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Tour des Flandres - Mads Pedersen, le (re)conquérant

Benoît Vittek

Mis à jour 31/03/2022 à 21:43 GMT+2

TOUR DES FLANDRES - Mads Pedersen a de quoi être revanchard. "Je ne veux plus voir ces regards", assure le Danois de la Trek-Segafredo, champion du monde avant d'affronter de nombreuses galères ces deux dernières années. Ça tombe bien, Pedersen n'a selon lui "jamais été aussi fort", en début de saison. Il est temps de le matérialiser lors des Monuments pavés, à commencer par le Ronde, ce dimanche.

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Les commentaires n’ont pas toujours été tendres avec Mads Pedersen. Le champion du monde surprise de fin 2019 a connu un règne malheureux sous les couleurs de l’arc-en-ciel avant de multiplier les galères en 2021. Ça lui a valu de nombreuses critiques, sévères. Lui-même porte un regard cinglant sur sa dernière saison : "de la merde", assure le Danois au moment d’attaquer ses plus grands rendez-vous du printemps 2022, le Tour des Flandres ce week-end, et Paris-Roubaix deux semaines plus tard avec une force et une confiance retrouvées.
Devant une honnêteté si sévère, peut-on croire Pedersen en toutes circonstances ? Il ne faut jamais écouter les coureurs qui se plaignent au départ d’une course, paraît-il. Ils ont mal dormi, mal à la gorge ou au ventre, puis ils imposent aux avants-postes leurs faciès conquérants, bien loin des mines peinées du matin. On attend de voir quel visage le solide Danois montrera dimanche à Anvers au moment de prendre la route d’Audenarde, mais il affichait une belle sérénité sur les routes de Paris-Nice, le mois dernier : "Je n’ai jamais été aussi fort à cette période de l’année."
Ses démonstrations sur la route s’accordaient avec ses assertions devant les micros. Sur une course au soleil éprouvante, le bûcheron danois émergeait parmi les plus résistants lorsque le peloton se réduisait comme peau de chagrin, éreinté par le parcours, la météo et un virus qui semble toucher toutes les équipes sans exception. Pas de galère pour Pedersen, vainqueur à Dun-le-Palestel avec un sprint tout en puissance, en montée, en anticipant. Calé dans son sillage, Wout van Aert pensait profiter de la mise en action précoce du Danois, mais le Belge omnipotent échouait à ne serait-ce que tenir la roue de son adversaire.
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Le temps des galères

Sur les routes creusoises, Pedersen signait alors la 20e victoire de sa carrière, la 2e du début de saison 2022 après un succès rapide sur l’Étoile de Bessèges. En se plongeant dans les différentes lignes de son palmarès (Gand-Wevelgem, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, champion du Danemark…), on observe qu’il n’avait jamais été aussi efficace en début d’année. Et qu’il a plus souvent gagné avant (11 fois) qu’après (8) avoir décroché l’arc-en-ciel sous les averses du Yorkshire, en septembre 2019.
Sous le règne de Pedersen, la malédiction de l’arc-en-ciel s’est étendue au monde entier, au long d’une année 2020 largement perturbée par la pandémie de Covid-19. Le champion du monde ne s’est imposé qu’une seule fois (un sprint surpuissant sur le Tour de Pologne) avant de céder son maillot irisé à Julian Alaphilippe. On le pensait relancé avec des succès sur Gand-Wevelgem, au crépuscule de la saison 2020, et Kuurne-Bruxelles-Kuurne, en ouverture de la campagne suivante. Le coronavirus l’a coupé dans son élan.
Malade au printemps, Pedersen a ensuite multiplié les chutes. Sur le Tour de France, où il a été pris dans le chaos "Opi Omi" avant de tâter à nouveau le bitume sur la route du Grand Bornand. Aux Mondiaux, lorsqu’il espérait retrouver toute sa verve en Flandre, sur les terres où il s’était révélé au printemps 2018 (2e du "Ronde" à 22 ans). Et enfin à Paris-Roubaix, où les conditions épiques semblaient favoriser sa résistance exceptionnelle. Ses rêves de triomphe dans le vélodrome se sont heurtés à Luke Rowe, violemment percuté après un incident dans la trouée d’Arenberg trempée.

"Je ne veux plus voir ces regards"

"Celle-là m’a fait vraiment mal, reconnaît le solide Danois. Mais quand j’ai vu la réaction de toute l’équipe, le staff et les coureurs, c’est peut-être bizarre mais ça m’a donné la motivation pour être encore meilleur la prochaine fois. Je ne veux plus voir ces regards. Ce n’est pas pour ça que je cours, ce n’est pas pour ça que je pousse tous ces gens à m’aider. Je sais que je ne pouvais rien faire d'autre et que ce n’était pas ma faute, mais c’était une grande déception."
L’intersaison lui a visiblement permis de bien digérer le coup, moralement et physiquement, et de préparer au mieux son nouvel assaut. Dans la continuité de son Paris-Nice réussi, Pedersen était invité de dernière minute sur Milan-Sanremo, pour pallier le forfait de son compère de classiques Jasper Stuyven (malade). Le Danois était le meilleur des sprinteurs sur le Poggio, 6e à l’arrivée sur la via Roma.
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"Une saison de merde n’enlève rien"

La Primavera a montré une nouvelle fois sa capacité à endurer les efforts et les offensives des puncheurs. Pedersen veut désormais concrétiser dans le nord. Piégé sur l’E3 Saxo Bank (24e), il a coincé lors d'À travers la Flandre mercredi (69e), mais il avait entre temps répondu présent sur Gand-Wevelgem (7e). Le duo Van Aert - Van der Poel s’est repositionné au sommet des listes de favoris - à condition que Van Aert soit présent - pour les deux Monuments pavés du printemps, mais le natif de Tølløse se verrait bien refaire le coup danois de Kasper Asgreen, venu frustrer les "Van" l’an dernier à Audenarde.
Plus loin dans la saison, le Grand Départ du Tour de France, au Danemark, mènera Pedersen sur des terres qu’il connaît bien, et qui semblent idéales pour lui permettre de briguer le maillot jaune. Et aux antipodes de ces terrains de jeu, le parcours australien des Mondiaux, à Wollongong, promet une longue journée usante avant une explication nerveuse dans le final. Idéal pour Pedersen, qui espère bien voir les étoiles s’aligner à nouveau pour lui : "J’ai 26 ans, j’ai atteint le plus haut niveau, j’ai été champion du monde, j’ai gagné des classiques. Une saison de merde n’enlève rien."
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