D'une année perdue à la postérité : Lyon va-t-il réaliser sa meilleure saison depuis 12 ans ?

Saïd Benrahma n'en croyait pas ses yeux. Arrivé à l'hiver pour redresser un Olympique Lyonnais alors lanterne rouge, le voilà dimanche soir entouré de milliers de supporters sur la pelouse du Groupama Stadium. Lyon vient alors de s'imposer contre Strasbourg au bout du multiplex de la 38e journée de Ligue 1. Lyon, pour la toute première fois de la saison, est sixième et assuré d'être qualifié en coupe d'Europe la saison prochaine. Et pour ajouter une couche à l'invraisemblable, l'international algérien, dans une vidéo devenue virale sur Twitter, tombe à la renverse, taclé par un supporter emporté par ses émotions et la pelouse un peu trop glissante pour ses baskets.

Le geste est maladroit, involontaire, mais voilà l'effet qu'à fait cette saison de l'OL à ses supporters. Eux qui sont, pourtant, habitués au podium a minima de Ligue 1, sont retombés en enfance le temps d'une soirée pour une sixième place qui les aurait certainement déçus une autre année. "Ce qu’on vit là, j’ai l’impression qu'on ne peut le vivre qu’une fois", s'est tout de même réjoui ensuite Benrahma, pas vexé, pour Free Ligue 1. "Je n'avais jamais vu le stade avec une ambiance aussi folle, a ajouté Maxence Caqueret dans L'Equipe. C'est une soirée inoubliable. Le bruit sur le penalty de Strasbourg sur le poteau a été incroyable."

Il faut même dire que le Groupama Stadium n'avait jamais connu cela. Enfin, le 'formidable outil' a vécu son moment de liesse collective, huit ans après son inauguration. L'enceinte aurait pu en avoir, pourtant, des raisons d'exploser de joie depuis 2016. Mais elle l'a fait pour une place européenne obtenue à l'arrachée, avec une finale de Coupe de France de moins en moins hors de portée en toile de fond. Et finalement, la saison qui semblait perdue, à cacher au fond du tiroir des échecs, peut devenir la meilleure de l'OL depuis douze ans.

Les chiffres ont été écrits et réécrits, mais ils étayent bien la théorie : sur la phase retour de Ligue 1, aucune équipe n'a fait mieux que cet OL de Pierre Sage (37 points, 12 victoires, 1 nul, 4 défaites). Fin décembre, le super calculateur statistiques d'Opta ne donnait que 0,2% de chances aux Gones d'arriver à la sixième place du championnat. "Oui, on a marqué l'histoire de l'OL", a ainsi pu s'emballer Corentin Tolisso.

Et même quand tous les calculs d'apothicaire et bilans financiers disparaitront naturellement des mémoires, érodés par l'effet du temps : que restera-t-il ? Les émotions virevoltantes des tribunes, d'abord. De la gueulante des Bad Gones fin décembre, terrorisés à l'idée de descendre en Ligue 2, à l'euphorie de retrouver la scène européenne, après deux ans cantonnés dans l'Hexagone. La joie, trop rare dans une vie de supporter, d'un envahissement de terrain festif, ensuite. Et surtout l'espoir, peut-être le plus impérissable des sentiments, quasiment palpable d'être titré en Coupe de France.

Que cette saison de l'Olympique Lyonnais est la plus inoubliable depuis un moment, c'est déjà quasiment acté. Alexandre Lacazette la place même : "top 3 facilement pour ne pas dire top 1" parmi les millésimes de sa carrière. La saison 2019-2020 et sa demi-finale de Ligue des champions, obtenue dans un triste final 8 sur terrain neutre, peut discuter mais est chargée différemment en émotions, beaucoup plus individuelles entre les confinements. Celle de 2016-2017, elle aussi achevée en demi-finale de Coupe d'Europe, de Ligue Europa cette fois, mais aussi sur une, à l'époque, décevante quatrième place en championnat, semble hors-compétition.

Ce dimanche soir, les Lyonnais auront donc l'opportunité de sceller la postérité de cette saison 2023-2024 en ramenant un premier trophée depuis 2012. "Une finale, c'est énorme. Rapporter un trophée à Lyon, ça n'a pas de prix" rêvait déjà Maxence Caqueret. "L'objectif dans ma carrière, quand j'ai commencé, c'était vraiment de gagner un titre avec mon club de cœur. C'est réellement une chose dont j'ai envie plus que tout au monde" ajoutait Corentin Tolisso. Quinze milles supporters lyonnais sont attendus au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq. Peut-être auront-ils le privilège immense de chavirer une seconde fois au bout de la nuit.