Roussey sur des braises

Ilan n'en croit toujours pas ses oreilles. Du statut de réserviste, on lui demande aujourd'hui d'être le leader technique de l'AS Saint-Etienne. Les relations entre l'attaquant brésilien et son coach Laurent Roussey ont toujours été tumultueuses. Sa mise à l'écart la saison dernière a correspondu au renouveau des Verts. Et Roussey n'a jamais caché son désir de s'en séparer cet été. En février dernier, alors que les Verts tutoyaient les abysses de la Ligue 1, il avait fustigé le comportement de certains, les accusant de ne pas tout donner pour l'équipe. Ilan était directement visé.

Aujourd'hui, Roussey en fait le sauveur des Verts et l'érige donc en nouveau leader technique de l'ASSE. Ce qu'Ilan a bien du mal à comprendre : "C'est compliqué… Il y a encore quelques mois de ça, je ne jouais même pas. Et aujourd'hui, on me considère comme un leader technique ! C'est assez bizarre comme situation. Ce que dit le coach de moi à côté, ça ne me touche pas. Maintenant, si je peux fédérer le groupe, tant mieux. Mais je ne vais pas récupérer le ballon, centrer et marquer de la tête. Je vais essayer de faire ce que je peux, comme toujours. Si ça peut aider, tant mieux."

Si Roussey loue de nouveau les qualités du Brésilien, c'est avant tout par pragmatisme. Il se sait menacé : seules deux victoires face à Rosenborg et Rennes cette semaine lui permettront de sauver sa tête. Il sait aussi qu'il devra faire sans Loïc Perrin, Mouhamadou Dabo et Christophe Landrin, trois cadres, tous blessés. Il sait enfin qu'il lui sera difficile de faire confiance à quelques joueurs qu'il a promus titulaires (Viviani) ou qu'il a fait venir cet été (Matsui, Mirallas), faute de prestations convaincantes depuis le début de saison. Le coach des Verts doit donc aujourd'hui faire appel à ceux qu'il a renié hier. Ilan est directement concerné mais aussi Jérémy Janot ou encore Sébastien Grax, qui grappille quelques bouts de matchs après n'avoir goûté qu'au banc de touche. Le portier stéphanois et l'attaquant brésilien seront sans doute titulaires en Coupe d'Europe et en Ligue 1 dimanche. Deux bannis qui auront une partie du destin de Roussey entre les mains.

Un revirement de situation qui illustre l'impasse dans laquelle s'est engouffré le coach stéphanois qui touche sans doute aux limites de sa gestion de groupe. Il mesure également ses erreurs de casting au mercato qui l'obligent à revoir ses plans. Ilan et Janot, longtemps placardisés, Gomis plus que tancé par le co-président Roland Romeyer (qui lui reproche "d'avoir pris la grosse tête depuis son passage en équipe de France"), Saint-Etienne n'aborde pas ses deux rendez-vous cruciaux dans les meilleures conditions. Et Roussey pourrait bien être pris à son propre piège.