Avant la liste des Bleus de Didier Deschamps - "Un de nos meilleurs joueurs" : Benjamin Pavard, le sens du timing

Vu de France, Benjamin Pavard ne fait plus l'affaire. Après une Coupe du monde qui l'a vu complètement disparaître de l'équipe après un premier match raté contre l'Australie, alors que Didier Deschamps lui a même préféré Axel Disasi sur certaines séquences, le héros de 2018 semble avoir perdu cape et supers pouvoirs. Lourdement critiqué depuis plusieurs années pour ne pas avoir toujours su tenir le couloir droit des Bleus, l'ancien Lillois a dû affronter une sérieuse période de remise en cause en sélection si bien que sa présence pour la suite des évènements avec les Bleus est incertaine.

Vu d'Allemagne, la statue Pavard reste indéboulonnable. En novembre dernier, il ouvrait la porte à un nouveau challenge. "Je ne suis pas contre découvrir un nouveau projet. C’est peut-être le moment", prévenait celui dont le contrat arrivera à échéance en juin prochain. Des propos qui auraient irrité le vénérable club bavarois. Mais, depuis son retour du Qatar, Pavard enchaîne, comme toujours, les titularisations (9 en 12 matches) dans l'un des plus grands clubs du monde. L'expulsion face à Paris au Parc des Princes n'a sans doute pas arrangé son cas dans son pays natal et il lui faudra sans doute encore longtemps lutter entre les deux visions d'une même réalité.

Pour convaincre Deschamps de prolonger son aventure bleue et le Bayern de lui offrir un contrat digne de son importance en Bavière, Benjamin Pavard s'est offert ce samedi le premier doublé de sa carrière. Et comme il ne fait jamais rien à moitié, il y a ajouté du spectacle pour être bien certain que personne ne passe à côté de ses exploits. Ce sont donc deux volées, dont une lumineuse, qui ont permis au Bayern de prendre le meilleur sur Augsburg (5-3). Vendredi déjà, le sélectionneur lui avait tendu la main : "Du jour au lendemain, tu ne tires pas une croix sur quelqu'un. Il m'appartient à moi et à mon staff de juger Benjamin par rapport à la concurrence."

Sa prestation de samedi est un précieux argument et prouve que, malgré une aventure ratée au Qatar, la confiance du défenseur central n'est pas touchée. "Benji a fait une bonne prestation, a jugé son entraîneur Julian Nagelsmann, sous le charme du Français. Il veut toujours gagner. Il a aussi marqué des buts aujourd'hui. Il a très bien joué contre Paris (match aller). Il joue plus souvent à son poste de prédilection et fait du bon travail. Je sais qu'il se sent bien ici." Dans l'axe, Pavard est intouchable au Bayern quand il n'a toujours pas percé en sélection. C'est à droite qu'il a sombré à Doha et la concurrence à son poste de prédilection (Konaté, Upamecano, Saliba, Koundé voire Fofana ou Todibo) ne lui garantit rien avec les vice-champions du monde. Voilà pourquoi ce doublé tombe à pic.

Et s'il lui fallait encore un avocat pour plaider sa cause, son directeur sportif, Hassan Salihamidzic lui a déclaré sa flamme samedi alors que sa prolongation est un vrai sujet en Bavière : "Je suis vraiment heureux que Benji se porte si bien, a-t-il confié. Au cours des quatre à six dernières semaines, il a été l'un des meilleurs joueurs ici avec nous. Il vient à l'entraînement tous les jours avec le sourire. Il est heureux, travaille, de bonne humeur et en forme." Non décidément, Pavard ne pouvait pas espérer mieux à quelques jours d'un potentiel retour à Clairefontaine.