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COUPE DE FRANCE - Table rase, Football Manager, montagnes russes : ce si délicieux virage à 180 degrés du Toulouse FC

Fabien Esvan

Mis à jour 29/01/2022 à 14:26 GMT+1

COUPE DE FRANCE - Enfin la vie en rose ? En déliquescence il y a deux ans, Toulouse a entamé une reconstruction aussi périlleuse qu'excitante, et qui commence peu à peu à porter ses fruits. Leader et meilleure attaque de Ligue 2 avec 45 buts inscrits, le "TFC" a l'opportunité de continuer sa belle parenthèse en Coupe face à un FC Versailles également ambitieux ce samedi à partir de 16h15.

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Ils avaient quitté la Ligue 1 sans faire de bruit, presque dans l’indifférence. Au bord du précipice depuis de nombreuses saisons déjà, les Violets étaient finalement descendus à l'étage inférieur, dix-sept ans après leur remontée dans l'élite. Entre une saison tronquée par le coronavirus et des performances dramatiques marquées par une vingtième place et 13 petits points après 28 journées, le TFC plongeait dans l'inconnu au printemps 2020.
Deux ans plus tard, la donne a quelque peu changé. Leader de Ligue 2 en attendant le match en retard de l'AC Ajaccio prévu vendredi soir contre Auxerre, Toulouse a retrouvé des couleurs. Et de l'ambition. Porté par un nouveau projet, celui du fonds américain RedBird, le TFC a amorcé un virage aussi incertain que décisif. Dans une ville où cohabite le Stade Toulousain, champion d'Europe et double champion de France en titre, le "Tef" a su se refaire une place. Une nouvelle ère porteuse d'espoir, mais pas sans risque.

Repartir d’une page quasi blanche

Embourbé dans un drôle de ventre mou dans l'élite, habitué aux frayeurs de la relégation, le club est finalement reparti d'une page presque blanche, après vingt ans sous la direction d'Olivier Sadran. Si le mandat du chef d'entreprise toulousain a été couronné de belles réussites, ce nouveau chapitre est presque apparu comme une nécessité pour relancer les Violets.
C'est le 20 juillet 2020 que l'histoire du TFC a pris un tournant retentissant avec le rachat de 85% des parts du club par le fonds d'investissement américain RedBird Capital Partners. Nommé président du club, choisi par les nouveaux actionnaires majoritaires, Damien Comolli a alors eu le loisir de façonner le nouveau "Téfécé", bien aidé par le nouveau directeur général Olivier Jaubert.
Si l'acte I, porté par Patrice Garande n'a pas eu le succès escompté avec une défaite en barrages d'accession contre Nantes en mai dernier, il a néanmoins permis d'entrevoir de belles promesses sur ce projet toulousain. Une base encourageante sur laquelle travaille aujourd'hui Philippe Montanier, capitaine de route de l'une des équipes les plus séduisantes de l'antichambre et qui se distingue par son cocktail offensif.
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La data comme gouvernail

A Toulouse, c'est surtout la data qui a pris une place prépondérante dans la direction sportive. Jusqu'à devenir la norme. Gerry Cardinale, l'actionnaire majoritaire du club, a d'ailleurs été très clair sur le sujet. "Nous avons fait cet investissement avec comme principe l’analyse data. Nous avons l’usage exclusif d’un système d’analyse avec une entreprise qui s’appelle Zelus", a expliqué l'Américain dans le podcast Are you not Entertained, dans des propos rapportés par le site Les Violets.
Une vision que Damien Comolli s'évertue à peaufiner depuis son arrivée en juillet 2020. Car faute de moyens, il a fallu recruter malin. "Pour vous donner une idée, d’avril à fin août (ndlr, 2021), nous avons observé environ 140 joueurs, avec un double rapport pour chacun. C’est-à-dire qu’au moins deux recruteurs les ont observés, parfois trois. On parle de 300 matchs regardés, 450 heures de vidéo. Il y a eu par exemple 17 arrières droits, pour arriver à Mikkel Desler qui était notre priorité…", s'est félicité le président à l'issue du mercato estival dans une interview à La Dépêche.
Et à Toulouse, data et terrain vont évidemment de pair. Débarqué comme chef de la cellule de recrutement en mars 2021, Brendan MacFarlane est l'un des symboles de ces succès. Repéré sur Twitter pour ses analyses des prospects ou des joueurs peu connus du grand public, friand de Football Manager, l'Ecossais est arrivé avec de solides références au pied des Pyrénées.
Ancien scout en chef de Brentford où il a notamment attiré Bryan Mbeumo, Neal Maupay et Saïd Benrahma, MacFarlane forme aujourd'hui un sacré duo avec Julien Demeaux, le responsable de la data du club toulousain. Pour le plus grand bonheur du président Comolli. "Ils ont fait un boulot formidable en travaillant main dans la main, en alignant l’observation terrain et l’utilisation de la data."
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Healey, Ado, van den Boomen et tous les autres

C'est tout ce travail qui a permis aux Toulousains de flairer certains bons coups sur le marché des transferts. Depuis deux ans, de nombreux joueurs issus de championnats moins médiatisés et plus "exotiques" ont débarqué sur les bords de la Garonne. Pour s'y faire un nom.
Meilleur buteur de Ligue 2, auteur de 30 buts en 61 apparitions depuis son arrivée, Rhys Healey est le symbole de ce recrutement parfois "invraisemblable", tourné vers l'étranger et les coups à moindre coût. Outre le natif de Manchester, recruté en D3 anglaise, la cellule de recrutement du TFC a aussi attiré dans ses filets des joueurs aux profils très éclectiques comme le Japonais Ado Onaiwu, prêté par les Yokohama Marinos, ou encore Rafael Ratão, passé par une quinzaine de clubs professionnels alors qu'il n'a que 26 ans.
Les succès des Néerlandais Branco van den Boomen, actuel meilleur passeur de Ligue 2, et Stijn Spierings, de l'expérimenté Belge Brecht Dejaegere ou des Danois Rasmus Nicolaisen et Mikkel Desler sont d'autres éléments marquants de ce cocktail détonnant mais équilibré, qui secoue la Ligue 2. Avec déjà 45 buts marqués en 22 journées, le TFC s'est en tout cas affirmé comme l'une des attractions de la saison.

Le retour en grâce de la formation

Si les Healey, van den Boomen ou Ado ont accaparé la lumière de par leurs performances, le retour de la formation toulousaine au cœur du projet a également apporté un nouvel allant. Faute d'énormes moyens financiers malgré son statut de plus gros budget de Ligue 2, Toulouse a dû puiser dans ce qu'il faisait de mieux : révéler des talents.
Considéré comme l'une des meilleures académies de l'Hexagone, le centre de formation haut-garonnais n'a pas pâti de sa réputation, malgré quelques années de "creux" en Ligue 1. Brillants l'an dernier, et aujourd'hui dans les plus grands championnats européens, Janis Antiste, Amine Adli, Manu Koné ont cédé la place à une nouvelle vague tout aussi prometteuse.
Déjà utilisés l'an passé, Nathan Ngoumou, Moussa Diarra, Bafodé Diakité ou encore Anthony Rouault ont pris du galon cette saison et se sont imposés comme des éléments clés du collectif de Philippe Montanier, deuxième plus jeune de Ligue 2 avec 23,3 ans de moyenne d'âge.
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Pas encore la vi(ll)e en rose

Mais si le projet toulousain est aujourd'hui en bonne voie et très prometteur, tout n'est pas encore tout rose sur les bords de la Garonne. En proie à quelques difficultés financières, le club toulousain reste sous le radar de la DNCG. Ambitieux, les dirigeants haut-garonnais jouent la carte de la prudence et ne perdent pas de vue leur objectif prioritaire : la remontée immédiate en Ligue 1 en terminant dans les deux premiers.
Face à un FC Versailles qui vise grand pour les années à venir, le TFC a l'occasion de confirmer ses belles dispositions et de continuer sa belle parenthèse en Coupe de France. Samedi, les Violets chercheront aussi à faire le plein de confiance avant une dernière ligne droite capitale.
Malgré quelques performances en dents de scie et des oppositions délicates face à des défenses toujours plus resserrées, la belle histoire pourrait bien continuer dans les semaines et les mois à venir. Jeunesse prometteuse, force collective, étincelles à foison : oui, il y avait bien longtemps qu'on n'avait plus autant vibré devant le "Tef".
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