Delfim en accéléré

Après des mois de doutes et d'incertitude, le rythme s'est brusquement accéléré pour José Delfim. Bref rappel des faits : en août 2002, le Portugais ne le sait pas encore mais il dispute son dernier match sous les couleurs olympiennes avant presque trois ans de galère. A l'origine, une blessure au dos sans doute mal diagnostiquée par le staff médical du club qui laissera le joueur avec une mobilité très réduite et un avenir dans le foot plus que compromis.

Mais Delfim s'accroche. "J'ai tout donné pour revenir. Le foot, c'est ma passion et ma profession", raconte-il. "J'ai deux enfants, j'avais envie de leur montrer que leur père ne baissait pas la tête, qu'il faut toujours s'accrocher à la vie" . Et malgré quatre vis et une plaque pour fixer deux vertèbres, l'ex-joueur du Sporting, à force de courage, va finir par rechausser les crampons.

D'abord le temps d'un court intérim en avril dernier avec le club de Moreirense, puis en août avec Marseille, face à La Corogne en Coupe Intertoto. La défaite concédée par l'OM face aux Espagnols n'entame pas le bonheur du revenant. "C'était un moment magnifique. Car j'ai passé 26 mois sans pouvoir fournir d'effort, tout en souffrant physiquement. Mais je ne me suis pas précipité. Le bon Dieu était à mes côtés", avoue-t-il, ému, après le match.

Du coup, les soucis financiers avec Marseille, qui, à l'époque, ne le paye plus depuis juin 2003, s'effacent. "Le club a changé, je me sens bien et je ne pense qu'à jouer", tranche Delfim, à présent âgé de 28 ans. Depuis, ce milieu défensif, infatigable ratisseur de ballons, ne pense qu'à rattraper le temps perdu. Il a fait une bonne partie de son retard face à Bucarest mercredi en inscrivant son premier but phocéen d'une superbe frappe du gauche.

Le héros du jour se veut philosophe : "Avoir un moment comme celui là, c'est le reflet de tout ce que j'ai vécu, de la force pour revenir au haut niveau". Mais plus que sa joie personnelle, le Portugais retient le soutien de ses coéquipiers, tous fous de joie après son but. "Tout le monde a voulu partager cet instant avec moi, d'être à côté de moi et je pense aussi à eux. Ca m'a fait du bien car ils savent tout ce que j'ai vécu, ils sont solidaires et je ne l'oublierai jamais".

Un discours confirmé par l'ensemble des Marseillais, de Jean Fernandez ("le but de Delfim m'a fait plaisir, c'est un garçon qui travaille beaucoup et qui est passé par des galères" ) à Franck Ribéry ("il aurait pu arrêter le foot mais à chaque fois qu'il a joué cette saison, il a su répondre présent" ). Un hommage vibrant pour un homme vaillant...