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Rien ne remplace les fans : comment le huis clos bouleverse les résultats de Bundesliga

Vincent Bregevin

Mis à jour 29/05/2020 à 22:39 GMT+2

BUNDESLIGA - Cinq petites victoires à domicile en trois journées : les équipes qui reçoivent sont en souffrance depuis la reprise et le huis clos imposé en est l'une des principales explications. Si le constat doit être relativisé, l'absence du public change considérablement la donne et son impact sur les résultats est loin d'être négligeable.

Timo Werner of Leipzig reacts during the Bundesliga match between RB Leipzig and Hertha BSC at Red Bull Arena on May 27, 2020 in Leipzig, Germany. The Bundesliga and Second Bundesliga is the first professional league to resume the season after the nationw

Crédit: Getty Images

Jouer dans son stade ne semble plus être un avantage. Au contraire. Ce serait devenu un handicap difficile à surmonter. Le constat est clair depuis la reprise de la Bundesliga. Même si cet échantillon de trois journées reste encore limité pour porter un jugement définitif, il y a quand même une tendance qui se dégage. Avec un bilan de 5 victoires à domicile sur les 27 rencontres disputées, il ne fait pas bon recevoir ces derniers temps en Allemagne. Une explication vient facilement à l'esprit pour justifier le phénomène : le huis clos imposé pour lutter contre la pandémie du Covid-19, privant ainsi les équipes qui reçoivent de l'appui de leurs supporters.
Elle revient régulièrement dans la bouche des entraîneurs. "Evidemment, tout le monde sait que nos fans nous manquent", regrettait Lucien Favre, le coach du Borussia Dortmund, après la défaite face au Bayern Munich mardi au Signal Iduna Park (0-1). "Bien sûr, c'est un gros inconvénient de ne pas avoir de supporters, ajoutait Julian Nagelsmann, celui du RB Leipzig, après le nul concédé face au Hertha Berlin (2-2), le deuxième consécutif à domicile pour sa formation depuis la reprise. Vous pouvez voir et entendre qu'il manque un énorme aspect émotionnel. Nous devons attendre que les supporters reviennent et nous soutiennent."

L'amplificateur d'un phénomène

Les mauvaises langues diront que le huis-clos a bon dos au moment d'expliquer certaines contre-performances. Elles n'auraient pas complètement tort. L'Allemagne avait l'un des championnats les plus ouverts du Vieux Continent avant son interruption en mars. La faiblesse de l'écart entre le ratio de victoires à domicile (43,3%) et les succès en déplacements (34,9%), ajoutée à la rareté des matches nuls (21,8%), symbolisaient déjà une ligue où les équipes jouaient pour gagner, quel que soit le terrain. Seule la Serie A tient la comparaison avec 40% de victoires à domicile pour 37% de succès à l'extérieur, et 23% de nuls. Dans ces deux championnats, il n'est habituellement pas rare de gagner loin de ses bases.
Le bilan des matches de Bundesliga...
... jusqu'à l'interruption... depuis la reprise
Matches22428
Victoires à domicile97 (43,3%)5 (17,9%)
Nuls49 (21,8%)10 (35,7%)
Victoires à l'extérieur78 (34,9%)13 (46,4%)
Il n'empêche. Si le huis clos ne doit pas être considéré comme la seule cause des difficultés rencontrées par les clubs allemands pour gagner chez eux depuis la reprise, il semble quand même jouer un rôle majeur sur cette tendance. Sur les 28 matches disputés depuis la reprise (en comptant la victoire de Leverkusen sur la pelouse de Fribourg vendredi), il y a eu une très nette augmentation des succès à l'extérieur (13, soit 46,4%) et des matches nuls (10, soit 35,7%) et une diminution drastique des victoires à domicile (5, soit 17,9%). Dans un championnat où les équipes étaient déjà particulièrement à l'aise loin de leurs bases, le huis clos a visiblement encore amplifié le phénomène. Dans des proportions assez larges.

Le contexte change, mais la pression reste

La donne change dans les deux sens. Patrick Guillou soulignait mardi sur BeIN Sports que les équipes qui reçoivent se mettent déjà une pression importante pour gagner à domicile. Jouer devant son public est un avantage dont il faut profiter pour prendre un maximum de points au classement. Mais sans le public pour les galvaniser, cette pression devient négative et plus difficile à supporter. Si le contexte devient plus délicat à gérer, il est parallèlement plus favorable pour les équipes qui se déplacent. Dans un environnement qui n'est plus hostile, elles sont nettement plus à l'aise pour s'exprimer.
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28e j. - Le huis clos est plus avantageux pour l'équipe qui se déplace, selon Bosz

Peter Bosz a pu constater le phénomène. Quatre jours après avoir vu son équipe briller à Mönchengladbach (1-3), l'entraîneur de Leverkusen ne l'a pas reconnue dans son antre de la BayArena face à Wolfsburg (1-4). "Nous savons tous que les fans présents dans les stades supportent majoritairement l'équipe qui évolue à domicile, a-t-il rappelé. Et nous pouvons voir les conséquences de la situation actuelle lorsque nous nous déplaçons. Cette situation est plus facile pour les équipes qui jouent à l'extérieur que pour celles qui reçoivent. Mais les supporters ne peuvent pas aider l'équipe qui évolue à domicile. Donc je pense que le huis clos a un impact majeur." Il semble en tout cas plutôt en faveur des siens, qui se sont imposés vendredi à Fribourg pour la troisième fois hors de leur base depuis la reprise.

L'inégalité se creuse avec le huis clos

Bosz a au passage estimé que tous les clubs n'étaient pas forcément logés à la même enseigne face au huis clos. "Cela dépend aussi de la qualité de l'équipe", a-t-il ainsi souligné. Ce n'est pas forcément un hasard si le Bayern Munich a facilement remporté son seul match à domicile depuis la reprise, face à l'Eintracht Francfort (2-1). Le septuple champion d'Allemagne en titre, en route vers un huitième sacre consécutif, dispose d'un effectif de qualité supérieure et peut certainement se passer plus facilement de l'appui de son public. A l'inverse, un club comme l'Union Berlin ne peut pas s'appuyer sur cet avantage et mise beaucoup sur l'ambiance surchauffée de son stade. Ce n'est probablement pas une coïncidence s'il vient de concéder deux défaites chez lui sans ses supporters.
Il vaut mieux avoir une institution forte et un vécu important pour faire face aux conséquences du huis clos. Car le public a son influence sur un match et le phénomène actuel ne fait que le confirmer. Les artifices mis en place pour créer un semblant d'atmosphère n'y ont rien changé. La reproduction des bruits des supporters avec la sono du Signa Iduna Park n'a pas empêché Dortmund de s'incliner devant le Bayern (0-1). Et la présence de figures en carton de supporters au Borussia-Park n'a pas été plus favorable à Mönchengladbach face à Leverkusen (1-3). Rien ne remplace les fans. Et leur absence n'a peut-être pas fini de peser sur les résultats.
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Du huis clos, moins d'émotion et de frisson : Tout cela en vaut-il vraiment la peine ?

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