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Vuelte 2023 | Kuss, Vingegaard, Roglic... Le Tour d'Espagne va-t-il laisser des traces chez Jumbo-Visma ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 17/09/2023 à 13:47 GMT+2

Auteur d'un triplé historique sur le Tour d'Espagne, Jumbo-Visma a pris le risque de vexer ses deux leaders habituels, Primoz Roglic et Jonas Vingegaard. Si pour ce dernier, la décision de geler la course au profit de Sepp Kuss ne le prive "que" d'une grande victoire, pour le premier en revanche, l'avenir au sein de sa formation s'est sérieusement assombri à la lumière des derniers événements.

Roglic doit-il quitter la Jumbo ? "S'il veut gagner le Tour de France, il doit partir"

Ils avaient le sourire au moment d'enlacer Sepp Kuss, roi d'un jour, roi d'un grand tour. Primoz Roglic et Jonas Vingegaard ont célébré avec plaisir leur équipier de toujours, ce samedi dans les derniers hectomètres d'une 20e étape tranquille comme les précédentes pour la meilleure équipe du monde. Leur joie paraissait sincère mais au fond d'eux, ont-ils le petit goût amer que ressentent ceux qui pensent que tout ne s'est pas passé comme prévu ? "Des sentiments partagés", avait évoqué Roglic dans la semaine. Précisément ce qui pourrait transformer ce Tour d'Espagne de rêve en grain de sable dans la belle machine.
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Sifflés par une partie du public, les trois Jumbo-Visma arrivent unis

Chez les Jaune et Noir, les choses ont toujours été claires : l'équipe passe avant les individualités. Son succès évidemment, ses intérêts aussi. Au printemps, on a ainsi vu Tiesj Benoot, Dylan van Baarle, Christophe Laporte et Wout van Aert triompher de semi-classiques flandriennes. Mais sur les Monuments, seul le dernier avait le champ libre, question de statut. Pensant le triplé possible sur les grands tours, la Jumbo-Visma a opéré une répartition des forces en Italie et en France : Roglic d'un côté, Vingegaard de l'autre.

Le plus fort n'a pas gagné la Vuelta

Moins coté et placé en dernier, le Tour d'Espagne ressemble à une deuxième chance pour les uns, un second objectif pour d'autres et enfin l'occasion de surfer sur une vague pour les derniers. Primoz Roglic et Jonas Vingegaard répondent à la première et la dernière description. Le Slovène, triple vainqueur entre 2019 et 2021, avait la quatrième victoire dans le viseur. Le Danois a lui jugé que sa forme à la sortie du Tour lui permettait d'enchaîner. Co-leaders pour la première fois depuis le Tour de France 2022, le duo avait de sérieuses raisons de croire à la victoire. A condition d'être le plus fort.
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Evenepoel battu, le sacre total de la Jumbo : le résumé de la 20e étape

Problème, le classement final donne une lecture différente de celle laissée sur la route. Supérieurs, Roglic et Vingegaard l'ont été devant une concurrence privée de son atout le plus dangereux, Remco Evenepoel. Mais au-dessus d'eux, on a décidé la paix des braves et donc le refus d'une vérité absolue et implacable. En leur for intérieur, les deux pensent sans doute ce dimanche qu'ils auraient pu, et voire dû, être les vainqueurs du Tour d'Espagne 2023. Comment penser que Sepp Kuss aurait tenu si les deux avaient lâché les chevaux et si on ne lui avait pas offert ces quelque deux minutes d'avance en première semaine ?

Deux doublés envolés

Bien sûr, il fait un beau vainqueur. Évidemment que son succès n'est pas un scandale absolu puisqu'il n'a jamais été à la dérive, même quand il fut attaqué. Son sacre récompense enfin les efforts faits pour ses leaders grand tour après grand tour. Tout ceci est vrai mais pour des champions de la trempe de Jonas Vingegaard et Primoz Roglic, ne pas avoir pu se battre doit être une pilule bien difficile à avaler. Le premier a été privé d'un doublé Tour-Vuelta que le seul Chris Froome a réussi dans ce sens-là, le second d'un doublé Giro-Vuelta, 14 ans après Alberto Contador.
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Son attaque, son arrivée et son émotion : Vingegaard a encore fait le show

Un temps, quand Jonas Vingegaard a repris près de deux minutes à Sepp Kuss, les suiveurs ont pensé que Jumbo-Visma allait sortir par le haut de cet insolent triplé espagnol. Peut-être les coureurs eux-mêmes l'ont-ils cru. Mais au soir de l'Angliru, une fois la victoire de prestige offerte à Primoz Roglic, Richard Plugge, le manager, a sifflé la fin de la récréation. Circulez, il n'y a rien à voir et Sepp Kuss montera sur la plus haute marche du podium à Madrid.

Roglic sur le départ ?

Que doit penser Jonas Vingegaard, meilleur coureur du monde sur les grands tours, visiblement le plus fort d'une Vuelta qu'il n'a pas remportée ? Que doit ressentir Primoz Roglic, qui avait fait de cette saison 2023 une opération rédemption après la prise de pouvoir de Vingegaard sur le Tour 2022 ? Le premier restera le patron de la Jumbo-Visma et n'a pas grand-chose à craindre d'un Sepp Kuss plus équipier que leader dans l'âme, mais il a tout de même été privé d'une grande victoire.
Le second, en revanche, a peut-être compris qu'il n'avait plus d'avenir en tant que coureur protégé sur le Tour de France, la course de ses rêves. A 33 ans passés, ses occasions se raréfient. Les rumeurs l'envoyant ailleurs dès 2024 se multiplient d'ailleurs ces dernières semaines et ce n'est pas forcément un hasard. 2023 fut une saison de rêve pour Jumbo-Visma, elle marquera peut-être un tournant dans son histoire.
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