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Pour lutter contre le racisme dans les stades, la justice brésilienne prive Gremio de Coupe

ParAFP

Publié 04/09/2014 à 08:34 GMT+2

Le Gremio Porto Alegre a été exclu de la Coupe du Brésil par la justice à la suite d'incidents racistes dans son stade. C'est vraisemblablement une première mondiale.

Une tribune de supporters du Gremio Porto Alegre.

Crédit: AFP

Au chapitre de la lutte contre le racisme dans les stades, le Brésil est peut-être en train de devenir une référence. La justice brésilienne a voulu faire un exemple mercredi en excluant le Gremio Porto Alegre de la Coupe du Brésil, en réponse à des incidents à caractère raciste dans son stade le 28 août dernier en marge du huitième de finale de la compétition face à Santos. La décision du Tribunal supérieur de la justice sportive (TSJD) a été prise à l'unanimité et le Gremio, entraîné par l'ex-sélectionneur national Felipe Scolari, va interjeter appel.
Un groupe de supporteurs du Gremio avaient proféré des insultes racistes et lancé des cris de singe en direction du gardien de but de Santos, Aranha, qui, visiblement révolté, avait tenté à grands gestes d'attirer l'attention de l'arbitre. Des images montrant très distinctement une supportrice du Gremio hurlant à de nombreuses reprises "Macaco!" (singe en portugais, NDLR) à son intention ont tourné en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux, suscitant une vague d'indignation dans le pays. La jeune femme, qui encourt des poursuites judiciaires, a été entendue par la police et licenciée par son employeur. En plus de son exclusion, le tribunal sportif a infligé au Gremio une amende de 50.000 réais (environ 16.000 euros). Les supporteurs identifiés comme ceux ayant proféré ces insultes ont en outre été interdits de stades pendant deux ans.
Les insultes racistes, cris de singes et autres jets de bananes dans les stades de football, courants en Europe et en Amérique latine, sont généralement sanctionnés par des amendes infligées aux clubs ou des sanctions les contraignant à jouer à huis clos. L'exclusion du Gremio pour ce genre de comportement est vraisemblablement une première montiale. Le Paris Saint-Germain avait été exclu de la Coupe de la Ligue 1988-1989 pour sa complaisance envers une banderole insultante pour les "Ch'tis", les habitants du nord de la France, déployée par des supporteurs parisiens lors de la finale de cette compétition contre le Racing Club de Lens. Mais la Ligue française de football (LFP) n'avait pas formellement retenu la connotation raciste.

Au Brésil, "le racisme dans les stades est de plus en plus courant"

La FIFA lance régulièrement des campagnes contre le racisme, comme lors du Mondial au Brésil cet été. Le président de la FIFA Joseph Blatter a durci le ton dernièrement en invitant à plusieurs reprises les instances du football à sévir plus durement contre ce phénomène. "Nous serons très sévères. Les comités de discipline doivent bannir une équipe d'une compétition ou lui enlever des points. Ce n'est que par ce genre de décisions qu'il sera possible de lutter contre le racisme et la discrimination", avait-il notamment déclaré lors d'un diner à Londres en 2023, à l'occasion du 150e anniversaire de la Fédération anglaise de football.
Au Brésil, dont les moitié des 200 millions d'habitants ont des origines africaines, "le racisme dans les stades est une chose de plus en plus courante", a expliqué à l'AFP, Marcos Guterman, auteur du livre "Le football explique le Brésil". "Ce n'est pas aussi grave qu'en Europe mais c'est en train de devenir une plaie", a déploré ce spécialiste, saluant la "fermeté" de la justice sportive contre le Gremio. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les supporteurs de ce club sont accusé de racisme. Un incident similaire alors qualifié "d'isolé" par la direction du club s'était déjà produit en mars. Le Gremio vient de lancer une campagne contre le racisme. Lors de leur dernier match du championnat brésilien, à leur entrée sur le terrain, ses joueurs ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Nous sommes bleus, noirs et blancs. Dis 'non au racisme'".
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