Mathieu Van der Poel est l'unique favori du Tour des Flandres 2024

Le champion du monde face à toute la planète. Ce dimanche au départ du Tour des Flandres, il y a Mathieu Van der Poel d'un côté et une palanquée d'outsiders de l'autre. Pour "MVDP", un sentiment de déjà-vu flotte dans l'air… en version démultipliée. En 2022, Wout van Aert manquait déjà à l'appel, mais il y avait l'attraction Tadej Pogacar et le tenant du titre Kasper Asgreen pour altérer, ne serait-ce que partiellement, ce caricatural panorama.

Van der Poel avait triomphé dans ce contexte. Deux ans plus tard, la cible qu'il a dans le dos n'est plus géante mais incommensurable. Elle l'est devenue au gré de la lourde chute de "WVA", mercredi, dont le forfait est venu s'ajouter à l'impasse de "Pogi". Quid des présents ? Dylan van Baarle a été malade cette semaine. Asgreen n'a pas fait mieux que 54e sur les pavés cette année. Mads Pedersen a aussi goûté au bitume lors d'A Travers la Flandre.

"On ne saura jamais si j'aurais été impliqué dans cette chute, mais c'est dommage pour le Tour des Flandres ", a considéré vendredi Mathieu Van der Poel, avec une pensée "pour Wout et Jasper [Stuyven, autre cador sur le flanc, ndlr]" : "Ils ont préparé cette course depuis des mois. On ne peut souhaiter à personne de vivre ça." Le Néerlandais de 29 ans, double vainqueur du Ronde, peut tout de même "en profiter" pour égaler le record de victoires dans l'épreuve.

Il n'a cependant pas besoin que la concurrence soit amoindrie pour l'éparpiller dans les bergs. "Je préfère courir quand les meilleurs sont au départ", assure le porteur du maillot arc en ciel. Il n'est pas seulement question de philanthropie ou d'un esprit compétiteur exacerbé. Sa déclaration relève d'une certaine rationalité. "Cela me met peut-être encore plus de pression sur les épaules", concède ainsi l'homme dont la formation Alpecin-Deceuninck risque d'être harcelée.

Avant même que le gadin de Van Aert ne grossisse le trait, Jacky Durand prédisait une "course de mouvements" inspirée de la façon dont la Lidl-Trek a damé le pion à Van der Poel dimanche dernier, avec Pedersen pour porter l'estocade lors de Gent-Wevelgem. "D'habitude, beaucoup de coureurs croient la victoire possible en faisant preuve de patience. Là, même parmi les grosses cylindrées, on sait que si on attend le final, on ne gagnera pas", estime notre consultant.

Pour tous, ou presque, l'enjeu semble être d'avoir un coup d'avance sur "MVDP". Le lauréat de l'édition 1992 poursuit : "Asgreen et Alaphilippe pour la Soudal, Jorgenson et Benoot au sein de la Visma, Sheffield et Turner du côté d'INEOS… ils n'attendront pas ! Cela peut provoquer une zizanie." Pas d'effet de surprise escompté : " Chez Alpecin-Deceuninck, ils sont prévenus. Ils vont devoir être tous au top. Mais, attention, ce n'est pas une petite équipe."

Et Van der Poel n'est pas n'importe qui. En venir à bout après 250 bornes à Wevelgem est un défi, mais le battre au bout de 270 kilomètres à Audenarde est une gageure d'un autre acabit. Au pire dauphin lors des quatre dernières éditions du Tour des Flandres, le récent vainqueur du Grand Prix E3 est sur le terrain qu'il chérit le plus. Monarque de la route et roi du cyclo-cross, il est unique. Favori, il l'est souvent aussi. Être les deux à la fois ne doit pas lui faire peur.