé." Par cette déclaration, le 3e de Liège-Bastogne-Liège 2021 avait sainement avancé ses pions, donné envie d'observer sa capacité à s'affirmer pendant la première moitié de saison. Mais depuis, le débat a pris une tournure publiquement houleuse qui le met d'autant plus sous pression.

"J’ai désinstallé Twitter, j’ai bloqué les messages sur Instagram et j’ai fait mon travail : je suis allé rouler", raconte Gaudu au Télégramme, concernant sa gestion des jours qui ont suivi un "bad buzz" qui a, selon lui, "peut-être permis de faire avancer les choses." Avant de conclure, concernant son image qui pourrait s'en voir écornée : "C'est le public qui va décider. Pour redorer mon blason, je dois faire le maximum sur le Tour de France."

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