L'éclosion de Paul Lapeira, vainqueur sur le Tour du Pays basque : "Je ne sais pas ce qui m'arrive"

Lapeira par ci, Lapeira par là… Il ne passe pas une semaine ces derniers temps sans que le nom du coureur de Decathlon-AG2R ne soit mentionné. Tantôt parce qu'il gagne, comme à la Classic Loire Atlantique et au Cholet Agglo Tour, ses deux premières victoires professionnelles, tantôt parce qu'il tente sa chance seulement, comme à La Roue Tourangelle ou au Grand Prix Miguel Indurain ce dimanche. L'année 2024 est celle de sa révélation et même au plus haut niveau puisqu'il a ouvert son compteur en World Tour sur le Tour du Pays basque. Décoiffant !

"J’y vais en espérant aller chercher un résultat sur une étape correspondant à mes qualités, un sprint en comité réduit ou quelque chose dans le genre". Paul Lapeira lit-il l'avenir ? Interrogé par Eurosport après son weekend à deux victoires mi-mars, le puncheur français de 23 ans avait évoqué le Tour du Pays basque, la course World Tour à venir. Il assurait alors vouloir se tester dans les cols et face à une concurrence relevée. Il évoquait aussi "un résultat" donc. Par pudeur de ses ambitions, par prudence ?

Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour le voir glaner ce "résultat", à savoir une victoire sur la première étape en ligne, disputée sous la pluie comme le contre-la-montre initial de lundi. Les conditions météorologiques ne sont d'ailleurs pas étrangères à son succès tant elles ont mis le peloton sous pression dans le final. Tao Geoghegan Hart (Lidl-Trek) a payé pour le savoir en tombant un peu plus de trois kilomètres du but, sa chute coupant le peloton en deux. Bien placé et à l'aise sur ce genre d'arrivées, Romain Grégoire (Groupama-FDJ) a lui glissé dans un virage. Dès lors, plus personne ne savait vraiment quoi faire, à part Decathlon-AG2R La Mondiale.

"J'ai essayé d'attaquer à un kilomètre et demi de l'arrivée, remet Lapeira. Le peloton est tout de suite venu me chercher donc j'ai pensé au sprint et je me suis relevé. Bruno Armirail a pris le 'manche' à 700 mètres, il m'a emmené jusqu'aux 200 mètres. Quand j'ai vu que ça revenait aux 200, j'ai lancé mon sprint. C'est trop bien." Sans sprinteur, mais aussi sans favori, cette deuxième étape qui arrivait en France (à Cambo-les-Bains) pouvait sourire à n'importe qui, ou presque.

Les leaders n'ont pris aucun risque (Ayuso a terminé 18e, Vingegaard 19e, Evenepoel 26e et Roglic 29e) alors Lapeira a saisi sa chance et sa victoire n'a souffert d'aucune contestation tant il a magnifié le travail d'Armirail en s'imposant avec une belle longueur d'avance. "Je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment, jubilait-il. J'ai gagné deux fois il y a trois semaines. J'arrive sur une course World Tour où le niveau est tout autre… C'est génial."

Génial et en effet inattendu comme semble le sous-entendre le Normand de 23 ans. Meilleur grimpeur d'un jour sur le Giro 2023, Lapeira y avait connu son heure de gloire, lui qui n'avait pas réussi à gagner depuis son passage chez les pros au tournant des saisons 2021 et 2022. Son compteur ouvert en Coupe de France, il avait à l'évidence envie de voir plus haut, en World Tour où son équipe brille depuis le début de saison. S'il marche à la confiance, Paul Lapeira devrait encore surprendre dans les semaines à venir.