Nantes - Toulouse - "A Niort, il jouait au tiercé au bar" : Pallois, monsieur tout le monde devenu icône nantaise
Mis à jour 29/04/2023 à 09:31 GMT+2
Nicolas Pallois doit tout à la Coupe de France. Acteur majeur de l'incroyable campagne de Quevilly en 2006, il va aider Nantes à conserver son titre samedi en finale au Stade de France face à Toulouse. A 35 ans, le grand gaillard est devenu une icône des Canaris. La Beaujoire s'est entiché de son défenseur central, impitoyable sur le terrain et si doux et détaché des choses du foot dans la vie.
Il faut entendre la Beaujoire rugir chaque fois qu'il envoie une chandelle dans les nuages ou qu'il part, short relevé, dans une énième chevauchée dont il a le secret. En six ans, Nicolas Pallois est devenu une icône du FC Nantes et, plus largement encore, de la Ligue 1. Gros nounours de 190 centimètres, il a su convaincre un stade réputé pour son intransigeance. Lors de la 38e et dernière journée l'an passé, c'est son nom qui a été scandé par le stade tout entier.
D'abord parce que ses performances l'installent comme une référence à son poste et quelques-uns de ses moments saillants (finale de Coupe de France 2022, 16e de finale aller de Ligue Europa à Turin etc.) ont marqué les esprits. Si Nantes a atteint sa deuxième finale consécutive de Coupe de France, les Canaris le doivent en grande partie à leur défenseur central, exemplaire face à Alexandre Lacazette en demi-finale.
La première chose que je lui ai dit quand je l'ai découvert : 'Qu'est-ce que tu fous là toi ?'
Son niveau de jeu l'installe comme un incontournable chez les Jaune et Vert mais s'il est le chouchou, l'emblème ou le talisman du club, c'est aussi parce qu'il trimballe avec lui ce détachement, ce côté "monsieur tout le monde", anti bling-bling. "On peut s'identifier à lui. Ce n'est pas le plus expansif, le plus proche des supporters mais il est droit, honnête, raconte Lucas, supporter nantais. Il a une vie comme la nôtre, il ne se prend pas pour une star. On sent que c'est un mec bien." Pallois se tient loin de l'écume que charrie le monde professionnel, son strass et ses paillettes. Il ne consomme jamais de match chez lui et se contente de faire son métier le plus simplement mais le plus efficacement possible.
Un caractère tranquille qui a bien failli lui coûter sa carrière. "La première chose que je lui ai dit quand je l'ai découvert : 'Qu'est-ce que tu fous là toi ?', rembobine Régis Brouard qui avait, en 2008, récupéré Pallois, tout juste viré du centre de formation de Caen, en CFA à Quevilly. Il avait un potentiel énorme mais il était trop tranquille. Je lui disais toutes ses qualités pour que sa vie change. Mais il me répondait : 'Je suis avec mes potes et ma famille en Normandie, tout va bien.' Il n'était jamais dans la panique." A l’époque, le géant chauve a, alors, des cheveux mais pas vraiment de suite dans les idées. Mais un match va le bousculer sévèrement et le pousser à se prendre en main. La grande aventure de Quevilly en Coupe de France en 2010 va réveiller le compétiteur endormi.
PSG, Giuly et la bascule
"En demi-finale contre le PSG, il mange Ludovic Giuly, nous confie Brouard. A la fin du match, qu'on a perdu, il vient me voir et me dit : 'j'ai compris'. Il en a mis du temps pour saisir son potentiel. Mais ce fut un déclic." Tout ne sera pas si simple. À Valenciennes, puis Laval, il attend patiemment son tour. "A Laval, il était déterminé, se souvient son coach d'alors Philippe Hinschberger. Le problème c'est qu'il fait tout son début de carrière comme latéral gauche, c'était un problème vu son gabarit. Il rate ses premiers matches et il se passe quelques mois avant que je le mette dans l'axe. On voyait son potentiel mais j'avais du monde en défense centrale. Du coup, il était frustré, tous les jours à l'entraînement, il disait qu'il méritait de jouer mais on ne l'a pas conservé."
"Il a eu du mal avec l'exigence du monde professionnel au départ", ajoute Brouard. Direction Niort où sa carrière décolle, à 25 ans. Sa vie change mais rien ne change, au fond. Brouard encore : "Il est resté tranquille, il marche doucement, il conduit allongé dans la voiture, se marre l'actuel entraîneur de Bastia. Il ne se laisse pas emporter par le monde du foot parce qu'il est aussi très conscient de la difficulté de la vie, il est lucide. Quand il jouait à Niort, il allait jouer au tiercé au bar, tranquille. Il se laisse porter par les rencontres. C'est un vrai bon mec."
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