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Superman redevient humain

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 04/04/2011 à 12:45 GMT+2

On le pensait insubmersible. Mais au moment où il semblait filer vers un deuxième sacre consécutif dans le Tour des Flandres, Fabian Cancellara a été trahi par son physique dimanche. Finalement troisième, le Suisse tentera de prendre sa revanche à Roubaix le week-end prochain.

2011 Tour des Flandres Fabian Cancellara

Crédit: AFP

Sitôt la ligne d'arrivée franchie, en troisième position derrière Nick Nuyens et Sylvain Chavanel, Fabian Cancellara s'est affalé sur sa machine. Complètement épuisé, le Suisse venait de tout donner dans le final haletant de ce Tour des Flandres dont il perd donc la propriété. Le tenant du titre était plus que favori pour se succéder à lui-même. Il était, croyait-on, au-dessus du lot. Presque sur une autre planète. Longtemps, ce fut vrai. Jusqu'aux premières rampes, les moins sélectives, du Mur de Grammont. Puis ce fut l'effondrement, aussi brutal qu'inattendu.
Ce spectaculaire retournement de situation en défaveur du Bernois tient en un mot: crampes. Alors qu'il filait vers un deuxième sacre de rang, avec le seul Chavanel dans sa roue, le Bernois a vu son physique le lâcher. Ça lui a fait tout drôle. "Dès les premiers mètres de l'ascension, raconte-t-il, j'ai eu des crampes. Un sacré coup dur: tout s'est effondré quand j'ai vu les poursuivants revenir alors que j'avais compté plus d'une minute d'avance. Ça n'a pas duré très longtemps mais ça a suffi pour que ça rentre derrière. Je n'ai sans doute pas assez bu. C'était comme un jour d'été dans les Flandres." Un énorme coup de buis qu'il n'a pas vu venir. "Franchement, jusqu'au Mur de Grammont, j'étais même persuadé de l'emporter", assure-t-il. Un sentiment partagé par Brian Nygaard. "Pendant un moment, j'ai vraiment pensé que c'était bon, confie le manager de l'équipe Leopard Trek. Mais quand j'ai vu la poursuite s'organiser derrière, je me suis dit que ça allait être compliqué et Fabian a un peu coincé."
"Même Superman peut connaître des moments pénibles…"
Avec le recul, la question de savoir si Cancellara a attaqué trop tôt peut évidemment se poser. En contrant Tom Boonen à 41 kilomètres de l'arrivée, il est parti si fort qu'il s'est isolé devant. Une fois revenu sur Sylvain Chavanel, il a du accomplir 100% du travail, le Français n'ayant pas l'intention (ou l'ordre...) de collaborer avec lui. Mais le Suisse se sentait si fort… Et l'an dernier, sur Paris-Roubaix, il était parti d'aussi loin, et seul. Après tout, ça ne l'avait pas dérangé. Bref, cette critique apparait trop facile. "Quand vous avez vu Cancellara sur le Grand Prix E3 une semaine avant, note Johan Museeuw, il n'y a aucune raison de penser qu'il attaque trop tôt. Franchement, qui a pensé ça quand il a laissé Boonen et les autres sur place?" Pas grand monde, effectivement.
Ce n'est donc pas tactiquement mais bien physiquement que Cancellara a perdu ce Ronde. Il est vrai aussi que son équipe, comme on le pressentait, est apparue moins solide. Mais, même moins bien entouré que chez Saxo l'an dernier, il avait fait la différence. Ce ne sont pas ses équipiers, mais ses cuisses, qui l'ont lâché au pied de Grammont. "Je n'ai simplement pas connu le même super jour que l'année dernière, constate-t-il calmement. Même Superman peut connaître des moments pénibles…" Il a ensuite tenté de s'imposer à l'orgueil en redémarrant à trois kilomètres de l'arrivée. "J'étais mort mais il fallait que je tente quelque chose", sourit le Suisse. Même mort, il a réussi à décramponner tout le monde sur cet ultime coup de boutoir. Tout le monde, sauf Nuyens et Chavanel, qui allaient le devancer dans un sprint qui ne lui laisse guère de regrets. "J'ai commis une erreur en lançant le sprint trop tôt, admet-il. J'ai été effrayé par un possible retour de Boonen et j'ai fourni mon effort trop tôt. Mais la fin de course, ce fut une loterie. Je suis donc finalement satisfait de monter sur le podium."
Deuxième à Sanremo, troisième du Ronde, il lui reste Paris-Roubaix dans une semaine pour accrocher une classique majeure à son printemps 2011. Vu sa condition, il sortirait frustré de cette campagne s'il ne s'imposait pas dans le Nord de la France dimanche prochain. Chez Leopard Trek, l'optimisme est toujours de rigueur. "Pour moi, estime Nygaard, Fabian était le plus fort dimanche, même s'il n'a pas gagné. Ça n'a pas marché mais il est incontestable qu'il est super fort en ce moment. Chaque course est différente mais quand je vois comment il a lâché Boonen, qui était supposé être son principal rival, j'ai du mal à ne pas être optimiste pour Roubaix. Puis il sera peut-être un peu moins archi-favori et ce n'est pas plus mal." Et un Cancellara revanchard risque de faire encore plus mal.
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