Cette fois, c'est sûr : David Trezeguet prend sa retraite

Une nouvelle page du football français se tourne. Quelques semaines après Thierry Henry, celui qui l'a longtemps accompagné au sein de l'attaque de l'équipe de France tire à son tour sa révérence. A 37 ans passés, David Trezeguet officialise la fin de sa carrière dans un entretien à paraitre, lundi dans les colonnes de L'Equipe. La rumeur a d'abord circulé dans la presse argentine avant d'être confirmée par l'intéressé lui-même. La sortie d'un nouveau monument du foot tricolore. Désormais, Robert Pirès est le dernier des 22 champions du monde 1998 à être encore en activité.

Les trajectoires d'Henry et Trezeguet auront convergé de leurs débuts à leur fin. Nés tous les deux en 1977, ils ont fait leurs armes sous le maillot de l'AS Monaco. C'est en se révélant avec le club de la Principauté que Trezeguet, comme son pote Henry, a gagné ses galons d'international. Il avait 20 ans au moment de la Coupe du monde 1998, où il tient un rôle annexe mais non marginal. Il y inscrit un but, face à l'Arabie Saoudite (4-0). En huitième de finale, si la lumière vient de Laurent Blanc, c'est lui qui place l'ampoule, d'une passe décisive de la tête, avant que Blanc n'appuie sur l'interrupteur. On se souviendra aussi de son sang-froid lors de la séance de tirs au but contre l'Italie, en quarts. Comme son pote Titi.

Mais le grand moment de sa carrière internationale, de sa carrière tout court, d'ailleurs, sans doute, celui qui est devenu "Trezegol" va le vivre en finale de l'Euro 2000, contre l'Italie. Remplaçant au coup d'envoi, il offre le titre aux Bleus en prolongation d'une lumineuse volée du gauche. La pureté de son geste dans la nuit magique de Rotterdam demeure l'illustration la plus exemplaire des qualités uniques cet attaquant racé, à la fois élégant et d'une terrifiante efficacité. Sa course folle, après son but, maillot tournoyant dans sa main droite, appartient à jamais à la légende de l'équipe de France.

Véritable serial buteur, David Trezeguet a inscrit au total 34 buts en 71 sélections. Sa vie en bleu aura duré une décennie, de 1998 à 2008. De grands bonheurs donc, de grands honneurs, aussi. Ce qui n'empêche pas les frustrations. Sous l'ère Domenech, il jouera plus souvent qu'à son tour les remplaçants de luxe, comme lors du Mondial 2006. Six ans après Rotterdam, une autre finale, encore contre l'Italie. Et Trezeguet de retour dans un rôle décisif. Du mauvais côté, cette fois, en ratant son tir au but dans la fatidique séance. De 2004 à 2008, sa moyenne de buts chez les Bleus chute drastiquement : 5 en 16 capes, contre 29 en 55 sélections de 1998 à 2004.

Trezeguet a également largement fait le bonheur des clubs où il est passé. L'AS Monaco, bien sûr, avec laquelle il a décroché deux titres de champion de France (1997, 2000). La Juventus, aussi, surtout. En dix saisons, Trezegoal est devenu une véritable légende du club piémontais, inscrivant pas moins de 171 buts, ce qui en fait le meilleur buteur étranger de l'histoire de la Vieille Dame. Du très haut (deux titres de champion, une finale de Ligue des champions) au très bas (la relégation après le scandale des matches truqués). Sa décision de rester au club renforcera sa cote auprès des supporters.

Depuis son départ en 2010, sa carrière avait emprunté les contre-allées plutôt que les grands axes, à Alicante, aux Emirats, en Argentine ou en Inde, là où il aura donc inscrit son tout dernier but, sous le maillot du FC Pune City. Son nom circulait encore dans les méandres du mercato. Un retour en Argentine avait été évoqué. Modène, en Serie B italienne, revenait également. Trezeguet a finalement décidé de tirer le rideau. Après quasiment deux décennies de bons et loyaux services. Ses anciens partenaires savent qu'ils n'en reverront pas de sitôt un comme lui. Pendant ce temps, les gardiens qu'il a martyrisés esquissent un sourire, teinté à la fois de soulagement et d'admiration.