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Van der Poel, Van Aert, Alaphilippe : Trois nuances de déception

Laurent Vergne

Mis à jour 04/04/2021 à 20:44 GMT+2

TOUR DES FLANDRES – Comme souvent, Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel et Julian Alaphilippe étaient au centre du jeu et des discussions avant ce Tour des Flandres. Mais comme à Sanremo le mois dernier, la victoire leur a échappé. Mais il y a battu et battu. Si Van der Poel n'a échoué que dans son tête-à-tête final avec Kasper Asgreen, le Belge et plus encore le Français ont coincé plus tôt.

Le résumé du "Ronde" : Asgreen, parfait tactiquement, monstrueux physiquement

Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix, 2e)

Son bilan
Presque parfait. Le mot-clé, ici, était "presque". On l'avait vu en difficulté dans A Travers la Flandre mercredi. On l'avait entendu dire que son pic de forme printanier était déjà passé, qu'il avait laissé trop d'énergie dans l'enchainement de la saison de cyclo-cross et des premiers rendez-vous importants sur route. Dans les actes comme dans les paroles, Mathieu Van der Poel avait bien bluffé son monde.
Le Batave a été fort, dimanche. Très fort. On a même longtemps cru qu'il était LE plus fort. Son dernier tour de force dans le Vieux Quaremont, où il a déployé une impression de puissance assez ahurissante, rappelant notamment celle du final des Strade Bianche, a condamné Wout Van Aert. Le plus dur semblait fait. Le dernier grain de sable sur le chemin du doublé, Kasper Asgreen, paraissait moins gênant dans sa chaussure que le leader de la Jumbo-Visma, qu'il avait dominé en tête-à-tête dans le sprint final à l'automne dernier. La suite allait pourtant prouver le contraire. Il aura des regrets, car il avait les cannes pour gagner.
Le moment fatal
Jusqu'à 100 mètres de l'arrivée, tout allait bien pour Mathieu Van der Poel. Il a lancé son sprint avec confiance, avant de réaliser que Kasper Asgreen, non seulement s'accrochait à sa roue, mais qu'en prime il allait le déborder. Levant la main de dépit, le champion des Pays-Bas a compris, résigné, qu'il devrait cette fois se contenter de la deuxième place. A-t-il commis une erreur de braquet dans ce sprint à deux ? Sans doute pas. Il a emmené celui qu'il était capable d'emmener. Asgreen était, tout simplement, plus fort et plus frais que lui.
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Un braquet énorme et Asgreen a écoeuré Van der Poel au sprint : Sa victoire en vidéo

La phrase
"Je pense avoir fait une très belle course mais à l'arrivée, il y avait un gars plus fort que moi. Asgreen mérite sa victoire. Il n'a pas calculé, il a roulé, il a cru en lui. J'ai bien lancé mon sprint mais, tout de suite, j'ai senti que les jambes ne répondaient pas assez bien pour gagner. Je peux quand même être fier de ma course et de ce que j'ai fait depuis le début de la saison mais là, sur le coup, je suis un peu déçu."
La stat : 2014.
Fabian Cancellara reste donc le dernier coureur à avoir conservé son "titre" sur le Tour des Flandres. Le Suisse s'était imposé coup sur coup en 2013 et 2014, pour décrocher ses deuxième et troisième victoires dans le "Ronde". Depuis, il y a eu sept vainqueurs différents : Kristoff, Sagan, Gilbert, Terpstra, Bettiol, Van der Poel et Asgreen. Mais le coup est passé près pour MVDP.
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Kasper Asgreen (Deceuninck) et Mathieu van der Poel (Alpecin). Tour de Flandres 2021

Crédit: Getty Images

Wout Van Aert (6e, Jumbo-Visma)

Son bilan
Quel visage allait afficher Wout Van Aert ? Il avait soufflé le chaud et le froid dans les courses préparatoires. Impérial dans Gand-Wevelgem, il avait coincé deux jours plus tôt lors de l'E3 Saxo Bank Classic. Dimanche, ce fut du bon, mais pas du grand Van Aert. Il a répondu à toutes les attaques, jusqu'à 17 kilomètres de l'arrivée. Les deux derniers monts ont été de trop pour l'homme fort de la Jumbo-Visma.
La superstar belge n'a pas grand-chose à se reprocher. Tactiquement, Van Aet a fait ce qu'il fallait, notamment lorsque Kasper Asgreen a lancé le coup décisif à 26 kilomètres de l'arrivée. C'est alors lui qui a réagi le premier, ne se laissant pas surprendre lors d'un ravitaillement, pour opérer tout de suite la jonction, avec Van der Poel dans sa roue. Mais le Ronde, si exigeant, ne pardonne pas la moindre faiblesse, même quand elle n'est que relative. Il lui a manqué deux monts et 15 gros kilomètres. C’est à la fois peu et beaucoup.
Le moment fatal
Vieux Quaremont. A l'approche des 15 derniers kilomètres, Wout Van Aert est encore dans le coup et bien dans le coup. Mais le Belge, présent dans le trio de tête, ne va pas survivre à l'énorme mine posée par Van der Poel dans le Vieux Quaremont. Là, il a affiché ses limites du jour. Un peu plus loin, dans le Paterberg, dernier mont du jour, Van Aert a encore accusé le coup, zigzaguant même sur la chaussée. Il allait d’ailleurs être repris par le groupe de chasse pour terminer à la 6e place.
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Comment Asgreen a résisté à Van der Poel dans le Vieux Quaremont

La phrase
"Est-ce que je suis déçu ? Oui et non. Je n'ai pas fait la moindre faute, mais j'espérais avoir de meilleures sensations. C'était mon principal objectif du printemps. Il faut que je me relève de ça. Mais aujourd'hui, je n'étais tout simplement pas assez fort pour gagner le Tour des Flandres."
La stat : 1.
La Belgique traverse une période de relative disette sur "son" Ronde Van Vlaanderen. Depuis le dernier des trois sacres de Tom Boonen, en 2012, les Belges n'ont signé qu'une seule victoire sur le Tour des Flandres. Une victoire en neuf éditions, c'est un bilan maigrichon à l'échelle de l'histoire. C'est même inédit. Seul Philippe Gilbert, avec son mémorable succès en 2017, s'est imposé depuis Boonen. Si Wout Van Aert portait l'essentiel des espoirs belges ce dimanche, c'est Greg Van Avermaet, 3e, qui a assuré une nouvelle présence sur le podium.

Julian Alaphiippe (42e, Deceuninck – Quick Step)

Son bilan
Quand on s'appelle Julian Alaphilippe, le classement final est anecdotique quand sa place n'est pas tout en haut. Si on lui avait dit dimanche matin au départ qu'il terminerait 42e, derrière un garçon comme Warren Barguil, peut-être aurait-il accusé le coup. En réalité, ce Tour des Flandres n'est pas un fiasco complet pour le champion du monde. Mais une fois qu'il a compris qu'il n'avait plus aucune chance de lutter pour la victoire, il s'est totalement relevé.
A un peu plus de 25 kilomètres de l'arrivée, Alaphilippe figurait pourtant dans le groupe de tête, composé de six coureurs. Il était donc dans l'allure, et même un peu plus que cela, puisqu'il avait jusqu'ici été un des principaux animateurs de la course parmi les favoris. Comme l'an passé, c'est lui qui a secoué le cocotier dans le Koppenberg. Le Français semblait bien en cannes, presque facile. Puis il a progressivement disparu de la circulation, jusqu'à cette anecdotique 42e place. Animer n'est pas gagner...
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En 2021 comme en 2020 : Julian Alaphilippe a accéléré dans le Koppenberg

Le moment fatal
A 27 kilomètres de l'arrivée, Julian Alaphilippe se trouve donc dans le groupe de tête en compagnie de Van Aert, Van der Poel, Asgreen, Haller et Teuns. C'est alors que Kasper Asgreen lance ce qui s'avèrera être la manœuvre décisive. Van Aert et Van der Poel prennent la roue du Danois de l'équipe Elegant - Quick Step (son petit nom ce dimanche) mais pas Alaphilippe, qui laisse son coéquipier jouer sa carte.
Aurait-il pu suivre à cet instant précis ? Peut-être. Aurait-il pu gagner ce Ronde ? A coup sûr, non. La suite l'a démontré. Dans le Vieux Quaremont, "Alaf'" a vu les poursuivants, revenus de l'arrière, partir sans lui. La Deceuncinck avait abattu la bonne carte et, quand bien même Asgreen ne serait pas allé au bout de ses intentions, cela n'aurait rien changé au destin de Julian Alaphilippe ce dimanche.
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Le tournant du Ronde : L'attaque décisive d'Asgreen et Alaphilippe trop juste physiquement

La phrase
"Je n'ai aucun regret. Kasper est un mec super, il mérite de gagner aujourd'hui. Je suis trop content pour lui."
La stat : 1.
Julian Alaphilippe boucle donc la première phase de sa saison avec une seule victoire au compteur, acquise lors de la 2e étape de Tirreno-Adriatico. Pour le reste, il a souvent été dans l'allure, plus ou moins longtemps, mais il lui a toujours manqué quelque chose pour aller au bout.
Sur ce Tour des Flandres comme à Sanremo ou ailleurs, le champion du monde parait à sa place : pas loin, mais pas tout en haut. Il lui manque pour l'instant ce jump irrésistible qui le caractérise dans ses meilleures périodes pour redevenir la machine à gagner que l'on connait. Il va maintenant pouvoir mettre le cap sur les Ardennaises, où, s'il n'apparait pas aussi indiscutablement que certaines années comme l’homme à battre, il n'en restera pas moins incontournable.
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