Tyrone règle la Mears

Du trou noir à la lumière. En quelques jours, Tyrone Mears est passé du statut d'inconnu à celui de buteur providentiel. Sans lui, l'OM n'aurait peut-être pas accédé aux quarts de finale de la Coupe de l'UEFA. Sorti de nulle part, son coup de tête rageur permet à Marseille de poursuivre son rêve européen et de donner un peu plus d'épaisseur à ses ambitions. Pourtant Mears est parti de loin. Très loin.

Avant le 12 février et le 16e de finale aller de la C3 face à Twente, il n'a pas encore endossé le maillot de l'OM. Dernière recrue du mercato estival, il débarque sur la Canebière douze ans après Chris Makin, arrivé à l'été 1996 et dernier Anglais à avoir porté le maillot du club. Comme son prédécesseur, débarqué tout droit de la modeste équipe de Oldham Athletic, le néo-Olympien opérait jusqu'ici dans un club de seconde zone, Derby County, pensionnaire, cette saison, de Division One.

Son pedigree ne plaide pas en sa faveur et Mears va vivre dans l'ombre de Laurent Bonnart en rongeant son frein en silence. "Il est prêt. Il attend ça depuis très longtemps. A l'entraînement il a toujours la même faim, l'envie d'être rigoureux, très sérieux. Il sera prêt pour ce match là je pense", prévient Benoît Cheyrou avant la rencontre face à Twente. Une défaite à domicile face aux Néerlandais et une prestation indigeste semblent alors sceller son sort.

Mais la blessure de Laurent Bonnart, out jusqu'à la fin de saison, le relance. Recruté comme recours, il devient dès lors la solution prioritaire. Eric Gerets déclarait en début de saison : "J'ai vu un match de son équipe la saison passée où ils avaient pris six buts et malgré cela, il avait fait un bon match". La rencontre face au PSG n'a pas dû rassurer le technicien belge. Comme paniqué, Mears n'évolue pas en pleine confiance. Ses interventions ne sont pas incisives, ses relances trop approximatives. Seul Olympien en difficulté au Parc, son début de match face à l'Ajax ne va pas apaiser les Marseillais. En grosse difficulté sur ses placements et dans ses remises, il cherche des repères et offre l'ouverture du score aux locaux en couvrant Enoh. Mais son but, symbole de sa vaillance, vient tout effacer.

A lui seul, il justifie le prêt de l'international jamaïcain. "Je ne suis pas le sauveur, c'était un but facile", tempère Mears. Ce dénouement pourrait malgré tout mettre en confiance un joueur qui paraît très fébrile. Lui dont le rôle en cette fin de saison sera crucial pour Marseille confronté à des échéances majuscules. José Anigo tient en tout cas sa revanche alors que le recrutement de Mears posait question jusque-là. "Ce que nous démontrons surtout sur cette semaine c'est qu'avec de la confiance, quand on laisse le temps aux gens de travailler, quand on est un peu plus indulgent avec les gens, ça paye", déclare ainsi le directeur sportif de l'OM sur le site officiel du club.

Avant d'ajouter en guise de plaidoyer : "Tout le monde connaît tout sur tout sur cette terre mais c'est comme un enfant quand on le met dans une école et quand il est en phase d'apprentissage. Si on est toujours à le brimer ou à lui montrer qu'il ne sait pas, il n'avance pas. Le football, c'est la même chose.Il y a des garçons qui ont un potentiel et ils ne sont pas idiots. Alors Tyrone c'est bien pour lui, cela lui donne de la confiance et j'espère qu'il va pouvoir le confirmer un peu plus loin dans le championnat". La fin de championnat de l'OM pourrait en dépendre.